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Il est l’un des hommes les plus riches du Chili, de cette élite au coeur des dénonciations des manifestants : le président Sebastian Piñera, au pouvoir depuis fin 2017, a vu son image ruinée par la crise sociale inédite qui agite son pays depuis plus de deux semaines.
Il avait qualifié le Chili d’”oasis” en Amérique latine quelques jours avant que n’éclate la fronde sociale le 18 octobre. Près de trois semaines après, alors que de nombreux Chiliens le réclament, le chef de l’Etat exclut de démissionner.
Visiblement pris de court par le mouvement de contestation, le président a dû renoncer à ses rêves d’envergure internationale, annulant deux évènements majeurs pour son pays, sans parvenir à éteindre le brasier qui a fait au moins 20 morts dans un Etat considéré jusqu’à présent comme un modèle de stabilité politique et économique en Amérique latine.
Deux jours après le début de la crise, au moment où la capitale Santiago est à feu et à sang, Sebastian Piñera savoure une pizza dans un restaurant huppé : cette image du premier président de droite (il a été élu pour la première fois en 2010) depuis le rétablissement de la démocratie en 1990 incarne la trinité à l’origine de la fracture entre population et dirigeants : pouvoir économique, politique et institutionnel.
Celui que beaucoup considèrent comme un homme d’affaires avant d’être un homme politique a une fortune évaluée par Forbes à 2,7 milliards de dollars, dans un pays où le salaire minimum atteint à peine les 375 euros et où le revenu annuel par habitant d’environ 18.000 euros en moyenne cache de profondes inégalités.
Patron pilotant son propre hélicoptère, ancien propriétaire de la compagnie aérienne nationale LATAM, d’une chaîne de télévision et d’un club de football, il avait mis du temps, une fois entamé son premier mandat (2010-2014), à renoncer à ses actions dans ces firmes.
Ce self-made man de 69 ans au sourire figé, père de quatre enfants et grand-père de neuf, avait quitté ses fonctions en 2014 avec une popularité plus qu’acceptable, de 50%. Réélu en décembre 2017, il affiche désormais l’indice de popularité le plus bas depuis le retour à la démocratie.
Lorsqu’éclate la fronde générant pillages, incendies et affrontements avec la police, le président qui se présente comme le leader d’une droite rénovée, débarrassée de l’héritage Pinochet, est prompt à déclarer l’état d’urgence à Santiago, n’y voyant que des troubles à l’ordre public.
Des militaires patrouillent dans les rues pour la première fois depuis la fin de la dictature, un message qui passe très mal.
Le lendemain, Sebastian Piñera annonce la suspension de la hausse du prix du ticket de métro mais le pays est déjà embrasé, les manifestations violentes se multiplient.
Ses déclarations suivantes ne vont en rien éteindre les braises de la colère populaire : il affirme ainsi que “la démocratie a l’obligation de se défendre”, puis lâche un retentissant “nous sommes en guerre”.
Semblant prendre conscience du désastre de sa communication politique, il finit par réunir les partis pour tenter de trouver “un accord social”.
Las, malgré un large remaniement gouvernemental (un tiers de ses ministres) et une batterie de mesures sociales, le président ne parvient pas à apaiser la révolte.
Le 26 octobre, une gigantesque manifestation réunit plus d’un million de personnes, sur les 18 millions d’habitants que compte le Chili. Dans un tweet, Sebastian Piñera dit avoir “entendu le message”.
Les violences font 20 morts et il est contraint d’annuler le sommet de l’Apec qui devait se dérouler à Santiago les 16 et 17 novembre ainsi que la conférence de l’ONU sur le climat COP 25 également prévue dans la capitale pour décembre.
Ces deux évènements majeurs auraient dû permettre au Chili de briller sur la scène internationale et à Sebastian Piñera de prendre le dessus sur celle qu’il a remplacée au sommet de l’Etat, la socialiste Michelle Bachelet, charismatique et plus populaire, envers laquelle il confiait nourrir une “jalousie”.
