Youssef Aidi, président du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers


Libé
Jeudi 14 Octobre 2021

Nous nous attendions à des mesures effectives pour la réduction des disparités pluridimensionnelles, tant économiques et sociales qu ’ entre les régions et entre les villes et les campagnes ou en matière de genre (…) mais nous n ’ en avons trouvé aucune trace dans votre programme

Youssef Aidi, président du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers
« Je voudrais, de prime abord, confirmer notre position qui consiste à nous ranger dans l’opposition nationale dont l’expérience de notre parti date de plusieurs décennies, une opposition responsable, consciente des enjeux conjoncturels, alerte et vigilante quant à la défense des intérêts et aspirations du peuple marocain et virulente  dans sa lutte contre toutes les politiques portant atteinte à ses espérances et ses ambitions….

C’est par cette résolution politique pragmatique qu’a ouvert son intervention le président du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers, Youssef Aidi, à l’occasion du débat parlementaire autour du programme gouvernemental, mercredi 13 octobre 2021.

Le conseiller qui est, par ailleurs, parlementaire représentant la Fédération démocratique du travail (FDT), a indiqué que c’est là un choix patriotique clair quant à ses perspectives qui fait suite à l’émergence d’un courant dominatoire visant à dénuer la démocratie représentative et la démocratie participative de leurs profondeurs, et canalisé par une majorité numérique manquant de fondement politique ou sociétal réel mais également, plus grave encore, la normalisation des prises de position ambiguës et des alliances contre-nature qui placent comme ambitions extrêmes à leurs horizons  l’intérêt catégoriel ou partisan.

Youssef Aidi, abordant ensuite la déclaration de politique générale du gouvernement, a souligné l’absence de transitions entre les points de départ et les résultats ciblés, et s’est demandé si le taux de croissance estimé à 4%, préconisé par le chef du gouvernement et qui est en deçà de celui optimiste annoncé dans le discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de l’ouverture du Parlement est compatible avec la promesse de créer un million de postes de travail.

L’intervenant a développé à propos de ce même sujet, qui revêt une importance capitale, que le programme gouvernemental, en évoquant les chantiers et initiatives d’emploi que le chef du gouvernement s’est engagé à lancer en l’absence de tout diagnostic objectif de la situation de notre pays, se révèle manquant de précisions quant aux sources de leur financement, sachant que l’endettement extérieur épuise 60% du PNB et au calendrier et processus d’action, conditions pouvant en faire un programme effectivement applicable.
Aussi, a-t-il rappelé, «la confiance des Marocains ne peut être regagnée en matière de politique, par le biais de promesses électoralistes mais plutôt par la réalisation de ces promesses».

Le président du Groupe parlementaire socialiste a relevé en outre l’absence de toute allusion dans ledit programme de secteurs déterminants et vitaux tels le secteur de la pêche maritime, celui des banques dont l’importance constitue la locomotive de l’économie et de l’investissement, le secteur des mines avec ses grandes ressources dont notamment le phosphate et le secteur de la justice qui est toujours en quête d’une voie vers la coopération et l’équilibre des pouvoirs, après l’instauration de l’indépendance du pouvoir judiciaire avec tout ce que cela nécessite comme soutien, accompagnement et ressources financières et humaines à même de réaliser la réforme institutionnelle tant attendue.

Là-dessus, le responsable usfpéiste, représentant de la FDT, dénonce l’absence d’allusion dans la déclaration gouvernementale au soutien supposé être prodigué aux couches sociales en situation de vulnérabilité, dont particulièrement les jeunes  mais aussi les femmes au sujet desquelles le programme se contente seulement de la volonté d’augmenter le niveau de leurs activités pour atteindre la proportion de 30%, délaissant ainsi l’essentiel, à savoir la consolidation des mécanismes de lutte contre les violences subies par les femmes et l’instauration d’institutions de soutien psychologique et d’assistance sociale en la matière de même que le renforcement de la participation politique féminine.

A ce propos, Youssef Aidi ne manque pas d’exprimer la fierté des militants de l’Union socialiste des forces populaires du fait que le gouvernement de feu Abderrahmane El Youssoufi figure dans l’histoire du Maroc comme l’unique gouvernement à avoir présenté un plan d’action national global relatif à la femme marocaine.

« Vous avez avancé, monsieur le chef du gouvernement, que votre programme présente des réponses réalistes et ambitieuses pour sortir de la crise. Mais de quelle crise vous parlez, votre parti ayant pris part à tous les gouvernements depuis sa création ? », a-t-il interpellé avant de développer ce constat en affirmant que toutes les propositions contenues dans le programme du gouvernement qui seraient dédiées  à renforcer les fondements de l’Etat social demeurent bien en deçà de l’ambition exprimée par Sa Majesté le Roi visant à faire face à toute sorte d’exclusion des couches pauvres et vulnérables et des régions les plus nécessiteuses.

