Khaoula Lachguar : Il faut relever les défis liés à la rente, au monopole, à la spéculation, à la corruption, à la lenteur administrative, aux insuffisances du financement

Il faut saisir l'opportunité d’organiser la Coupe du monde 2030 conjointement avec l’Espagne et le Portugal pour favoriser une véritable croissance économique


Mourad Tabet
Mardi 25 Mars 2025

Le Maroc doit relever le défi du développement économique et réussir la transition d'une économie émergente vers une économie de taille intermédiaire, en surmontant un certain nombre de contraintes internes et externes qui entravent son progrès et limitent ses opportunités de décollage et de croissance. C’est en ces termes que s’est exprimée Khaoula Lachguar, membre du Bureau politique de l’USFP et coordinatrice de sa commission des relations extérieures, lors d’une conférence ramadanesque organisée par le secrétariat provincial du parti à Salé.

Khaoula Lachguar a déclaré que le Maroc occupe une position économique avancée et distinguée sur le continent, se classant au sixième rang en termes de PIB. De plus, et contrairement à de nombreux pays puissants, son économie ne repose pas sur l’exploitation de ressources naturelles comme le pétrole. Au contraire, le Maroc a misé sur le développement des compétences de ses citoyens, favorisant l’innovation et la production.

Dans ce contexte, qui aurait pu imaginer que le Maroc deviendrait le leader de l’industrie automobile en Afrique, devançant des concurrents de taille comme l’Afrique du Sud et l’Egypte? s’est-elle interrogée lors de cette conférence tenue au siège de l’USFP à Salé et modérée par le secrétaire provincial, Said Bellout.

Elle a relevé la détérioration de plusieurs indicateurs économiques nationaux, notamment le taux d'activité qui atteint 45%, le taux de chômage qui dépasse 12%, ainsi que la faiblesse de l'investissement intérieur, tout en précisant que les causes structurelles des difficultés de l'économie nationale restent encore à identifier et que les efforts actuellement déployés ne produisent pas les effets escomptés.

Parmi les principaux défis entravant le progrès économique, Khaoula Lachguar, experte en développement économique et social, a cité le manque d'esprit entrepreneurial, les problèmes liés à la recherche de rente et aux situations de monopole, ainsi que les dysfonctionnements au niveau de l'administration et la corruption, tout en rappelant les recommandations de l’USFP contenues dans son mémorandum sur le projet de nouveau modèle de développement, dans lequel le parti explicite sa vision à même de surmonter l’essoufflement qui affecte le modèle de développement existant.

Elle a également mentionné un facteur fondamental freinant le développement économique, à savoir le financement limité et la rigidité du système bancaire marocain, qui adopte une approche conservatrice en matière de crédit. Ce système privilégie les salariés, les grandes entreprises et les institutions publiques, excluant en grande partie les petites et moyennes entreprises (PME). Pourtant, ces dernières constituent 80% du tissu économique et jouent un rôle essentiel dans la dynamique de croissance et de création d'emplois.

S’agissant du climat des affaires, la membre du Bureau politique a affirmé qu’il est souvent mis en avant, tout comme l’amélioration du classement du pays dans ce domaine. Toutefois, son impact demeure très limité, puisque la part des investissements privés ne dépasse pas 30%, contre 70% pour les investissements publics.

A cet égard, elle a mis l’accent sur la nécessité d’inverser cette tendance, mettant en avant la volonté manifeste d’équilibrer la répartition des investissements entre les secteurs public et privé. Selon elle, l’amélioration du climat des affaires doit avant tout bénéficier aux investisseurs marocains afin de stimuler davantage l’initiative privée et la croissance économique.

Par ailleurs, l'experte en questions économiques et sociales a souligné la nécessité de combler le fossé entre l’investissement et l’emploi, en prenant en compte le déséquilibre entre les villes et les régions, ainsi que son impact sur le développement économique et social. A cet égard, elle a appelé à restaurer la confiance dans les élus en leur fournissant toutes les conditions organisationnelles, administratives, financières et de gestion nécessaires afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans le développement du pays.

Khaoula Lachguar a appelé à saisir l'opportunité d’organiser la Coupe du monde 2030 conjointement avec l’Espagne et le Portugal pour favoriser une véritable croissance économique. Selon elle, cette opportunité nécessite une mise à niveau dans plusieurs domaines clés, à savoir les infrastructures, les réseaux autoroutiers et ferroviaires, les transports, le secteur de la santé, mais aussi l'aspect sécuritaire, la capacité d'accueil, les hôtels, ainsi que des conditions liées à l'accueil telles que les services, les langues et les ressources humaines.

Elle a insisté sur le fait que les efforts de toutes les composantes et représentants du peuple marocain doivent être unis : le gouvernement, les organismes publics, les régions, les collectivités locales, les élus et la société civile, afin de transformer cette opportunité en succès historique. Pour y parvenir, elle a rappelé l'importance d'une planification rigoureuse, d'une gestion efficace et d'une transparence totale pour réaliser un saut qualitatif et positionner le pays parmi les nations à revenu intermédiaire.

Concernant le changement climatique, Khaoula Lachguar a indiqué que la sécheresse n’est pas un phénomène nouveau au Maroc, mais plutôt structurel. En effet, le pays a connu sept années consécutives de sécheresse et de faibles précipitations, ce qui a entraîné la détérioration des ressources en eau, une augmentation de la demande en eau et un épuisement des nappes phréatiques en raison de leur surexploitation. Cela a nécessité un certain nombre de mesures urgentes, telles que la liaison des bassins hydrographiques pour remédier au déficit hydrique de certains bassins, le recours au dessalement de l’eau de mer par le biais d’usines de dessalement, ainsi que la rationalisation des ressources en eau, étant donné que plus de 80% de l’eau est utilisée dans les secteurs agricole, industriel, touristique et pour l’eau potable.

Khaoula Lachguar a précisé qu'économiquement, le Maroc est un petit marché de 48 millions de personnes, incapable de répondre aux besoins des investisseurs. Il serait toutefois préférable que le Maroc offre un marché alternatif de plus de 400 millions de personnes grâce à l’intégration économique africaine dans un certain nombre de secteurs, tels que l’automobile et l’agroalimentaire.

D’autre part, la membre du Bureau politique a noté que le Maroc reste en retard en termes de numérisation et de technologie moderne, par rapport au Kenya et à l’Afrique du Sud.
Bien que le Maroc soit devenu la première destination touristique avec 17 millions de visiteurs, contre 15 millions en Egypte, les touristes dépensent au Maroc moins qu’en Egypte. Cela soulève des questions sur la politique touristique, qui n'a pas privilégié le développement du contenu, le progrès et la diversité culturelle.

Sur le plan énergétique, elle a rappelé le déficit du Maroc dans ce secteur, mais a ajouté que des investissements majeurs dans les projets d'hydrogène vert et d'énergies renouvelables ont été réalisés. Ces projets permettent au pays de se positionner dans les domaines de la recherche, de l'innovation, du développement et de la transition énergétique.

Mourad Tabet


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