Soulagement au Royaume-Uni après une soirée pacifique de manifestations antiracistes


Libé
Jeudi 8 Août 2024

Les autorités britanniques ont poussé jeudi un soupir de soulagement au lendemain d'une soirée où les craintes de violences d'extrême droite, qui secouent le pays depuis une semaine après le meurtre de trois fillettes, se sont dissipées au profit de manifestations antiracistes pacifiques.
Les forces de l'ordre redoutaient des dizaines de nouvelles manifestations racistes et islamophobes violentes, qui n'ont finalement pas eu lieu.

Le maire de Londres Sadiq Khan a remercié dans un message sur X ceux qui ont manifesté pacifiquement pour montrer que la capitale est "unie contre le racisme et l'islamophobie", ainsi que les policiers "héroïques qui travaillent jour et nuit pour assurer la sécurité des Londoniens".

"Et à ces voyous d'extrême droite qui entendent semer la haine et la division", l'élu travailliste, premier maire de Londres de confession musulmane, a lancé: "Vous ne serez jamais les bienvenus".

Dans le quartier londonien de Walthamstow, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Je vis dans le quartier et nous ne voulons pas de ces gens (d'extrême droite) dans nos rues... Ils ne nous représentent pas", a affirmé à l'AFP Sara Tresilian, 58 ans.

Militants de l'Association Stand Up To Racism et habitants, arborant parfois des drapeaux palestiniens, ont brandi des pancartes "Stop à l'extrême droite" et "Réfugiés bienvenus", en opposition frontale avec les actes hostiles depuis une semaine ciblant mosquées ou hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.

Le chef de la police de Londres Mark Rowley s'est dit jeudi matin "vraiment ravi de la manière dont les choses se sont passées" grâce au déploiement policier et à la population.
Il a salué, devant des journalistes, la "démonstration d'unité", même si "dans quelques endroits des délinquants locaux sont venus" pour se livrer à des actes "antisociaux".

Plus d'une vingtaine d'arrestations ont été effectuées mercredi et jeudi à la suite de violents heurts la semaine dernière à Londres, a ajouté le chef de Scotland Yard, dénonçant comme "absurde" toute "suggestion que ce sont des patriotes" qui manifestaient "pour une cause": "Ce sont des délinquants".

A Birmingham (centre), des centaines de personnes se sont rassemblées devant un centre d'aide aux migrants. Sur des vidéos de l'AFP, on entend des slogans comme "Disons-le haut et fort, les réfugiés sont les bienvenus ici". Certains tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Le fascisme n'est pas le bienvenu".
D'autres rassemblements se sont dispersés dans le calme dans nombre d'autre villes, de Brighton (sud) à Bristol (ouest), en passant par Liverpool (nord).

Des tensions ont toutefois éclaté sporadiquement, comme à Aldershot (sud) où selon l'agence de presse britannique PA la police a dû s'interposer entre des militants antiracistes et un groupe de personnes qui criaient "Arrêtez les bateaux", en référence aux migrants qui arrivent au Royaume-Uni par la Manche sur des bateaux pneumatiques.
 
La ministre de l'Intérieur Yvette Cooper a salué dès mercredi soir le travail des agents présents sur le terrain "pour protéger et soutenir les communautés locales".
Ces rassemblements se sont tenus sous forte présence policière, alors que les autorités avaient mis en garde les émeutiers qu'ils risquaient de lourdes peines s'ils réitéraient les violences des derniers jours.

Plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis le début des heurts, et plus de 120 personnes ont été inculpées, selon le parquet. Les premières condamnations à de la prison ferme sont tombées mercredi.
"Voilà l'action rapide que nous prenons", s'est félicité sur X le Premier ministre Keir Starmer, qui a multiplié les messages de fermeté.

Depuis une semaine, le Royaume-Uni a connu des scènes de violences racistes, après la circulation d'informations en partie démenties sur le profil de l'auteur présumé d'une attaque au couteau dans un cours de danse, où trois fillettes de 6 à 9 ans ont été tuées à Southport (nord-ouest de l'Angleterre).

Le suspect a été présenté comme un demandeur d'asile de confession musulmane. Il est en fait né à Cardiff, au Pays de Galles, et sa famille est selon les médias britanniques originaire du Rwanda.


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