L'Institut d'études démographiques de Washington (Population Reference Bureau) a rendu public le 12 août un rapport estimant que la population de la terre allait atteindre 7 milliards de personnes en 2011. Est-ce que la respiration de ces 7 milliards d'être humains et surtout leur expiration de gaz carbonique (CO2) contribuent et contribueront au réchauffement climatique?
En fait, non. Les êtres humains expirent bien près de 3 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an, mais ce carbone est le même que celui qui est absorbé dans l'atmosphère par les plantes que nous cultivons pour manger. (Quand nous mangeons de la viande, nous absorbons le même carbone sauf que la chaîne est plus longue et qu'il est passé des plantes aux animaux avant d'entrer dans notre corps). La seule et unique façon d'ajouter vraiment du carbone dans l'atmosphère consiste à le prendre de combustibles fossiles comme le pétrole et le charbon dans lesquels il est stocké depuis des centaines de millions d'années et de le répandre dans l'atmosphère en les brûlant. Alors, respirez tranquillement!
L'être humain expire en moyenne un peu plus d'un kilo (1043 grammes) de dioxyde de carbone par jour. La quantité exacte dépend notamment du niveau d'activité physique. Une personne qui se dépense vigoureusement peut produire jusqu'à huit fois plus de CO2 qu'un sédentaire. Il faut donc prendre ce chiffre d'un kilo et le multiplier par 7 milliards de personnes respirant pendant 365,25 jours par an et vous obtenez une production annuelle de CO2 de 2,67 milliards de tonnes. Les émissions dans l'atmosphère de dioxyde de carbone provenant de la combustion de combustibles fossiles ont dépassé 34,7 milliards de tonnes en 2008. Donc la race humaine expire environ 8,5% du carbone qu'elle brûle. Pour les experts, ce chiffre n'a aucune signification car la respiration humaine est partie prenante d'un «cycle fermé» dans lequel notre dioxyde de carbone est l'équivalent de celui que nous prenons dans le blé, le maïs, le céleri et les fruits que nous mangeons. Cette affirmation n'est pas contestable.
Mais le «cycle fermé» ne l'est pas totalement. La quantité de carbone qu'un humain expire correspond à celle qu'il absorbe moins celle qui contribue à sa masse corporelle. Cela signifie que le corps humain - comme celui de tous les animaux - est un outil modeste de stockage de carbone. Cela veut dire quoi modeste? Nous sommes tous constitués de 18% de carbone. Si le poids moyen d'un être humain est de 54 kilos - une estimation qui prend en compte les adultes et les enfants - il y a donc environ 9,7 kilos de carbone stocké dans chaque personne. A chaque fois que la population de la planète s'accroît d'un milliard d'être humains (ce que nous faisons maintenant tous les douze ans) nous retirons 10 millions de tonnes de carbone de l'atmosphère, suffisamment pour contrebalancer les émissions de 9 millions de voitures en circulation. Même quand une personne meurt, les os se décomposent très lentement et une petite fraction de votre carbone, cela dépend des conditions de votre enterrement, restera stocké dans le sol. Physiologiquement parlant, l'existence des gens et des animaux d'élevage retire du carbone de l'atmosphère, mais à un rythme très faible.
Mais il ne faut pas se leurrer: chaque nouvel être humain sur terre contribue à l'augmentation du dioxyde de carbone dans l'atmosphère car nous brûlons bien plus de carbone que nous n'en stockons dans notre corps. L'Américain moyen était à l'origine de l'émission l'an dernier de 5,2 tonnes de dioxyde de carbone, ce qui représente 404 tonnes durant sa vie si les émissions restent à ce niveau. Il faut peser presque 2 270 tonnes pour absorber une telle quantité de carbone dans son corps!