Rendez-vous est pris pour le 11ème Congrès national, les 28, 29 et 30 janvier 2022 à Bouznika

La réunion du Conseil national de l’USFP marquée par des échanges fructueux et édifiants de la famille ittihadie


Mourad Tabet
Dimanche 21 Novembre 2021

Rendez-vous est pris pour le 11ème Congrès national, les 28, 29 et 30 janvier 2022 à Bouznika
Le prochain Congrès de l’USFP se tiendra, en présentiel et par visioconférence, les 29, 30 et 31 janvier prochain à Bouznika. Cette décision a été prise samedi dernier (20 novembre 2021) par le Conseil national du parti tenu également en présentiel et à distance dans le respect des mesures sanitaires et préventives mises en place par les autorités publiques pour lutter contre la propagation de la Covid-19.

Le « parlement » de l’USFP a également approuvé à l'unanimité l’amendement de l'article 77 du règlement intérieur en réduisant le délai de la convocation du congrès national de trois à deux mois, et l’amendement du deuxième alinéa de l'article 80 du règlement intérieur en mettant en place la règle de distribution des congressistes sur la base des voix obtenues lors des dernières échéances électorales.

Le Conseil national a appelé la commission préparatoire du Congrès à harmoniser le règlement intérieur dans ses articles relatifs au déroulement du Congrès, à ses travaux et à l'élection de ses instances dirigeantes, avec les dispositions de l’état d'urgence sanitaire, et à présenter ces amendements pour approbation lors du prochain Conseil national qui se tiendra avant le 11ème Congrès.

Et dans le cadre de la bonne préparation de ce Congrès, le Conseil national a également approuvé la nomination de Benyounes El Marzouki à la tête de la Commission politique et de Mohamed Mouhib à la tête de la Commission de la logistique, tandis que Jamal Sebbani a été nommé à la tête de la commission d'organisation.

Les travaux du Conseil national ont été marqués par le discours prononcé par le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, dans lequel il a mis l’accent sur les derniers développements concernant la question du Sahara marocain, tiré à boulets rouges sur le gouvernement actuel et mis à nu ses incohérences et ses bourdes.
 
Sahara marocain : la diplomatie sage du Maroc a déjoué les manœuvres des ennemis du Royaume
 
La question du Sahara marocain constitue depuis toujours la priorité des priorités des dirigeants ittihadis. Driss Lachguar ne déroge pas à cette règle, puisqu’il a commencé son discours devant le « parlement » de l’USFP par la cause nationale et les derniers développements y afférents, notamment la résolution du Conseil de sécurité 2602 votée le 29 octobre dernier.

Selon le dirigeant ittihadi, cette nouvelle résolution est fort importante, contrairement à ce que pensent « certaines personnes à courte vue » considérant qu’elle est presque identique aux résolutions successives adoptées par cette instance onusienne depuis près de 15 ans quant au conflit artificiel  autour du Sahara marocain.

Elle est importante, tout d’abord, vu le contexte dans lequel elle a été prise. Selon Driss Lachguar, les ennemis du Royaume ont tenté, vainement, d’exploiter le retour des démocrates au pouvoir aux Etats-Unis pour les pousser à revenir sur la décision présidentielle américaine reconnaissant la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Ces ennemis ont également fait des pieds et des mains pour l’extension du mandat de la Minurso dans le vain espoir d’y inclure le contrôle de la situation des droits humains au Sahara. Le but étant de  « porter atteinte à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud », a tenu à clarifier Driss Lachguar.

« Mais, la magie s’est retournée contre le magicien et, grâce à la diplomatie sage du Maroc sous la direction de S.M le Roi, nous n’avons pas uniquement pu surmonter toutes ces entraves, mais nous avons aussi réalisé trois acquis importants », a encore souligné le dirigeant ittihadi.

Tout d’abord, aucune allusion n’a été faite dans la dernière résolution du Conseil de sécurité quant à l’intervention des FAR pour sécuriser le flux des biens et des personnes à El Guergarat; ensuite, l’enterrement une fois pour toutes de l’option du référendum, la communauté internationale est fortement convaincue de l’impossibilité de l’organiser et du danger de son organisation pour la stabilité et la sécurité de la région ; et, enfin, la résolution du Conseil de sécurité considère l’Algérie comme partie prenante dans ce conflit artificiel et l’invite à prendre part aux tables rondes sous la houlette du nouvel envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura. 
 
Le soutien critique est «une hérésie »
«Aucun des observateurs, même les plus critiques à l’égard de l'USFP, ne peut nier le score positif obtenu par le parti dans des circonstances difficiles, puisqu'il a pu multiplier ses résultats par 70%», s’est-il réjoui. En fait, le parti de la Rose est arrivé en quatrième position, et ce malgré «le recul des partis sociaux-démocrates dans le monde entier», la montée en puissance des forces de droite, et malgré «les coups» que l’USFP a reçus.

