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Son histoire est peu connue au Maroc. Appartenant à un milieu lettré et de la moyenne bourgeoisie, Younès Tsouli a fait ses études au lycée Descartes, à Rabat. Il y laisse le souvenir d’un élève très moyen. En 2001, le bac en poche, il s’envole ensuite pour Londres où réside son père, ancien délégué de l’Office national marocain du tourisme en Grande-Bretagne pour suivre vaguement des cours d’informatique au Westminster College of Computing. Très vite, il bascule. En 2003 il devient sur la Toile «irhabi007» et passe son temps sur deux forums dédiés au jihad, spécialisés dans la cybercriminalité ou fournissant des informations détaillées sur l’utilisation de composants chimiques à vocation agricole pour fabriquer des bombes.
Traqué sur Internet pendant 18 mois
Au moment de son arrestation à Londres, Youssef Tsouli est traqué sur Internet depuis 18 mois par les services secrets de plusieurs pays. Ils savent que le jeune homme a contribué à faire du Net la nouvelle arme du jihad. « Ils ont également conscience qu’il est parvenu à accroître la visibilité d’Al-Qaïda sur la Toile. Il a été pendant près de deux ans l’un des principaux vecteurs de communication de la propagande des groupes affiliés à l’organisation terroriste agissant en Irak. Et, par conséquent, qu’il a contribué à diffuser à l’échelle mondiale l’idéologie d’Al-Qaïda ainsi qu’à en faciliter indirectement les recrutements. Tout aussi grave, en procédant à l’analyse du disque dur de l’ordinateur de Younès Tsouli, la police londonienne y découvre des photos de plusieurs sites sensibles à Washington, les images d’un engin militaire sophistiqué permettant de se prémunir contre les attaques nucléaires, chimiques ou bactériologiques ainsi que des vidéos d’exécutions d’otages occidentaux, dont celle du journaliste américain Daniel Pearl », écrit en juillet 2007 le site d’information Bladi.net
Et c’est ce cyber-jihadiste que les autorités britanniques ont extradé par vol spécial mercredi 20 mai, après 9 ans d’emprisonnement. Younès Tsouli s’est rendu dans l’appartement parental. Il devait être entendu jeudi 21 mai par la justice marocaine.
Le siège du toit de l’immeuble où résident ses parents va durer pendant de très longues heures. Deux camions des sapeurs-pompiers bloquent la petite rue, théâtre de l’événement. Les forces de sécurité ont investi le périmètre.
«Dis papa, c’est comme
ça un terroriste ?»
Plusieurs dizaines de badauds ont afflué sur les trottoirs en face de l’immeuble. Sur le toit, au quatrième étage, Younès Tsouli, armé de deux grands couteaux, menace de se jeter. Il refuse de se rendre aux forces de sécurité, n’hésite pas à brandir ses armes blanches. Il apparaît du haut du toit, longue barbe noire, béret sur la tête et couteau à la main. «Cela dure depuis ce matin. Il a fait sa prière. Puis il a investi le toit de l’immeuble et a menacé tout le monde. Il a dit qu’il n’hésiterait pas à sauter du toit si on tente de l’arrêter», confie un jeune de ce quartier résidentiel. L’homme est visiblement dangereux et prêt à en découdre. Et c’est précisément cette dangerosité qui a fait réagir Mohamed Hassad, le ministre de l’Intérieur, à prendre contact avec son homologue britannique pour lui faire part du mécontentement des autorités marocaines. «L’extrême dangerosité de cet individu n’avait pas été signalée par les autorités britanniques qui ont tenu à ce que cet individu reste en liberté, mettant ainsi en danger la vie des personnes», indiquait jeudi soir un communiqué du ministère de l’Intérieur». Question: comment les autorités britanniques peuvent-elles décider en lieu et place d’un pays souverain?
Dès 22 heures, les forces de sécurité investissent les immeubles voisins. Dans la foule des enfants sont là, malgré l’heure tardive. "Dis papa, c'est comme ça un terroriste?" demande à son père un garçon d’une dizaine d’années.
Sur le toit, on voit de loin une torche s 'allumer de temps à autre. Younès Tsouli se prépare à passer une longue nuit de siège. Ses projets tombent à l’eau. A 23 heures, ce jeudi 21 mai, les forces de l’ordre donnent l’assaut. L’opération dure une vingtaine de minutes. Il n’y a pas de victimes. Younes Tsouli, le regard comme hébété, est arrêté.