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Les premiers doutes ont émergé dans les années 2000 alors que le chercheur japonais venait de publier des articles sur plus d’une douzaine d’essais cliniques afin de tester l’efficacité et les effets secondaires de certains médicaments. Comme l’explique l’anesthésiste allemand Peter Kranke, qui s’était inquiété à l’époque, au journal Nature: “Il est impossible d’en publier autant. Si on regarde d’un pur point de vue de la productivité, quiconque a déjà mené au moins un essai clinique aurait dû trouver ça louche.”
“Nous étions déçus que les journaux acceptent la situation. Les éditeurs et comités de lecture nous avaient conseillés de concentrer nos efforts sur quelque chose de plus productif que de tirer la sonnette d’alarme. Pour nous, il s’agissait de plus que cela, nous voulions que les gens sachent que le granisetron n’était pas nécessairement meilleur que ses concurrents”, ajoute-t-il encore. Le chercheur japonais a ainsi produit 47 articles sur le granisetron et nombre d’autres sur le ramosetron, deux antiémétiques prescrits contre les vomissements et les nausées.
L’université de Toho a fini en septembre dernier, face aux nombreux soupçons, par enquêter sur les fameux essais cliniques de Yoshitaka Fujii. Cela a mené à son renvoi et à l’ouverture d’une vaste brèche. Une étude anglaise a alors estimé que 168 publications du chercheur ont “une crédibilité infinitésimalement faible”, tandis qu’un groupe de 23 anesthésistes a écrit aux universités et hôpitaux dans lesquels Yoshitaka Fujii a travaillé afin d’obtenir les données brutes de 193 articles douteux. Seuls treize articles ont pour l’instant été validés, tandis que les données de 88 autres restaient introuvables.
Certains tests cliniques semblent n’avoir tout simplement jamais existé. 126 études ont été jugées totalement fabriquées. En juin, la société japonaise des anesthésistes a annoncé que sur les 249 publications connues, 172 étaient frauduleuses à divers degrés. Bien que Yoshitaka Fuji ait déjà quitté la société de son plein gré, il en a été définitivement radié. Les articles ont été peu à peu retirés par les revues et il semble que jamais autant d’articles scientifiques n’avaient été rejetés en même temps. Le précédent record, environ 90 publications, avait été établi par Joachim Boldt, lui aussi anesthésiste.