​Nouveaux heurts entre manifestants et forces de l'ordre à Tripoli


Libé
Lundi 1 Février 2021

Des heurts ont éclaté dimanche soir dansla ville libanaise de Tripoli entre les forces de l'ordre et des manifestants, a constaté une correspondante de l'AFP, après plusieursjours de violents affrontements et de rassemblements dénonçant les répercussions économique d'un confinement strict. Le calme était revenu au début du week-end dans la grande métropole du nord, une des villes les plus pauvres du Liban, après des échauffourées quotidiennes qui ont fait un mort et plus de 400 blessés. Mais dimanche soir, des policiers juchés sur les toits du Sérail dans le centre de Tripoli ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser de jeunes manifestants caillassant ce bâtiment administratif qui abrite le siège du gouvernorat du Nord et un tribunal, selon une journaliste de l'AFP. L'armée, déployée en fin de semaine après les troubles, a également tiré des gaz lacrymogènes, a-t-elle précisé. Dix blessés ont été soignéssur place, notamment après avoir souffert de difficultés respiratoires, a indiqué à l'AFP George Kettané, secrétaire général de Croix-Rouge libanaise. Dans l'après-midi, ils étaient quelques centaines de manifestants rassemblés sur l'emblématique place al-Nour, épicentre de la contestation, après des appels sur lesréseaux sociaux invitant les Libanais de toutes les régions à venir à Tripoli en signe de solidarité. Les manifestations, qui ont débuté le 25 janvier dénoncent les répercussions économiques d'un confinement imposé jusqu'au 8 février par les autorités pour endiguer une propagation exponentielle du coronavirus. Les pouvoirs publics sont accusés de ne pas épauler les plus défavorisés, alors que depuis plus d'un an maintenant le pays est englué dans sa pire crise économique depuis des décennies, avec une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques. Ces derniers jours toutefois, certains politiciens et des médias n'ont pas manqué de s'interroger sur le caractère spontané ou non de cette mobilisation, dans un pays habitué aux tiraillements et querelles entre grands partis dominant l'échiquier politique. A l'automne 2019 la détérioration des conditions économiques avait été un des déclencheurs d'un soulèvement populaire inédit, dénonçant l'intégralité d'une classe politique inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d'incompétence. Aujourd'hui plus de la moitié de la population se retrouve sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU, et la part vivant dans l'extrême pauvreté a explosé, passant de 8% à 23%.


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