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Nationaliste conforté par un record de longévité au poste de Premier ministre au Japon, Shinzo Abe est un habile politicien et un diplomate pragmatique doté d'une capacité à survivre aux scandales et d'une forte autorité sur son parti.
Après un premier et bref passage raté à la tête du pays en 2006-2007, il est revenu revigoré fin 2012 et n'a pas été délogé depuis.
Une dizaine de ses ministres ont dû jeter l'éponge entretemps, mais M. Abe, pourtant présenté comme de santé fragile, a tenu bon, quitte à changer les statuts de sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), dont il est le président.
Né dans une famille d'hommes politiques, cet héritier de 65 ans s'était juré depuis longtemps de réussir là où ses ascendants avaient échoué.
Il s'est fait connaître à l'étranger avec sa politique économique surnommée "Abenomics", mêlant assouplissement monétaire, relance budgétaire massive et réformes structurelles, dont le bilan reste cependant très mitigé.
Mais son ambition ultime est de réviser la Constitution pacifiste japonaise de 1947, écrite par les occupants américains et jamais amendée depuis.
Avant la fin de son troisième et en théorie dernier mandat à la tête du PLD en 2021, il espère graver dans le marbre l'existence d'une armée nationale, au lieu des actuelles "Forces d'autodéfense", bien que l'article 9 de la Constitution dispose que le Japon renonce à jamais à la guerre comme moyen de résolution de dissensions internationales.
La révision de ce texte était déjà le but de son grand-père, Nobusuke Kishi, fondateur du PLD et Premier ministre de 1957 à 1960. Ministre pendant la Seconde Guerre mondiale et accusé de crimes de guerre, M. Kishi avait été arrêté après le conflit mais jamais jugé par le Tribunal de Tokyo.
M. Abe, qui a bâti une partie de sa réputation sur sa fermeté à l'égard de la Corée du Nord, veut un Japon capable de se défendre, sans porter indéfiniment le fardeau du repentir vis-à-vis de la Chine ou de la Corée du Sud.
Jusqu'où aller pour ne pas fâcher les Américains? Là est la limite, franchie une fois fin 2013 en se rendant au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, lieu honni par Pékin et Séoul car glorifiant selon eux le militarisme japonais, dont leurs pays ont subi les exactions dans la première moitié du XXe siècle.
Les relations entre Tokyo et Séoul se sont d'ailleurs nettement dégradées ces derniers mois, sur fond de contentieux historiques.
Avec les Etats-Unis, M. Abe s'adapte à chaque changement de président, même s'il a fort à faire avec Donald Trump qui un jour joue au golf avec son "ami Shinzo" et le lendemain s'emporte contre le déficit commercial vis-à-vis du Japon et promet de nouvelles taxes.
Celui dont le père, Shintaro Abe, s'était hissé jusqu'au poste de ministre des Affaires étrangères, s'emploie en même temps à ne pas froisser le président russe Vladimir Poutine, avec lequel il rêve de régler le différend des îles Kouriles du sud, (appelées "Territoires du Nord" par les Japonais) annexées par l'Union soviétique à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
"Avec Abe, le Japon s'est fait îlot de stabilité politique pendant que sur la décennie passée d'autres démocraties industrialisées ont souffert de gouvernements faibles, impopulaires ou éphémères", estime Tobias Harris, analyste chez Teneo.
M. Abe a d'abord profité du passage au pouvoir désastreux des formations de centre-gauche de 2009 à 2012.
Cette période, marquée par le séisme et le tsunami de mars 2011 à l'origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima, a mis en miettes ces partis qui avaient suscité l'espoir, laissant M. Abe sans rival réel, dans son camp comme dans l'opposition.
Depuis son retour, le PLD a remporté haut la main tous les scrutins, à l'exception d'une défaite historique à l'assemblée de Tokyo en 2017.
Eclaboussé par des scandales touchant des proches (épouse, amis), M. Abe, qui bénéficie du soutien de la droite nationaliste et d'une partie de la jeunesse, a souvent profité de faits extérieurs, tirs de missiles nord-coréens ou catastrophes naturelles, qui ont détourné l'attention et lui ont permis de se poser en chef nécessaire dans l'adversité.
Dans une toute récente affaire, il est accusé d'accueillir sur les deniers publics des centaines de partisans venus de sa circonscription parmi quelque 18.000 invités d'une réception annuelle de contemplation des cerisiers en fleurs. L'édition 2020 a été annulée.
