Saïd Charradi à propos du Moussem de Tan Tan : « La chanson hassanie n’a pas la place qui lui revient »


Propos recueillis par Ahmadou El-Katab
Jeudi 17 Décembre 2009

Saïd Charradi à propos du Moussem de Tan Tan : « La chanson hassanie n’a pas la place qui lui revient »
La sixième édition du Moussem de Tan Tan
qui vient de prendre
fin n’aurait pas
atteint ses objectifs.
Les artistes locaux auraient été négligés
par les organisateurs. Témoignage sous forme d’entretien de Saïd Charradi, l’un des premiers musiciens
originaires de nos
provinces sahariennes
à avoir composé,
interprété et mis en clip une chanson relatant l’essor de celles-ci.

Libé : Saïd Charradi, vous êtes le premier artiste, sinon l’unique issu de nos provinces sahariennes à avoir composé et interprété des chansons qui mettent en exergue l’essor de ces provinces, le Moussem de Tan Tan vient de s’achever. Quel est son impact sur les artistes locaux ?

Saïd Charradi : Le Moussem de Tan Tan est l’un des plus importants que connaissent les provinces du Sud. Il s’occupe du patrimoine culturel hassani auquel il donne une diffusion et une aura sur le plan international. A travers ce Moussem, on redécouvre d’importants aspects de la culture nomade, tant à travers la course de dromadaires qu’à travers les fantasias exécutées par des cavaliers locaux. Sans oublier le rôle qu’il joue dans la mise en valeur de l’artisanat sans lequel le patrimoine culturel hassani reste incomplet. Il permet également la découverte par le public de certains artistes, à travers les soirées musicales organisées tout au long de ce Moussem.

Comment  évaluez-vous la participation de l’artiste musicien issu de nos provinces sahariennes à ce Moussem ?

Je le dis, en toute franchise,comme dans toutes les manifestations, qu’il s’agisse de Moussem ou de festivals, le musicien hassani local  n’a pas la place qui lui revient. Aucune valeur ne lui est accordée. De ce fait, il ne lui est pas permis de créer. Cette situation résulte de la faiblesse des responsables qui supervisent l’organisation de ces différentes manifestations.

Quelle est le plus que ces festivals ou manifestations apportent au musicien issu des provinces sahariennes, que  soit sur le plan artistique et/ou financier ? Quel est le cachet des artistes locaux par soirée ?

Bien que je n’aie pas assisté à cette édition, je sais que sur le plan financier, l’apport est dérisoire, les montants octroyés sont insignifiants, quand on sait qu’une troupe composée de dix éléments perçoit la modique somme de 3000 à 4000 dirhams par soirée. Soit 300 à 400 dirhams par individu. Que peut-on faire avec une telle rémunération ? Rien, ni enregistrement, ni clip. Pour ce qui est de l’aspect artistique et moral, les manifestations de ce genre permettent aux artistes de côtoyer d’autres artistes venus d’autres horizons et d’échanger les idées et les expériences. Ce qui se traduit parfois par des œuvres communes.

Quelles sont les nouveautés et   les perspectives de Saïd Charradi ?

En ma qualité de président de l’Association Manar pour la culture et le chant hassani, j’ai soumis une demande de partenariat à différents organismes officiels dont la wilaya de Laâyoune, l’Agence du Sud, le ministère de la Culture, entre autres, pour la subvention d’une opérette à laquelle participeront différents artistes des provinces du Nord. A travers cette œuvre, nous dénoncerons la séquestration de nos compatriotes et les manœuvres diaboliques  visant notre intégrité et notre cause nationale qui traverse, en ce moment, une période de turbulence.

Entretenez-vous des liens avec des artistes des pays voisins comme la Mauritanie ou les Canaries ?

Mes relations sont très solides avec l’auteur compositeur mauritanien Arfat Ould Meidah, avec lequel nous projetons deux clips pour dénoncer le trafic d’êtres humains, à travers l’immigration clandestine. Le second dénonce le trafic et l’usage de la drogue. Dans les Canaries, j’entretiens des relations avec des troupes  avec lesquelles nous nous proposons une interprétation en arabe sur des rythmes flamenco.


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