Il soutient, en outre, que ce même programme ne fournit pas de réponses satisfaisantes et réalistes à même de réduire les manifestations du déficit au niveau des disparités territoriales et sociales aussi bien en matière d’indice du revenu que concernant les paramètres d’accès aux services publics et de satisfaction des exigences de bien-être et de dignité.

«Nous nous attendions à des mesures effectives pour la réduction des disparités pluridimensionnelles, a-t-il martelé, tant économiques et sociales qu’entre les régions et entre les villes et les campagnes ou en matière de genre (…) mais nous n’en avons retrouvé aucune trace dans votre programme ».

A cet effet, le président du Groupe socialiste s’est dit déçu quant à l’espoir de voir établir un programme rigoureux à même d’ancrer un système de protection sociale plus efficient et plus équitable en mesure de faire face aux aléas climatiques et aux risques sociaux.

Il a rappelé, par ailleurs, que le Maroc a volontairement adhéré à de nombreuses conventions internationales et à la volonté politique exprimée par le plus haut sommet de l’Etat, outre les principes généraux contenus dans la Constitution qui constituent les fondements des instances de la bonne gouvernance. De ce fait, notre pays, estime-t-il, est tenu de mettre à profit les opportunités conjoncturelles et tous les facteurs d’incitation à l’intégration de l’ensemble des couches sociales dans le processus de création et de distribution de la fortune (…) A cet égard, il est nécessaire, a-t-il souligné,  de réaliser le chantier de la protection sociale pour tous conformément aux principes de justice, d’équité et d’égalité des chances et de mettre un terme à toutes les formes de vulnérabilité et d’exclusion sociale.

D’autre part, Youssef Aïdi reproche au chef du gouvernement d’avoir ignoré dans sa déclaration le dialogue social aussi bien au sujet de son institutionnalisation que son agenda d’exercice. Il a rappelé, à ce propos, que les pays développés considèrent que le dialogue social est non seulement un moyen de soutien des droits fondamentaux relatifs au travail mais aussi un instrument pour la consolidation du développement économique et social. « J’espère que vous rattraperez cette lacune en annonçant votre disposition à ouvrir la voie du dialogue aux côtés des partenaires économiques et sociaux, a-t-il conclu dans ce volet.

L’intervenant a souligné, d’autre part, que la confiance du citoyen quant à l’action politique et la préservation des acquis de l’Etat de droit nécessite d’œuvrer par tous les moyens à éradiquer les foyers de la corruption, et à l’assainissement de l’économie nationale de toutes les tares de la rente, du monopole, des privilèges, de dilapidation des biens publics, des détournements financiers, entre autres.

Après ce premier pas, a-t-il encore indiqué, s’imposent le renforcement des capacités compétitives de l’économie nationale et l’augmentation de sa productivité.

Reprenant le chapitre de l’incitation de l’économie nationale en vue de l’emploi optimal, le conseiller, représentant de la FDT, met l’accent sur la nécessité d’éviter l’ambiguïté qui justifie la recrudescence de l’emploi indécent et la production de davantage de vulnérabilité dans le marché de l’emploi. Dans ce cadre, il a soulevé que le programme ne fait aucune référence « aux centaines de milliers de travailleurs, de salariés et d’employés » qui ne sont pas déclarés à la CNSS et ne bénéficient d’aucun système de protection sociale (…).

Il a noté également que le programme en question n’évoque aucunement les mesures nécessaires pour l’intégration du secteur informel dans le tissu économique organisé avec tout ce que cela comporte comme avantages collectifs et individuels et perspectives prometteuses pour l’économie nationale.

D’autre part, l’intervenant a souligné que le chef du gouvernement a vaguement évoqué « le suivi du gouvernement du processus de réforme fiscale » alors que l’on s’attendait  à l’annonce de l’instauration d’une réforme fiscale globale qui réduise la pression fiscale sur les contribuables, garantisse une distribution équitable des charges des impôts et soit conforme aux standards internationaux et aux expériences pilotes en matière de politiques et de gouvernance fiscales.

Et de conclure que le contexte national général aurait pu favoriser de précieuses opportunités à même d’actionner une forte dynamique et une mutation qualitative vers de nouveaux horizons de l’Etat des droits et des libertés (…) mais sont survenus un volte-face et un changement imprévus dans ce processus… « Nous espérons que nous ne perdrons pas davantage d’opportunités en imposant la domination sur la décision publique et en ancrant la culture de la marginalisation et de l’exclusion… », a-t-il ajouté avant d’affirmer solennellement que l’USFP, s’agissant de la construction, demeure toujours disposée avec abnégation et détermination, fidèle aux préoccupations de la nation et aux intérêts des citoyens mais pour faire face  à la domination et l’incursion, nous défendrons fermement et avec virulence la philosophie sur laquelle a été fondée la Constitution du 29 juillet 2011 mais aussi la concrétisation effective de ses dispositions… ».

Rachid Meftah


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