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Militante anti-dictature, en prison puis en exil, hippie, professeure d'art, défenseure de l'environnement : les nombreuses vies de l'artiste indonésienne Arahmaiani ont inspiré son œuvre qui teste les limites de la liberté.
L'artiste a longtemps été nomade, pour échapper à la répression contre certaines de ses peintures, installations ou performances, vues comme provocatrices à Jakarta.
Invitée par la Tate Modern à Londres où ses oeuvres sont exposées pour la première fois, elle a donné en novembre une performance évoquant les violences subies par les Indonésiens d'origine chinoise : une communauté prise pour cible pendant les troubles qui ont marqué la chute du dictateur indonésien Suharto en 1998.
"Burning Country" (Le pays qui brûle), une performance à base de voix et de percussions, est présentée comme un processus de guérison après ce traumatisme toujours présent dans les mémoires.
Son regard militant sur cette époque, son questionnement sur la tolérance religieuse et sur les dommages infligés à l'environnement, étaient les thèmes majeurs de sa mini-rétrospective "The Wrath of Earth" (La colère de la Terre) à la galerie ISA de Jakarta en septembre.
"L'art doit remettre en question le statu quo et provoquer la réflexion. C'est un moyen (...) d'inspirer le changement", écrivait-elle dans le catalogue.
En bonne place, on y voyait des Lingga et Yoni, symboles phallique du masculin et de la matrice du féminin. Ces représentations hindouistes de l'équilibre des contraires et de la fertilité lui ont valu nombre d'ennuis.
Les Indonésiens "ont voulu oublier ces symboles" autrefois omniprésents dans l'archipel qui a été bouddhiste, hindouiste et animiste avant de devenir le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde, dit-elle.
"C'est une connaissance importante, je veux rappeler à moi-même et aux autres ce patrimoine culturel oublié", indique Arahmaiani, 63 ans, à l'AFP.
Reconnue à l'étranger comme l'une des artistes majeures d'Asie du Sud-Est, elle l'est "moins en Indonésie", relève la galeriste Deborah Iskandar, qui explique avoir voulu offrir une rétrospective pour "présenter son travail à une jeune génération d'amateurs d'art".
"+Yani+ est notre Frida Kahlo" s'exclame Nasir Tamara, commissaire de sa rétrospective, la comparant à l'artiste mexicaine féministe et briseuse de tabous. "Pour les jeunes, Yani est une héroïne, elle est libre. C'est une combattante depuis l'université".
La javanaise aux longs cheveux noirs et au sourire tranquille rit à présent des controverses passées.
Née en 1961 à Bandung, d'un père ouléma, et d'une mère d'ascendance hindo-bouddhiste, elle étudie l'art à l'Institut technologique de Bandung. Mais encore étudiante, elle est emprisonnée brièvement en 1983 suite aux plaintes de partis islamistes.
Des musulmans intégristes demandent la censure de ces œuvres et Arahmaiani reçoit des menaces de mort.
Elle part alors pour l'Australie où elle poursuit ses études en fréquentant une communauté hippie.
"La liberté devrait exister pour tout le monde, y compris les femmes, sur la base religieuse de l'amour et de la compassion", plaide-t-elle.
Mais être une femme musulmane peut être stigmatisant aussi à l'étranger, comme le dénonce son installation "11 Juni 2002", imaginée après un voyage aux Etats-Unis.
Elle y recrée la chambre sommaire où elle a été détenue une nuit sous la surveillance d'un officier de l'immigration américaine. Son statut de jeune femme musulmane voyageant seule avait éveillé des soupçons des autorités sur de probables liens avec le terrorisme, explique-t-elle.
En 2006, suite à un tremblement de terre majeur à Jogjakarta (centre de Java), elle lance le "Flag project" : des performances spectaculaires lors desquelles on brandit des drapeaux avec des messages clés, pour favoriser le dialogue dans une communauté.
Ces performances seront répliquées dans plusieurs lieux, notamment au Tibet. Elle s'implique là bas pour la défense de l'environnement et y séjourne régulièrement, émerveillée des liens historiques entre le bouddhisme tibétain et l'héritage bouddhique indonésien.
Arahmaiani dit à présent travailler sur le thème des dynasties politiques, sujet brûlant en Indonésie depuis l'élection du président Prabowo Subianto, ex-gendre de Suharto, qui a pour vice-président le fils du chef d'Etat sortant Joko Widodo.
