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En quatre ans, le vice-président nigérian Yemi Osinbajo a fait du chemin politique. Au départ cantonné à un rôle cérémonial, cet inconnu du grand public est devenu un leader populaire particulièrement apprécié de la jeunesse nigériane.
Cette montée en puissance, dans l'ombre discrète du président Muhammadu Buhari, plus âgé et plus autoritaire, s'est exprimée au grand jour lors d'une récente émission télévisée à laquelle il participait avec son "patron".
C'est Osinbajo, et non le chef d'Etat, qui répondait à la plupart des questions des journalistes avec assurance.
A 76 ans, l'ancien général Buhari, un musulman pieux issu du Nord, veut incarner la droiture. Il parle peu et ses détracteurs l'accusent d'être trop vieux et trop malade pour assurer un nouveau mandat à la tête du géant ouest-africain.
Osinbajo, 61 ans, est au contraire d'une personnalité affable et plutôt joviale. Originaire du pays Yoruba (sud-ouest du Nigeria), il fut à la fois avocat et pasteur évangélique, après des études à l'université de Lagos et à la prestigieuse London School of Economics.
Surtout, Buhari a trouvé en lui un allié fidèle. "La raison pour laquelle vous avez quelqu'un comme ça (comme président), c'est l'intégrité", a-t-il affirmé après l'émission. "Il (Buhari) n'est pas un orateur. L'éloquence, c'est mon boulot. Je suis avocat".
Bien qu'Osinbajo n'ait pas fait carrière en politique, il a évolué très tôt dans un milieu de décideurs et possède un réseau important: sa femme et la mère de ses trois enfants n'est autre que la petite-fille du père de l'indépendance nigériane, Obafemi Awolowo.
Ministre local de la Justice pour l'Etat de Lagos, il rejoint le principal parti d'opposition (All Progressive Congress) en 2013, dès sa création. L'APC remportera la première alternance politique de l'histoire du Nigeria deux ans plus tard, projetant M. Buhari au pouvoir et plaçant l'inconnu Osinbajo sur la seconde marche du podium.
Petit, portant souvent un costume d'hommes d'affaires et un chapeau yoruba traditionnel, Yemi Osinbajo a eu l'occasion de revêtir l'habit de chef d'Etat en exercice pendant les séjours répétés de Buhari à Londres pour des raisons médicales.
Pendant que le président était affaibli par la maladie, son second était sur tous les fronts et tous les écrans de télévision.
Dans la région pétrolière et stratégique du Delta, lorsque Buhari parlait de "terroristes économiques" pour désigner les groupes armés décidés à mettre "le pays entier à genoux", Osinbajo, lui, parlait développement social.
Quand le président demandait aux 190 millions de Nigérians d'être patients et d'affronter la récession économique avec patriotisme, Osinbajo leur promettait qu'il comprenait leur souffrance et ferait tout pour y remédier.
Les insuffisances de Buhari en matière économique avaient été pointées du doigt bien avant son élection en 2015. Mais dans un contexte où le Nigeria était encore la première économie d'Afrique, qui aurait pu penser que cela deviendrait un handicap majeur pour sa présidence ?
Pourtant, quelques mois après son arrivée au pouvoir, le prix du baril de pétrole s'effondre, entraînant avec lui le pays dans "la pire crise économique de son histoire", selon les mots du chef de l'Etat.
La situation aura donné encore une fois l'occasion au vice-président de marquer sa différence, profitant des absences de Buhari pour mettre en place quelques réformes attendues.
En février 2017, le Nigeria pouvait enfin respirer - ou du moins espérer que les choses s'améliorent - lorsque la Banque Centrale (CBN) a débloqué les restrictions sur les taux de change face au dollar voulues par le président.
Osinbajo a également décidé d'assouplir la politique d'obtention des visas de travail: des mesures certes minimes, mais qui permettent de rassurer - un peu - les investisseurs.
Craignant qu'il finisse par faire de l'ombre au chef de l'Etat, les proches de Buhari n'ont cessé de répéter qu'Osinbajo ne faisait que suivre les directives qui lui étaient communiquées.
Discret et travailleur, le nez continuellement rivé sur son iPad, le vice-président ne les a pas contredits.
Travaillant sous les ordres de son mentor, Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos et l'un des hommes politiques les plus influents du pays, Osinbajo a compris depuis son entrée en politique qu'il ne servait à rien de gêner les plus puissants.
Mais chacun sait que le vice-président, très populaire au sein de la jeunesse, est un atout décisif pour faire réélire Buhari. Dans les quartiers populaires de Lagos, tentaculaire mégalopole de 20 millions d'habitants dans le Sud-Ouest où il est né, c'est son nom - et non celui de son "boss" -, qui revient sur toutes les lèvres.
