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Figure majeure de l'athlétisme américain de ces 40 dernières années, Alberto Salazar a d'abord été un marathonien capable de mettre sa santé en péril pour la gagne, avant de devenir un entraîneur-gourou qui a franchi la ligne jaune à force de flirter avec.
Dans son communiqué publié lundi, en réaction à sa suspension pour quatre ans par l'agence américaine antidopage pour "organisation et incitation à une conduite dopante interdite", Salazar, 61 ans, a repris une des conclusions de l'Usada pour sa défense.
"Le défendeur n'apparaît pas avoir été motivé par l'intention de commettre les violations de règles constatées par le comité", a établi l'instance. L'entraîneur a en revanche omis de mentionner la suite: "Malheureusement, son désir a obscurci son jugement par rapport au respect de la règle".
"Désir". Au fond, tout a toujours été question de cela avec Salazar, même si les mots "volonté", "détermination" voire "obsession" semblent mieux indiqués pour celui qui a dédié sa vie au dépassement de soi et à la victoire coûte que coûte.
"Si vous voulez atteindre un objectif élevé, vous allez devoir prendre des risques", a dit un jour celui qui s'est écroulé d'épuisement après avoir remporté le marathon de Boston en 1982, parce qu'il n'avait rien bu de toute la course.
Plus d'une fois, il a ainsi fini à l'hôpital. En 1978, au terme de la Falmouth Road Race (Massachussets), sa température corporelle a atteint 42,2 degrés. Sûr de le perdre, le médecin avait fait appeler le prêtre...
"Après la course, je me suis dit: +Bien, je me suis endurci+", écrira-t-il plus tard dans son autobiographie "14 Minutes".
En 1982, Salazar, âgé de 24 ans, domine la discipline au niveau national, comme en atteste sa troisième victoire d'affilée au marathon de New York, après son succès à Boston dans le meilleur temps de sa carrière (2h08:52). Un an plus tôt, il avait même fait mieux en s'imposant à New York en 2 h 8 min 13, établissant alors un record du monde, finalement non homologué car la distance parcourue était inférieure de 148 mètres aux 42,195 km officiels.
C'est à une trentaine de kilomètres des lieux de son exploit bostonien, à Wayland que le jeune Alberto a grandi. Né à La Havane le 7 août 1958, il a deux ans quand sa famille émigre aux Etats-Unis. Son père, José, ancien ami de Fidel Castro, est devenu un de ses opposants.
Dans ses mémoires, Salazar raconte être animé d'"une rage qui remonte à son enfance", marquée par les disputes et autres drames qui se déroulaient entre immigrés cubains sous le toit familial.
En 1976, il intègre l'université de l'Oregon où il commence à expérimenter différents procédés et produits pour améliorer ses performances. Il s'entraîne avec un masque contenant des cristaux chimiques absorbant l'oxygène, pour recréer les conditions d'une course en altitude; il prend du diméthylsulfoxyde, utilisé contre l'inflammation chez les chevaux de race, pour aider ses muscles à mieux récupérer.
Celui qu'on surnomme alors "M. Persistance" voit pourtant son corps, meurtri par les blessures et sollicité à outrance, le lâcher aux JO-1984 de Los Angeles où il finit 15e du marathon.
Il prend sa retraite en 1988 après avoir raté la qualification pour les Jeux de Séoul. Il ouvre un restaurant, se consacre à sa femme et leurs trois enfants, mais souffre de dépression. On lui prescrit du Prozac, ce qui selon lui soigne aussi ses symptômes physiques et l'encourage à revenir dans l'athlétisme, en tant qu'entraîneur.
Salazar, qui prend aussi de la testostérone - "de façon thérapeutique", dit-il à l'Usada -, est victime d'une crise cardiaque en 2007.
Il est alors, depuis six ans déjà, le maître à penser de l'Oregon Project, un groupe d'entraînement de très haut niveau financé par Nike, qui façonnera de sacrés palmarès dont celui du Britannique Mo Farah, quadruple champion olympique (2012-2016) et sextuple champion du monde sur 5.000 et 10.000 m.
Ses méthodes sont gagnantes mais au sein des Agences mondiale et américaine antidopage, on mène l'enquête. Qui aboutit aujourd'hui à des accusations de trafic de testostérone, d'injection d'un complément au-delà des doses autorisées et de tentative d'altération de preuves.