L'artiste a longtemps été nomade, pour échapper à la répression contre certaines de ses peintures, installations ou performances, vues comme provocatrices à Jakarta.
Invitée par la Tate Modern à Londres où ses oeuvres sont exposées pour la première fois, elle a donné en novembre une performance évoquant les violences subies par les Indonésiens d'origine chinoise : une communauté prise pour cible pendant les troubles qui ont marqué la chute du dictateur indonésien Suharto en 1998.
"Burning Country" (Le pays qui brûle), une performance à base de voix et de percussions, est présentée comme un processus de guérison après ce traumatisme toujours présent dans les mémoires.
Son regard militant sur cette époque, son questionnement sur la tolérance religieuse et sur les dommages infligés à l'environnement, étaient les thèmes majeurs de sa mini-rétrospective "The Wrath of Earth" (La colère de la Terre) à la galerie ISA de Jakarta en septembre.
"L'art doit remettre en question le statu quo et provoquer la réflexion. C'est un moyen (...) d'inspirer le changement", écrivait-elle dans le catalogue.
En bonne place, on y voyait des Lingga et Yoni, symboles phallique du masculin et de la matrice du féminin. Ces représentations hindouistes de l'équilibre des contraires et de la fertilité lui ont valu nombre d'ennuis.
Les Indonésiens "ont voulu oublier ces symboles" autrefois omniprésents dans l'archipel qui a été bouddhiste, hindouiste et animiste avant de devenir le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde, dit-elle.
"C'est une connaissance importante, je veux rappeler à moi-même et aux autres ce patrimoine culturel oublié", indique Arahmaiani, 63 ans, à l'AFP.
Reconnue à l'étranger comme l'une des artistes majeures d'Asie du Sud-Est, elle l'est "moins en Indonésie", relève la galeriste Deborah Iskandar, qui explique avoir voulu offrir une rétrospective pour "présenter son travail à une jeune génération d'amateurs d'art".
"+Yani+ est notre Frida Kahlo" s'exclame Nasir Tamara, commissaire de sa rétrospective, la comparant à l'artiste mexicaine féministe et briseuse de tabous. "Pour les jeunes, Yani est une héroïne, elle est libre. C'est une combattante depuis l'université".
La javanaise aux longs cheveux noirs et au sourire tranquille rit à présent des controverses passées.
Née en 1961 à Bandung, d'un père ouléma, et d'une mère d'ascendance hindo-bouddhiste, elle étudie l'art à l'Institut technologique de Bandung. Mais encore étudiante, elle est emprisonnée brièvement en 1983 suite aux plaintes de partis islamistes.
"L'art doit remettre en question le statu quo et provoquer la réflexion. C'est un moyen (...) d'inspirer le changement", écrivait l’artiste dans le cataloguePlus tard, l'une de ses peintures, "Lingga-Yoni", en 1993 et l'installation "Etalase" en 1994, associant des symboles liés à l'Islam, la culture occidentale et la sexualité, provoquant la polémique.
Des musulmans intégristes demandent la censure de ces œuvres et Arahmaiani reçoit des menaces de mort.
Elle part alors pour l'Australie où elle poursuit ses études en fréquentant une communauté hippie.
"La liberté devrait exister pour tout le monde, y compris les femmes, sur la base religieuse de l'amour et de la compassion", plaide-t-elle.
Mais être une femme musulmane peut être stigmatisant aussi à l'étranger, comme le dénonce son installation "11 Juni 2002", imaginée après un voyage aux Etats-Unis.
Elle y recrée la chambre sommaire où elle a été détenue une nuit sous la surveillance d'un officier de l'immigration américaine. Son statut de jeune femme musulmane voyageant seule avait éveillé des soupçons des autorités sur de probables liens avec le terrorisme, explique-t-elle.
En 2006, suite à un tremblement de terre majeur à Jogjakarta (centre de Java), elle lance le "Flag project" : des performances spectaculaires lors desquelles on brandit des drapeaux avec des messages clés, pour favoriser le dialogue dans une communauté.
Ces performances seront répliquées dans plusieurs lieux, notamment au Tibet. Elle s'implique là bas pour la défense de l'environnement et y séjourne régulièrement, émerveillée des liens historiques entre le bouddhisme tibétain et l'héritage bouddhique indonésien.
Arahmaiani dit à présent travailler sur le thème des dynasties politiques, sujet brûlant en Indonésie depuis l'élection du président Prabowo Subianto, ex-gendre de Suharto, qui a pour vice-président le fils du chef d'Etat sortant Joko Widodo.