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Dommage collatéral: la visite en France du roi Charles III, prévue de dimanche à mercredi, est "reportée", "compte tenu de l'annonce d'une nouvelle journée d'action" mardi, a annoncé l'Elysée.
Entrée dans son troisième mois, la contestation dans la rue contre la réforme a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT).
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a réclamé vendredi que le gouvernement mette "sur pause" la réforme des retraites et ouvre une négociation plus globale avec les syndicats, qui comprendrait par exemple "l'emploi des seniors", "l'usure au travail" ou "les aménagements de fin de carrière".
Il faut "se donner six mois pour regarder, et sur le travail et sur les retraites, comment il faut reprendre les choses à l'endroit", a-t-il déclaré sur RTL, estimant qu'"il faut calmer le jeu avant qu'il y ait un drame".
Dans la rue jeudi, les manifestants ont exprimé leur colère face au 49.3 utilisé par le gouvernement et l'intervention mercredi du président de la République.
Aurélie Thieffry, 35 ans, animatrice périscolaire dans le Finistère, s'est dite dans le cortège brestois convaincue de pouvoir faire reculer l'exécutif: "ça va être compliqué mais avec un peu d'organisation, c'est possible d'y arriver".
"On sent qu'il y a un élan extrêmement fort de la population (...) tant qu'il y a un calendrier qui nous permet d'agir, on est mobilisé", a commenté Marylise Léon, numéro deux de la CFDT à l'issue de l'intersyndicale qui a aussi appelé à des rassemblements syndicaux de proximité ce weekend.
Les syndicats, rassurés par les chiffres de la mobilisation, ont été aussi ragaillardis par des cortèges où les jeunes sont manifestement venus plus nombreux.
Des lycées étaient de nouveau bloqués vendredi matin, à l'image du lycée Condorcet dans le 9e arrondissement de Paris. Le ministère de l'Education nationale a recensé 12 blocages, autant de blocages filtrants, 10 tentatives de blocages et 4 autres formes de perturbation (rassemblement, distribution de tracts). Les syndicats lycéens Fidl et la Voix lycéenne appellent les lycéens à une mobilisation à partir de lundi et jusqu'à la fin de la semaine.
La violence qui n'avait jusqu'ici été que sporadique, a fait une entrée en scène spectaculaire jeudi.
Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, "scènes de chaos" dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient (Morbihan)... Les violences sont montées d'un cran, presque partout dans les métropoles. "Inacceptables", a jugé la Première ministre Elisabeth Borne.
A Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis tard dans la soirée dans le sillage de cortèges dits "sauvages", à rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état vendredi de 457 interpellations, et de 441 blessés dans les rangs des forces de l'ordre.
"Nous avons une crise profondément politique, qui réclame une réponse politique et on y apporte une réponse policière", a dénoncé sur BFMTV le député LFI François Ruffin.
Aux yeux de Simon Duteil (Solidaires), c'est le gouvernement qui "se radicalise, nous on est massif et déterminé".
Les mobilisations anti-bassines dans les Deux-Sèvres ce week-end promettent un sacré défi pour l'exécutif.
Celui-ci reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron avait défendu bec et ongles mercredi une réforme "nécessaire" pour les finances publiques, assumant son "impopularité".
A l'issue de ce nouvel épisode d'un conflit qui s'enlise, les responsables politiques de gauche ont invité les Français à amplifier encore la contestation, le chef des communistes Fabien Roussel appelant à "mettre le pays à l'arrêt". Après le report de la visite de Charles III, Jean-Luc Mélenchon (LFI) a lancé vendredi sur Twitter que "la réunion des rois à #Versailles" a été "dispersée par la censure populaire".
Pour Marine Le Pen (RN) "Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple".
Le secteur de l'énergie -gaz, pétrole, électricité- reste particulièrement mobilisé mais l'approvisionnement du bassin parisien en carburants par la grande raffinerie de TotalEnergies de Gonfreville-L'Orcher en Normandie a repris vendredi après une intervention des forces de l'ordre.