S'il compte faire appel, l'avenir de Salazar dans l'athlétisme semble tout de même fortement compromis.
Dans son communiqué publié lundi, en réaction à sa suspension pour quatre ans par l'agence américaine antidopage pour "organisation et incitation à une conduite dopante interdite", Salazar, 61 ans, a repris une des conclusions de l'Usada pour sa défense.
"Le défendeur n'apparaît pas avoir été motivé par l'intention de commettre les violations de règles constatées par le comité", a établi l'instance. L'entraîneur a en revanche omis de mentionner la suite: "Malheureusement, son désir a obscurci son jugement par rapport au respect de la règle".
"Désir". Au fond, tout a toujours été question de cela avec Salazar, même si les mots "volonté", "détermination" voire "obsession" semblent mieux indiqués pour celui qui a dédié sa vie au dépassement de soi et à la victoire coûte que coûte.
"Si vous voulez atteindre un objectif élevé, vous allez devoir prendre des risques", a dit un jour celui qui s'est écroulé d'épuisement après avoir remporté le marathon de Boston en 1982, parce qu'il n'avait rien bu de toute la course.
Plus d'une fois, il a ainsi fini à l'hôpital. En 1978, au terme de la Falmouth Road Race (Massachussets), sa température corporelle a atteint 42,2 degrés. Sûr de le perdre, le médecin avait fait appeler le prêtre...
"Après la course, je me suis dit: +Bien, je me suis endurci+", écrira-t-il plus tard dans son autobiographie "14 Minutes".
En 1982, Salazar, âgé de 24 ans, domine la discipline au niveau national, comme en atteste sa troisième victoire d'affilée au marathon de New York, après son succès à Boston dans le meilleur temps de sa carrière (2h08:52). Un an plus tôt, il avait même fait mieux en s'imposant à New York en 2 h 8 min 13, établissant alors un record du monde, finalement non homologué car la distance parcourue était inférieure de 148 mètres aux 42,195 km officiels.
C'est à une trentaine de kilomètres des lieux de son exploit bostonien, à Wayland que le jeune Alberto a grandi. Né à La Havane le 7 août 1958, il a deux ans quand sa famille émigre aux Etats-Unis. Son père, José, ancien ami de Fidel Castro, est devenu un de ses opposants.
Dans ses mémoires, Salazar raconte être animé d'"une rage qui remonte à son enfance", marquée par les disputes et autres drames qui se déroulaient entre immigrés cubains sous le toit familial.
En 1976, il intègre l'université de l'Oregon où il commence à expérimenter différents procédés et produits pour améliorer ses performances. Il s'entraîne avec un masque contenant des cristaux chimiques absorbant l'oxygène, pour recréer les conditions d'une course en altitude; il prend du diméthylsulfoxyde, utilisé contre l'inflammation chez les chevaux de race, pour aider ses muscles à mieux récupérer.
Celui qu'on surnomme alors "M. Persistance" voit pourtant son corps, meurtri par les blessures et sollicité à outrance, le lâcher aux JO-1984 de Los Angeles où il finit 15e du marathon.
Il prend sa retraite en 1988 après avoir raté la qualification pour les Jeux de Séoul. Il ouvre un restaurant, se consacre à sa femme et leurs trois enfants, mais souffre de dépression. On lui prescrit du Prozac, ce qui selon lui soigne aussi ses symptômes physiques et l'encourage à revenir dans l'athlétisme, en tant qu'entraîneur.
Salazar, qui prend aussi de la testostérone - "de façon thérapeutique", dit-il à l'Usada -, est victime d'une crise cardiaque en 2007.
Il est alors, depuis six ans déjà, le maître à penser de l'Oregon Project, un groupe d'entraînement de très haut niveau financé par Nike, qui façonnera de sacrés palmarès dont celui du Britannique Mo Farah, quadruple champion olympique (2012-2016) et sextuple champion du monde sur 5.000 et 10.000 m.
Ses méthodes sont gagnantes mais au sein des Agences mondiale et américaine antidopage, on mène l'enquête. Qui aboutit aujourd'hui à des accusations de trafic de testostérone, d'injection d'un complément au-delà des doses autorisées et de tentative d'altération de preuves.
S'il compte faire appel, l'avenir de Salazar dans l'athlétisme semble tout de même fortement compromis.