-
Biden en Angola pour tenir in extremis une promesse à l'Afrique
-
Trêve au Liban. Frappes israéliennes contre des positions du Hezbollah
-
En Syrie, des rebelles prennent la majeure partie d'Alep
-
La BCE alerte sur les fragilités de la stabilité financière dans la zone euro
-
"Crise de la faim" au Soudan : Le chef d'une ONG fustige la communauté internationale
"Avec les désistements, celui ou celle pour qui les électeurs avaient l'intention de voter est passé à la trappe" et certains "vont se dire +non, dans ces conditions c'est pas possible+", explique à l'AFP Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche émérite au Centre français de recherches politiques Cevipof.
Louise, 23 ans, refuse ainsi de choisir entre Horizons, un des partis de la majorité présidentielle, et le Rassemblement national (extrême droite), après avoir voté Lutte ouvrière (extrême gauche) au premier tour. "Il y avait une triangulaire avec le Nouveau Front populaire (coalition de gauche, ndlr), j'aurais voté pour eux mais ils se sont désistés pour le candidat de la majorité", se désole l'étudiante du nord-ouest de la France.
Elle a "beaucoup regretté" son vote barrage en faveur d'Emmanuel Macron face à la candidate RN Marine Le Pen à la présidentielle en 2022 et refuse de réélire un député sortant de la majorité présidentielle.
"Je ne vais pas voter pour quelqu'un qui a voté la réforme des retraites", une loi très contestée adoptée par le Parlement en 2023, se révolte-t-elle. Une opinion largement partagée dans son entourage: "Je ne sais pas si je connais quelqu'un qui voterait pour la majorité".
Dans la plupart des cas, les consignes des partis ne servent "strictement à rien", assure Janine Mossuz-Lavau, pour qui les électeurs votent avant tout en fonction de leurs "convictions, habitudes et traditions", et non d'appels à constituer un front républicain ou à aider le Rassemblement national à obtenir une majorité absolue.
C'est pourquoi la politologue estime que "ce n'est pas possible d'anticiper des proportions" d'abstention pour le scrutin de dimanche, après un premier tour marqué par un net regain de participation (66,71%).
Arthur, animateur culturel dans le jeu vidéo de 24 ans et abstentionniste "par conviction", a voté pour la première fois et "peut-être la seule" pour un candidat du Nouveau Front populaire.
Mais le jeune homme, qui se dit d'extrême gauche, ne se déplacera pas dimanche. "Le candidat NFP que j'ai soutenu appelle à voter pour quelqu'un de la majorité mais je ne le ferai pas". Il tient les macronistes pour "responsables de la situation actuelle".
Pour lui, le camp présidentiel "a mené à la montée de l'extrême droite" et il pense que la majorité "va voter les lois économiques du RN" car "ce sont des opportunistes".
La majorité ne peut pas non plus compter sur la voix de Marie Diop, 43 ans, qui a pourtant voté près de Paris pour un candidat du parti présidentiel Renaissance.
Elle s'abstiendra au second tour car celui-ci a, selon elle, trahi les valeurs républicaines en se maintenant face au candidat de la France Insoumise (gauche radicale et membre du NFP), malgré la percée du candidat allié au RN arrivé en deuxième position.
De son côté, une électrice d'extrême droite qui souhaite rester anonyme n'ira pas non plus voter dimanche. Cette retraitée de 71 ans du sud-ouest confie avoir voté RN au premier tour en pensant: "Pourquoi pas après tout".
Elle souligne, à propos du président du parti Jordan Bardella, qui se voit Premier ministre, que "la Constitution et l'Europe l'empêcheront de toutes façons de faire n'importe quoi".
Elle est aussi partie en vacances sans faire de procuration car elle pense la victoire du RN acquise. Un écueil contre lequel le Rassemblement national compte se battre, après avoir subi une désillusion similaire aux élections régionales de 2021: grand favori des sondages, le parti à la flamme n'avait décroché aucune région, victime d'une certaine démobilisation de ses électeurs trop confiants.