"Tayeb une vie, un théâtre"
En effet, on peut parler du théâtre marocain sans s'arrêter longuement sur la carrière de Saddiki qui a marqué la scène théâtrale, surtout pendant les années 70 et 80. Tayeb est, de l'avis de tous, une école et une icône; une adresse incontournable du patrimoine culturel marocain. "Le fait d'écouter Tayeb Saddiki raconter sa vie est une belle flânerie sans fin dans le temps et l'espace de l'expérience théâtrale au Maroc, où le rêve est roi et où la méditation est maîtresse des lieux", indique encore Hassan Habibi".
Et pour placer les choses dans leur contexte, l'auteur n'omet pas de rappeler qu’"historiquement, le théâtre marocain est un théâtre de cause. Il est né principalement de la résistance nationale comme forme d'attachement intime avec le public; il est né pour une vision sociale et existentielle ; ce que nous voyons malheureusement aujourd'hui en particulier avec l'émergence de la politique dite de soutien, fait que l'affaire s'est tournée vers une vision pragmatique basée sur l'offre et la demande, où la marchandisation de l'action culturelle et les valeurs symboliques sont en vente. "Donc, nous sommes devant un théâtre marocain comme nous l'avons connu à l'époque du théâtre amateur, c’est-à-dire un théâtre digne et engagé, mais plutôt devant un théâtre qui est bradé et exporté à travers les annonces commerciales. Il se transforme des fois en un haut-parleur dans les campagnes électorales et fait tourner bien des auteurs en clowns sans aspect dont les visages sont à louer", confirme-t-il."Il n'est pas facile, reconnaît l'auteur, de retracer la vie professionnelle ou personnelle de quelqu'un. Avec Saddiki, j'ai essayé de faire surgir des rêves comme un agissement de mise en histoire, comme un premier traitement narratif de l'âme et de l'esprit, un moment de revivre les mêmes émois, comme si on reprenait un rêve là où on l'a abandonné la nuit précédente".
L'exercice n'est certes pas facile surtout lorsqu'il s'agit d'un personnage aussi prolifique que Tayeb Saddiki. Et quel que soit l'effort déployé par l'auteur, il ne peut tout relater et tout dire, car le personnage est dépositaire d'un patrimoine trop chargé, tellement lourd qu'il devient très difficile de le rendre accessible à moins de lui consacrer de nombreuses séances d’enregistrement comme cela se fait avec ceux qui façonnent en quelque sorte le devenir du monde.