«Ces résultats ne doivent pas uniquement nous satisfaire, mais ils doivent aussi nous pousser à aller de l’avant pour obtenir de meilleurs résultats reflétant la force politique du parti et son histoire, ainsi que les rôles qu'il a joués pour le changement démocratique dans notre pays ».
Après avoir rappelé les concertations au sujet de la formation du gouvernement, Driss Lachguar a affirmé que l’USFP a pris, à l’issue de ces concertations, la bonne décision, à savoir celle de se positionner dans l’opposition.

« L’USFP était ouvert à toute proposition de la part du chef du gouvernement désigné qui devait respecter le poids politique du parti et être en harmonie avec son programme électoral », a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Il était tout à fait normal de rappeler nos conditions après avoir reçu l’offre du chef du gouvernement désigné et par la suite de nous positionner dans l'opposition, car il ne pouvait pas y avoir de position intermédiaire ». Le dirigeant socialiste fait allusion au soutien critique qu’il a qualifié d’« hérésie », tout en rappelant le parti (le PJD en l’occurrence) qui, sous le couvert du « soutien critique », a pratiqué une « opposition agressive » à l’égard du gouvernement de l’Alternance sous la direction de feu Abderrahmane El Youssoufi.

« Il faut noter que le contexte à cette époque était un contexte de transition d'une étape de répression généralisée à une étape de mise en place des possibilités de changement démocratique, après des années de malentendus, dont le coût a été fort élevé pour notre pays, et dont ont bénéficié uniquement les poches de résistance au changement, qui vouent une aversion profonde au gouvernement de l’Alternance. En d’autres termes, nous étions dans une période fondatrice d'un tournant historique », a soutenu Driss Lachguar avant de préciser que les institutions de notre pays ne sont pas fragiles et qu’il n’y a ni lutte pour le pouvoir ni contestation de sa légitimité et, partant,  « ce que nous avons vécu, ce sont les outputs d'un processus électoral normal qui a conduit à un changement dans les composantes du gouvernement, qui à son tour peut changer, que ce soit par le biais d'un remaniement ministériel ou lors des prochaines élections, alors pourquoi opter pour le soutien critique ou l’opposition constructive ? ».

« Aujourd'hui, quand on voit la confusion du gouvernement, sa volonté de domination, et son rejet de toute approche participative, je vous avoue que je suis convaincu du bien-fondé  non seulement de notre décision de nous positionner dans l’opposition, mais aussi du bien-fondé de l’opinion de nombre de bases du parti qui faisaient pression pour un retour à l'opposition dès l’annonce des résultats des échéances électorales et l’apparition d’une orientation vers la construction d'un concept de majorité prépotente », a-t-il martelé.

Pour preuve, les partis de la majorité, selon lui, ont exercé une pression pour dominer tous les conseils régionaux et la plupart des conseils provinciaux et ceux des grandes villes. Pis encore, « nous craignions qu'ils n'utilisent cette prépotence pour punir les conseils que nous dirigeons, ou que dirigent les autres partis d'opposition, étant donné qu’ils sont ordonnateurs dans leurs ministères qui sont en charge des projets dans les villes, les collectivités rurales, les arrondissements et les provinces, et ce sont eux qui gèrent les budgets des conseils régionaux qui jouent un rôle non négligeable dans le développement ».

Et cette prépotence s’est étendue jusqu’à l’institution législative. En effet, les partis de la majorité gouvernementale, d’après Driss Lachguar, exercent la mainmise sur le bureau de la Chambre des représentants et des commissions parlementaires, et même lors des séances hebdomadaires des questions orales, la majorité monopolise 80% des interventions, contre seulement 20% pour l'opposition, ce qui constitue un fâcheux précédent.

« La coutume et la logique exigent que le nouveau Parlement établisse son règlement intérieur en fonction de sa nouvelle composition, permettant au pluralisme et à la participation d’être parmi les principes gouvernant le fonctionnement de l'institution législative », a-t-il lancé.
 
La nouvelle alternance a été avortée par les partis de la majorité
Les résultats des élections traduisent, selon le dirigeant ittihadi, le souhait des Marocains de mettre en place une nouvelle alternance et de mettre fin à l’hégémonie de la tendance conservatrice. Mais « cette nouvelle alternance a été avortée », a-t-il soutenu. Et de préciser qu’après les résultats des élections, tout le monde s’attendait à « une transition d'un gouvernement dirigé par un parti conservateur durant dix ans, à un gouvernement aux orientations libérales, mais malheureusement quand on a écouté la déclaration du gouvernement et ensuite quand on a lu le PLF 2022, nous nous sommes rendu compte que nous sommes de nouveau devant un gouvernement conservateur, et donc les trois partis ont avorté la nouvelle alternance voulue par les urnes, et ont choisi de poursuivre une politique conservatrice ».