Cette montée en puissance, dans l'ombre discrète du président Muhammadu Buhari, plus âgé et plus autoritaire, s'est exprimée au grand jour lors d'une récente émission télévisée à laquelle il participait avec son "patron".
C'est Osinbajo, et non le chef d'Etat, qui répondait à la plupart des questions des journalistes avec assurance.
A 76 ans, l'ancien général Buhari, un musulman pieux issu du Nord, veut incarner la droiture. Il parle peu et ses détracteurs l'accusent d'être trop vieux et trop malade pour assurer un nouveau mandat à la tête du géant ouest-africain.
Osinbajo, 61 ans, est au contraire d'une personnalité affable et plutôt joviale. Originaire du pays Yoruba (sud-ouest du Nigeria), il fut à la fois avocat et pasteur évangélique, après des études à l'université de Lagos et à la prestigieuse London School of Economics.
Surtout, Buhari a trouvé en lui un allié fidèle. "La raison pour laquelle vous avez quelqu'un comme ça (comme président), c'est l'intégrité", a-t-il affirmé après l'émission. "Il (Buhari) n'est pas un orateur. L'éloquence, c'est mon boulot. Je suis avocat".
Bien qu'Osinbajo n'ait pas fait carrière en politique, il a évolué très tôt dans un milieu de décideurs et possède un réseau important: sa femme et la mère de ses trois enfants n'est autre que la petite-fille du père de l'indépendance nigériane, Obafemi Awolowo.
Ministre local de la Justice pour l'Etat de Lagos, il rejoint le principal parti d'opposition (All Progressive Congress) en 2013, dès sa création. L'APC remportera la première alternance politique de l'histoire du Nigeria deux ans plus tard, projetant M. Buhari au pouvoir et plaçant l'inconnu Osinbajo sur la seconde marche du podium.
Petit, portant souvent un costume d'hommes d'affaires et un chapeau yoruba traditionnel, Yemi Osinbajo a eu l'occasion de revêtir l'habit de chef d'Etat en exercice pendant les séjours répétés de Buhari à Londres pour des raisons médicales.
Pendant que le président était affaibli par la maladie, son second était sur tous les fronts et tous les écrans de télévision.
Dans la région pétrolière et stratégique du Delta, lorsque Buhari parlait de "terroristes économiques" pour désigner les groupes armés décidés à mettre "le pays entier à genoux", Osinbajo, lui, parlait développement social.
Quand le président demandait aux 190 millions de Nigérians d'être patients et d'affronter la récession économique avec patriotisme, Osinbajo leur promettait qu'il comprenait leur souffrance et ferait tout pour y remédier.
Les insuffisances de Buhari en matière économique avaient été pointées du doigt bien avant son élection en 2015. Mais dans un contexte où le Nigeria était encore la première économie d'Afrique, qui aurait pu penser que cela deviendrait un handicap majeur pour sa présidence ?
Pourtant, quelques mois après son arrivée au pouvoir, le prix du baril de pétrole s'effondre, entraînant avec lui le pays dans "la pire crise économique de son histoire", selon les mots du chef de l'Etat.
La situation aura donné encore une fois l'occasion au vice-président de marquer sa différence, profitant des absences de Buhari pour mettre en place quelques réformes attendues.
En février 2017, le Nigeria pouvait enfin respirer - ou du moins espérer que les choses s'améliorent - lorsque la Banque Centrale (CBN) a débloqué les restrictions sur les taux de change face au dollar voulues par le président.
Osinbajo a également décidé d'assouplir la politique d'obtention des visas de travail: des mesures certes minimes, mais qui permettent de rassurer - un peu - les investisseurs.
Craignant qu'il finisse par faire de l'ombre au chef de l'Etat, les proches de Buhari n'ont cessé de répéter qu'Osinbajo ne faisait que suivre les directives qui lui étaient communiquées.
Discret et travailleur, le nez continuellement rivé sur son iPad, le vice-président ne les a pas contredits.
Travaillant sous les ordres de son mentor, Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos et l'un des hommes politiques les plus influents du pays, Osinbajo a compris depuis son entrée en politique qu'il ne servait à rien de gêner les plus puissants.
Mais chacun sait que le vice-président, très populaire au sein de la jeunesse, est un atout décisif pour faire réélire Buhari. Dans les quartiers populaires de Lagos, tentaculaire mégalopole de 20 millions d'habitants dans le Sud-Ouest où il est né, c'est son nom - et non celui de son "boss" -, qui revient sur toutes les lèvres.