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Un an après le soulèvement en Egypte : Transfert du pouvoir législatif par l’armée


REUTERS
Mercredi 25 Janvier 2012

Un an après le soulèvement en Egypte : Transfert du pouvoir législatif par l’armée
L’armée au pouvoir en Egypte depuis la chute du président Hosni Moubarak en février dernier a transféré les pouvoirs législatifs qu’elle détenait à la nouvelle chambre basse du Parlement, a annoncé le gouvernement égyptien.» Le maréchal Hussein Tantawi, président du Conseil suprême des forces armées, a annoncé dans une lettre adressée à l’Assemblée du peuple (chambre basse du Parlement) que les pouvoirs législatifs lui étaient transférés», a annoncé le gouvernement sur sa page du réseau social Facebook.
Aujourd’hui, un an après le soulèvement populaire qui mit fin à trois décennies de règne d’Hosni Moubarak, la place Tahrir n’abrite qu’une poignée de manifestants, derniers représentants d’une révolution dont nombre d’Egyptiens entendent tourner la page.
L’homme de la rue paraît lassé par les turbulences politiques qui nuisent à l’activité économique et, après avoir obtenu le départ du «raïs», aspire à un retour au calme.
Signe de cette lassitude, les électeurs se sont mobilisés pour les premières élections législatives libres depuis la fin du régime Moubarak et ont largement soutenu les formations islamistes, dont le parti Liberté et Justice (PLJ), issu des Frères musulmans. Les jeunes Egyptiens, fer de lance de la contestation, se sentent floués par les militaires qui assurent l’intérim et qui ont promis de remettre le pouvoir aux civils à l’issue d’un long processus électoral pour désigner un nouveau parlement, adopter une nouvelle Constitution et élire un nouveau président. Pour ces contestataires, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) fait tout pour limiter la portée du changement en Egypte, exploitant les divisions de l’opposition et entretenant la peur du chaos dans l’opinion publique. «Plus le temps passe et plus les gens ont la conviction que le régime n’a pas changé. Ils ont décapité le régime pour calmer le peuple, pour le convaincre d’un changement qui ne s’est pas produit», estime Amal Bakry, membre d’un collectif opposé aux procès militaire visant des civils.
Ce sentiment est confirmé par le profil des dirigeants installés au pouvoir par les généraux: le Premier ministre, Kamal al Ganzouri, dirigeait le gouvernement dans les années 90. Mohamed Hussein Tantaoui, qui est le dirigeant de fait du pays, a servi comme ministre de la Défense pendant vingt années. La loi d’urgence instaurée en 1981 n’a pas été abolie, les militaires affirmant que cette mesure demeure indispensable pour garantir l’ordre. Les protestataires jugent, eux, qu’elle n’est qu’un paravent pour cacher des entorses aux libertés civiles de même nature que celles commises sous le règne de Moubarak. Depuis la fuite de l’ancien chef de l’Etat, le 11 février, 12.000 personnes auraient été renvoyées devant des juridictions militaires, estime le collectif No To Military Trials. L’armée a été saluée par les Egyptiens pour son rôle dans la fin de l’ancien régime. Elle rétabli l’ordre alors que la police de Moubarak haïe par la rue avait fait défection. Depuis, plusieurs manifestations ont pris un tour meurtrier, 25 personnes trouvant la mort près d’un immeuble de la presse officielle au Caire en octobre. «Les gens ne sont pas prêts à regarder la vérité en face», explique Amal Bakry. «Ils ne veulent pas admettre que la révolution a été vaincue et que l’armée, qui bénéficie d’un tel prestige parmi le peuple, fait toutes ces choses.» Voulant donner aux généraux le bénéfice du doute, les Egyptiens se sont largement mobilisés depuis le début du complexe processus électoral entamé le 28 novembre.
Des urnes, est sortie une chambre basse largement dominée par les islamistes qui va avoir pour tâche de rédiger une nouvelle loi fondamentale qui sera soumise à référendum. Cette approbation devrait intervenir après la désignation de la chambre haute, la Choura, d’ici la fin février et avant l’élection présidentielle que les militaires ont finalement accepté de convoquer pour le mois de juin.
Pour Ayman Nour, militant et homme politique qui se présenta face à Moubarak en 2005, les forces armées ont simplement concédé à l’opposition le contrôle du parlement afin de mieux affermir leur mainmise sur la présidence, considérée comme le véritable centre du pouvoir. «Ils considèrent le parlement comme un cadeau aux forces politiques, aux forces islamiques, tandis qu’ils se réservent le droit d’avoir un président issu de leurs rangs. Ils veulent une personne à laquelle ils pourront donner des ordres, qui fera preuve de loyauté à leur égard», analyse-t-il. «C’est la contre-révolution qui dirige l’Egypte aujourd’hui.» La tâche des militaires a été facilitée par deux phénomènes. Le premier est la lassitude éprouvée par de nombreux Egyptiens face aux turbulences politiques qui perturbaient l’activité économique, à commencer par le tourisme et la vie quotidienne.La seconde est l’émergence des Frères musulmans, organisation marginalisée sous Moubarak qui a saisi l’occasion de légitimer sa position politique en faisant une entrée fracassante à la chambre basse du parlement avec le PLJ. En jouant le jeu des institutions, les islamistes ont paradoxalement facilité le travail des généraux en évitant que leurs partisans ne continuent d’entretenir la contestation. Le 25 janvier, mercredi, sera célébré le premier anniversaire du début de la révolution égyptienne, occasion rêvée pour les mécontents de ranimer le souvenir de l’euphorie populaire qui animait alors le centre du Caire.  «Je n’irai pas manifester le 25 janvier. Le régime militaire va perdre tout son sens après les élections parlementaires et présidentielles. On ne fait qu’essayer de précipiter une chose qui viendra naturellement», estime Ahmed Farouk, un opticien qui a voté pour les islamistes.
«Les citoyens ordinaires veulent le calme et le rétablissement de la stabilité», dit-il, résumant un sentiment répandu dans la population.


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