Sebastian Piñera, le président milliardaire dépassé par la crise au Chili

Malgré un large remaniement gouvernemental et une batterie de mesures sociales, le président ne parvient pas à apaiser la révolte


Vendredi 8 Novembre 2019

Il est l’un des hommes les plus riches du Chili, de cette élite au coeur des dénonciations des manifestants : le président Sebastian Piñera, au pouvoir depuis fin 2017, a vu son image ruinée par la crise sociale inédite qui agite son pays depuis plus de deux semaines.
Il avait qualifié le Chili d’”oasis” en Amérique latine quelques jours avant que n’éclate la fronde sociale le 18 octobre. Près de trois semaines après, alors que de nombreux Chiliens le réclament, le chef de l’Etat exclut de démissionner.
Visiblement pris de court par le mouvement de contestation, le président a dû renoncer à ses rêves d’envergure internationale, annulant deux évènements majeurs pour son pays, sans parvenir à éteindre le brasier qui a fait au moins 20 morts dans un Etat considéré jusqu’à présent comme un modèle de stabilité politique et économique en Amérique latine.
Deux jours après le début de la crise, au moment où la capitale Santiago est à feu et à sang, Sebastian Piñera savoure une pizza dans un restaurant huppé : cette image du premier président de droite (il a été élu pour la première fois en 2010) depuis le rétablissement de la démocratie en 1990 incarne la trinité à l’origine de la fracture entre population et dirigeants : pouvoir économique, politique et institutionnel.
Celui que beaucoup considèrent comme un homme d’affaires avant d’être un homme politique a une fortune évaluée par Forbes à 2,7 milliards de dollars, dans un pays où le salaire minimum atteint à peine les 375 euros et où le revenu annuel par habitant d’environ 18.000 euros en moyenne cache de profondes inégalités.
Patron pilotant son propre hélicoptère, ancien propriétaire de la compagnie aérienne nationale LATAM, d’une chaîne de télévision et d’un club de football, il avait mis du temps, une fois entamé son premier mandat (2010-2014), à renoncer à ses actions dans ces firmes.
Ce self-made man de 69 ans au sourire figé, père de quatre enfants et grand-père de neuf, avait quitté ses fonctions en 2014 avec une popularité plus qu’acceptable, de 50%. Réélu en décembre 2017, il affiche désormais l’indice de popularité le plus bas depuis le retour à la démocratie.
Lorsqu’éclate la fronde générant pillages, incendies et affrontements avec la police, le président qui se présente comme le leader d’une droite rénovée, débarrassée de l’héritage Pinochet, est prompt à déclarer l’état d’urgence à Santiago, n’y voyant que des troubles à l’ordre public.
Des militaires patrouillent dans les rues pour la première fois depuis la fin de la dictature, un message qui passe très mal.
Le lendemain, Sebastian Piñera annonce la suspension de la hausse du prix du ticket de métro mais le pays est déjà embrasé, les manifestations violentes se multiplient.
Ses déclarations suivantes ne vont en rien éteindre les braises de la colère populaire : il affirme ainsi que “la démocratie a l’obligation de se défendre”, puis lâche un retentissant “nous sommes en guerre”.
Semblant prendre conscience du désastre de sa communication politique, il finit par réunir les partis pour tenter de trouver “un accord social”.
Las, malgré un large remaniement gouvernemental (un tiers de ses ministres) et une batterie de mesures sociales, le président ne parvient pas à apaiser la révolte.
Le 26 octobre, une gigantesque manifestation réunit plus d’un million de personnes, sur les 18 millions d’habitants que compte le Chili. Dans un tweet, Sebastian Piñera dit avoir “entendu le message”.
Les violences font 20 morts et il est contraint d’annuler le sommet de l’Apec qui devait se dérouler à Santiago les 16 et 17 novembre ainsi que la conférence de l’ONU sur le climat COP 25 également prévue dans la capitale pour décembre.
Ces deux évènements majeurs auraient dû permettre au Chili de briller sur la scène internationale et à Sebastian Piñera de prendre le dessus sur celle qu’il a remplacée au sommet de l’Etat, la socialiste Michelle Bachelet, charismatique et plus populaire, envers laquelle il confiait nourrir une “jalousie”.
La perspective d’une poignée de main avec l’Américain Donald Trump qui aurait pu lui apporter une légitimité inédite s’est éloignée... peut-être à jamais.


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1.Posté par Bouatlaoui Otman le 08/11/2019 13:23
Bon c'est qui le signataire de cet article?
Pour avoir pris les avions de LAn Chile (LATAM après rachat d'une compagnie brésilienne et autre). C'est une des compagnie les plus sûres du monde. Ses services pouvent faire rougir un peu certaines.
Bon je ne vais pas défendre Piñera. Mais je vais critiquer la gauche molle chilienne, qui a accédé au pouvoir deux fois via Mme Bachelet. Et cette gauche molle n'a pas fait bougé les acquis sociaux je parle de l'éducation , de la santé , des retraites et des droit des habitants locaux les Mapuches (une répression militaire depuis toujours).
Réduire les problèmes de la société chilienne à des besoins du quotidien, c'est se tromper de diagnostic.
Il suffit de suivre le mouvement, le niveau intellectuel et la maturité du peuple Chilien, exige la chute d'un nouveau mur de santiago, si en1989 la chute du mur de berlin entre deux blocs: le capitaliste et le communiste, a ouvert le monde dans une nouvelle ére, de la liberté pour certains peuples et la guerre pour d'autres.
Le mur de Santiago doit céder : l'ultraliberalisme et le surexploitatisme (je l'ai inventé) d'un peuple par une une ultra-minorité. Les chiliens méritent un meilleur traitement, il faut qu’ils deviennent l’équivalent des pays nordiques.

Les deux événements annulés, étaient attendus par toutes les populations, ce n'est pas une prévalue, ou une valeur ajouté, ou une compagne de communication.
Il faut être au chili pour voir l'engagement des populations pour la sauvegarde de leur richesse naturelle.
dans les rues de Santiago, les gens entonnent des chansons comme :
el derecho de vivir en pz de victor Jara: https://www.youtube.com/watch?v=V_xRSfjCyrg

El pueblo unido de Ittillimani: https://www.youtube.com/watch?v=VAfXvacUC88

El baile de los que sobran - Los Prisioneros: https://www.youtube.com/watch?v=kfhbD8hgKN4

Adiós Sebastián - Sol y lluvia : (https://www.youtube.com/watch?v=-yB7aPnnSgo)

même une jeune chanteuse de l'émission The Vioce, a marué par sa maturité et son amour pour son pays et son peuple: https://www.youtube.com/watch?v=JqgoFPGdiiQ

C'est un régale de voir des centaines de milliers chanter le ventre vide, mais le cervau vif.
Même Pinéara est fier d'avoir un tel peuple. Mais ces répliques populaires (tectonique des plaques), vont engendrer un pays encore plus fort, avec toutes ses classes, mais avec plus de justice sociale.
Aussi faut pas oublier le rôles des casseroles.
Vamos Chile.

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