Les forfaits aussi abjects que crapuleux perpétrés par une horde de marionnettes dont les ficelles ont été tirées à la guise de sbires sans scrupule, ont fait des victimes. Des personnes innocentes, de tout âge et de toutes les catégories sociales, ont succombé aux explosions du méfait intégriste pour que l’on ait le sentiment d’être poignardé dans le dos.
Parmi les victimes du 16 mai, il y avait un sportif, le regretté Abdellatif Beggar, qui lors de ce soir macabre, se trouvait avec ses amis à la Casa d’España, fêtant l’hymne de la vie, rêvant d’un lendemain meilleur pour ses enfants qu’il devait retrouver en fin de soirée. Sauf que des désœuvrés, sans foi ni loi en ont décidé autrement, ôtant la vie à feu Beggar, un pur Casablancais qui a rendu des services immenses à son club de toujours, le Raja, et au football national en général.
Beggar avait fait des générations d’heureux parmi les passionnés du football. Ce sport réputé viril, mais qui doit toute sa popularité et son pouvoir de séduction et de subjugation aux footballeurs artistes, denrée rare et dont Abdellatif faisait partie. Il n’était pas que le joueur de football patenté, tenté par le ballon rond dès son jeune âge pour ne plus s’en séparer jusqu’au dernier souffle. Il a également valu par ses qualités d’homme, constamment à l’écoute de l’autre, sensible à ses malheurs et problèmes.
En tant que technicien, il ne pouvait intégrer le cercle des entraîneurs théoriciens, se contentant de parole et de tableau pour faire passer son message tactique. Loin de là. Pour lui, le geste quand il l’exigeait, il le démontrait. Un coach-joueur qui a gardé de beaux restes, formant un grand nombre de joueurs ayant acquis une célébrité notoire après avoir tiré profit de ses conseils précieux.
Son bonheur immense, il l’a trouvé au Raja, même quand l’argent ne coulait pas à flots. A Casablanca aussi, cette ville qu’il ne s’est jamais résigné à quitter.
Les petites virées du côté de Tétouan ou en dehors du Royaume en Arabie Saoudite n’ont été que de courte durée. Cette ville à laquelle des fous furieux, des bornés téléguidés se sont attaqués pour la toucher dans ce qu’elle a de plus cher: ses enfants et ses symboles, tel le regretté Abdellatif Beggar.