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Un sit-in est aussi prévu ce matin, avec la participation de Mourad Gartoumi, le plaignant principal dans ce dossier ainsi que de son avocat.
Ces nouveaux rebondissements interviennent suite à la grève de la faim illimitée entamée depuis le mardi 9 février par Mourad Gartoumi, dans l'objectif de rappeler au pouvoir politique et à l'opinion publique que la gabegie au sein du marché de gros se poursuit de plus belle et même « s'aggrave de plus en plus ». Gartoumi a plusieurs fois pointé du doigt la lenteur de la justice. Déjà en novembre 2009, il avait organisé un sit-in devant la Cour d'appel de Casablanca pour protester contre cette lenteur. Quelques mois plus tard, il a initié un autre sit-in devant le marché de gros pour le même motif. Mais cette fois, c'est une grève de la faim illimitée qu'il est en train de mener.
« Ma grève de la faim est un message, un avertissement pour interpeller les pouvoirs publics et l'opinion publique nationale et internationale sur la situation de non-droit qui sévit encore aujourd'hui dans ce marché ». Gartoumi entend ainsi dénoncer « les détournements de fonds » et la gestion jugée « calamiteuse » de cet établissement. « Je reçois chaque jour des textos et des témoignages de fonctionnaires qui m'indiquent que les malversations, l'évasion fiscale et l'escroquerie continuent à faire loi », confie-t-il. Avant d'ajouter : « Ce sont des milliards de dirhams qui sont en jeu. Des sommes colossales qui échappent aux caisses de l'Etat ».
Ne faisant nullement dans la dentelle, Gartoumi accuse la direction de détourner une partie des recettes du marché, estimées, selon lui, à 70 milliards de DH.
« J'aimerais savoir où sont passés les quelque 8.800.000.000 de DH, de recettes des loyers et des redevances mensuelles des blocs 5, 6, 7, 8, 9, 10, sans oublier les cafés, les salons de coiffure, les toilettes et 600 millions de DH de recettes en provenance du parking », martèle-t-il. Gartoumi ne mâche pas ses mots : « Le marché fait au moins un milliard et demi de dirhams chaque jour et je défie tous ceux qui prétendent le contraire de me le prouver».
Pour Gartoumi, cette situation est le fait « de la direction du marché ». Un réseau mis en place à l'époque de Driss Basri. Il s'agit de quelques proches de l'ancien ministre qui bénéficient encore aujourd'hui de la protection de certains « responsables politiques ». « Ce sont des gens qui se croient au-dessus des lois. Ils se croient indéboulonnables ».
Gartoumi fait depuis peu la Une des journaux. Il multiplie les révélations et les déclarations. Ce jeune commerçant et père de deux enfants parle avec franchise et ne semble pas perturbé par les questions des journalistes. Il se montre plus ferme, à la limite menaçant, mais il semble serein et confiant. S'agit-t-il d'un héros malgré lui ou d'un simple pion dans une partie d'échecs qui le dépasse?
Pour ses détracteurs, Gartoumi n'est qu'un « déséquilibré mental», « un repris de justice », « un anonyme qui surgit de nulle part ». Pour un grossiste qui a requis l'anonymat, « ce Gartoumi qui parle aujourd'hui d'honnêteté et de protection des deniers publics, a longtemps profité lui aussi de cette situation et il a amassé une fortune ». Même son de cloche du côté de cet autre commerçant : « Gartoumi n'est pas blanc comme neige. Après avoir eu largement sa part du gâteau, il vient nous donner des leçons de morale, c'est du n'importe quoi ! ».
Pour cet autre connaisseur de dossier du marché de gros : « Les accusations de Gartoumi contre la direction et certains responsables et élus sont bien fondées. Il a des preuves et des documents à charge accablants. Pourtant, son combat n'est pas innocent. Il y a un conflit politique qui sous-tend l'affaire ».
Gartoumi est-il conscient des enjeux de son action ? « A vrai dire, il est difficile de trancher. Mais je pense que même s'il croit vraiment à son combat, il est actuellement impliqué dans une affaire qui le dépasse et tout le dossier est en train de prendre une dimension plutôt politique que judicaire ».