Après un premier et bref passage raté à la tête du pays en 2006-2007, il est revenu revigoré fin 2012 et n'a pas été délogé depuis.
Une dizaine de ses ministres ont dû jeter l'éponge entretemps, mais M. Abe, pourtant présenté comme de santé fragile, a tenu bon, quitte à changer les statuts de sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), dont il est le président.
Né dans une famille d'hommes politiques, cet héritier de 65 ans s'était juré depuis longtemps de réussir là où ses ascendants avaient échoué.
Il s'est fait connaître à l'étranger avec sa politique économique surnommée "Abenomics", mêlant assouplissement monétaire, relance budgétaire massive et réformes structurelles, dont le bilan reste cependant très mitigé.
Mais son ambition ultime est de réviser la Constitution pacifiste japonaise de 1947, écrite par les occupants américains et jamais amendée depuis.
Avant la fin de son troisième et en théorie dernier mandat à la tête du PLD en 2021, il espère graver dans le marbre l'existence d'une armée nationale, au lieu des actuelles "Forces d'autodéfense", bien que l'article 9 de la Constitution dispose que le Japon renonce à jamais à la guerre comme moyen de résolution de dissensions internationales.
La révision de ce texte était déjà le but de son grand-père, Nobusuke Kishi, fondateur du PLD et Premier ministre de 1957 à 1960. Ministre pendant la Seconde Guerre mondiale et accusé de crimes de guerre, M. Kishi avait été arrêté après le conflit mais jamais jugé par le Tribunal de Tokyo.
M. Abe, qui a bâti une partie de sa réputation sur sa fermeté à l'égard de la Corée du Nord, veut un Japon capable de se défendre, sans porter indéfiniment le fardeau du repentir vis-à-vis de la Chine ou de la Corée du Sud.
Jusqu'où aller pour ne pas fâcher les Américains? Là est la limite, franchie une fois fin 2013 en se rendant au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, lieu honni par Pékin et Séoul car glorifiant selon eux le militarisme japonais, dont leurs pays ont subi les exactions dans la première moitié du XXe siècle.
Les relations entre Tokyo et Séoul se sont d'ailleurs nettement dégradées ces derniers mois, sur fond de contentieux historiques.
Avec les Etats-Unis, M. Abe s'adapte à chaque changement de président, même s'il a fort à faire avec Donald Trump qui un jour joue au golf avec son "ami Shinzo" et le lendemain s'emporte contre le déficit commercial vis-à-vis du Japon et promet de nouvelles taxes.
Celui dont le père, Shintaro Abe, s'était hissé jusqu'au poste de ministre des Affaires étrangères, s'emploie en même temps à ne pas froisser le président russe Vladimir Poutine, avec lequel il rêve de régler le différend des îles Kouriles du sud, (appelées "Territoires du Nord" par les Japonais) annexées par l'Union soviétique à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
"Avec Abe, le Japon s'est fait îlot de stabilité politique pendant que sur la décennie passée d'autres démocraties industrialisées ont souffert de gouvernements faibles, impopulaires ou éphémères", estime Tobias Harris, analyste chez Teneo.
M. Abe a d'abord profité du passage au pouvoir désastreux des formations de centre-gauche de 2009 à 2012.
Cette période, marquée par le séisme et le tsunami de mars 2011 à l'origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima, a mis en miettes ces partis qui avaient suscité l'espoir, laissant M. Abe sans rival réel, dans son camp comme dans l'opposition.
Depuis son retour, le PLD a remporté haut la main tous les scrutins, à l'exception d'une défaite historique à l'assemblée de Tokyo en 2017.
Eclaboussé par des scandales touchant des proches (épouse, amis), M. Abe, qui bénéficie du soutien de la droite nationaliste et d'une partie de la jeunesse, a souvent profité de faits extérieurs, tirs de missiles nord-coréens ou catastrophes naturelles, qui ont détourné l'attention et lui ont permis de se poser en chef nécessaire dans l'adversité.
Dans une toute récente affaire, il est accusé d'accueillir sur les deniers publics des centaines de partisans venus de sa circonscription parmi quelque 18.000 invités d'une réception annuelle de contemplation des cerisiers en fleurs. L'édition 2020 a été annulée.