A Beyrouth, l'afflux de déplacés ravive les tensions communautaires


Libé
Mercredi 9 Octobre 2024

Dans le centre de Beyrouth, qui tremble au fracas des bombardements israéliens sur sa banlieue sud, l'afflux des déplacés venus des bastions du Hezbollah provoque tensions et panique, réveillant le démon des tensions communautaires.

Après avoir accueilli dans son appartement à Beyrouth une famille fuyant la banlieue sud, fief du mouvement chiite, Christina a dû leur demander de partir: ses voisins craignaient qu'ils n'appartiennent au Hezbollah traqué par Israël.

"Nos voisins ont paniqué, ils ont commencé à poser des questions", raconte cette femme de 30 ans qui refuse de donner son nom de famille.
"Il y a des tensions et des suspicions croissantes à l'égard des déplacés parce qu'ils appartiennent à la même communauté (chiite, ndlr) que le Hezbollah", explique-t-elle.

Si cette formation, la seule à ne pas avoir déposé les armes après la guerre civile (1975-1990), jouit d'un immense soutien au sein de sa communauté et d'une considérable influence sur la gouvernance du pays, beaucoup de Libanais lui reprochent d'avoir entraîné le pays dans une guerre avec Israël.

Le conflit engagé il y a un an avec l'ouverture par le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, d'un front contre Israël, a tourné depuis le 23 septembre à la guerre ouverte, l'armée israélienne pilonnant les fiefs du mouvement pro-iranien dans le sud et l'est du Liban, et dans la banlieue sud de la capitale.
Les bombardements ont tué plus de 1.110 personnes selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels, et déplacé plus d'un million de personnes.

Des dizaines de milliers d'entre elles ont afflué dans la capitale, s'entassant dans les écoles ou dormant même dans la rue.
En quinze jours, le visage de Beyrouth, devenue surpeuplée, s'est transformé, avec un trafic plus embouteillé que jamais et des déchets débordant.

Souheir, une femme au foyer de 58 ans, raconte la peur qui a saisi son voisinage après l'arrivée d'une famille très religieuse dans l'immeuble.
Les femmes étaient voilées de noir de la tête aux pieds. Mais la famille n'a aucune affiliation politique, affirme-t-elle, "ils sont seulement religieux".

"Nous voyons de plus en plus de femmes en tchador, de barbus et de jeunes habillés en noir, nous n'y sommes pas habitués" dans le centre de Beyrouth, ajoute-t-elle.
"Les gens se regardent avec méfiance dans la rue", poursuit-elle, reconnaissant être elle même gagnée par la paranoïa ambiante.


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