La perspective d’une poignée de main avec l’Américain Donald Trump qui aurait pu lui apporter une légitimité inédite s’est éloignée... peut-être à jamais.
Il avait qualifié le Chili d’”oasis” en Amérique latine quelques jours avant que n’éclate la fronde sociale le 18 octobre. Près de trois semaines après, alors que de nombreux Chiliens le réclament, le chef de l’Etat exclut de démissionner.
Visiblement pris de court par le mouvement de contestation, le président a dû renoncer à ses rêves d’envergure internationale, annulant deux évènements majeurs pour son pays, sans parvenir à éteindre le brasier qui a fait au moins 20 morts dans un Etat considéré jusqu’à présent comme un modèle de stabilité politique et économique en Amérique latine.
Deux jours après le début de la crise, au moment où la capitale Santiago est à feu et à sang, Sebastian Piñera savoure une pizza dans un restaurant huppé : cette image du premier président de droite (il a été élu pour la première fois en 2010) depuis le rétablissement de la démocratie en 1990 incarne la trinité à l’origine de la fracture entre population et dirigeants : pouvoir économique, politique et institutionnel.
Celui que beaucoup considèrent comme un homme d’affaires avant d’être un homme politique a une fortune évaluée par Forbes à 2,7 milliards de dollars, dans un pays où le salaire minimum atteint à peine les 375 euros et où le revenu annuel par habitant d’environ 18.000 euros en moyenne cache de profondes inégalités.
Patron pilotant son propre hélicoptère, ancien propriétaire de la compagnie aérienne nationale LATAM, d’une chaîne de télévision et d’un club de football, il avait mis du temps, une fois entamé son premier mandat (2010-2014), à renoncer à ses actions dans ces firmes.
Ce self-made man de 69 ans au sourire figé, père de quatre enfants et grand-père de neuf, avait quitté ses fonctions en 2014 avec une popularité plus qu’acceptable, de 50%. Réélu en décembre 2017, il affiche désormais l’indice de popularité le plus bas depuis le retour à la démocratie.
Lorsqu’éclate la fronde générant pillages, incendies et affrontements avec la police, le président qui se présente comme le leader d’une droite rénovée, débarrassée de l’héritage Pinochet, est prompt à déclarer l’état d’urgence à Santiago, n’y voyant que des troubles à l’ordre public.
Des militaires patrouillent dans les rues pour la première fois depuis la fin de la dictature, un message qui passe très mal.
Le lendemain, Sebastian Piñera annonce la suspension de la hausse du prix du ticket de métro mais le pays est déjà embrasé, les manifestations violentes se multiplient.
Ses déclarations suivantes ne vont en rien éteindre les braises de la colère populaire : il affirme ainsi que “la démocratie a l’obligation de se défendre”, puis lâche un retentissant “nous sommes en guerre”.
Semblant prendre conscience du désastre de sa communication politique, il finit par réunir les partis pour tenter de trouver “un accord social”.
Las, malgré un large remaniement gouvernemental (un tiers de ses ministres) et une batterie de mesures sociales, le président ne parvient pas à apaiser la révolte.
Le 26 octobre, une gigantesque manifestation réunit plus d’un million de personnes, sur les 18 millions d’habitants que compte le Chili. Dans un tweet, Sebastian Piñera dit avoir “entendu le message”.
Les violences font 20 morts et il est contraint d’annuler le sommet de l’Apec qui devait se dérouler à Santiago les 16 et 17 novembre ainsi que la conférence de l’ONU sur le climat COP 25 également prévue dans la capitale pour décembre.
Ces deux évènements majeurs auraient dû permettre au Chili de briller sur la scène internationale et à Sebastian Piñera de prendre le dessus sur celle qu’il a remplacée au sommet de l’Etat, la socialiste Michelle Bachelet, charismatique et plus populaire, envers laquelle il confiait nourrir une “jalousie”.
La perspective d’une poignée de main avec l’Américain Donald Trump qui aurait pu lui apporter une légitimité inédite s’est éloignée... peut-être à jamais.