S’inspirant de son référentiel social-démocrate et du programme électoral du parti mettant l’accent sur la nécessité d’une nouvelle alternance à vocation sociale et démocratique à même de permettre à l'ensemble des Marocains de jouir d'une vie décente, le dirigeant de l’USFP a mis à nu les mesures antisociales du gouvernement. D’après lui, le PLF 2022 regorge de dispositions allant à l’encontre de l'Etat social qui, paradoxalement, est présent dans la déclaration du gouvernement. Le gouvernement n’a pas eu le courage d’opérationnaliser les principales recommandations formulées lors de la troisième édition des Assises de la fiscalité et « qui constituent une feuille de route vers la justice fiscale », sans parler du fait que le taux de croissance fixé à 3,2% reflète l'absence d'ambition et aussi de créativité. Selon lui, ce taux ne permettra pas la création des postes d’emploi promis et qui restent d’ailleurs modestes par rapport à ceux perdus durant la crise sanitaire du Covid-19. « Ce taux ne pourra, dans le meilleur des cas, créer qu'environ 70.000 postes, et pas les 125.000 promis dans le PLF 2022, et même moins que les 250.000 postes prévus annuellement dans la déclaration du gouvernement, sachant que nous avons perdu environ un million d'emplois pendant la pandémie », a fait savoir le dirigeant ittihadi.

Rendez-vous est pris pour le 11ème Congrès national, les 28, 29 et 30 janvier 2022 à Bouznika
La situation est d’autant plus alarmante que « ce taux, à son tour, est basé sur des prévisions que nous ne contrôlons pas, c'est-à-dire que ce n'est pas nous qui contrôlons le rendement de l'année agricole, car cela relève du monde de l’imprévisible. De même, les prix moyens des produits énergétiques présentés dans le PLF comme hypothèses sont trop optimistes et loin des chiffres fournis par les experts, qui prévoient des hausses des prix, et l'un des indicateurs en est que le prix du gaz aujourd'hui sur le marché international est le double de celui présenté dans le PLF ».
 
Ce sont les classes moyenne et défavorisée qui payent chèrement la facture sociale
 
Mais qui va payer chèrement la facture de ce cafouillage chez l’équipe gouvernementale actuelle ? La réponse, pour Driss Lachguar, est fort évidente : « Ce sont les classes moyenne et défavorisée qui payent chèrement la facture » de la politique antisociale du gouvernement dont les grands traits s’annoncent dans le PLF 2022. « On n’arrivera pas avec ce gouvernement à l’élargissement de la classe moyenne qui, avec ces mesures fiscales, va tomber inévitablement dans la prolétarisation ».

Pour cette raison, le dirigeant ittihadi tire la sonnette d’alarme et met en garde le gouvernement contre l’adoption du PLF avec sa majorité numérique, car son application tel qu’il est ne peut que « conduire à des tensions sociales qui pourraient mettre en péril la paix sociale, laquelle est une condition sine qua non pour la mise en œuvre des dispositions du nouveau modèle de développement ».

Et ce qui pourrait attiser les tensions sociales, selon le dirigeant ittihadi, est la circulaire du ministère de l’Education nationale fixant de nouveaux critères de sélection des enseignants, parmi lesquels un âge maximum requis de 30 ans « sans justifications raisonnables » et contrairement à la loi de la fonction publique fixant l'âge d'embauche à 45 ans pour les catégories qui seront classées dans l’échelle 10, ainsi que les lois régissant les AREF fixant la limite d’âge maximum à 40  ans».

Selon Driss Lachguar, cette nouvelle mesure gouvernementale exclut, de facto, de larges groupes de jeunes qui aspirent à passer le concours de l’enseignement, ce qui exacerbe l'état de frustration chez eux, sachant que la plupart d'entre eux sont des diplômés d'universités à accès ouvert qui n’ont pas de nombreuses opportunités d’intégration au marché du travail.

« On ne peut considérer cette mesure que comme une traduction des orientations gouvernementales néolibérales, qui sont loin de toute orientation vers l'État social, et révèlent la futilité de ses prétentions.
 
Habib El Malki : L'ambition du parti d’adhérer à la modernité politique passe par une ouverture sur les technologies de communication modernes
 
Pour sa part, Habib El Malki, président du Conseil national de l'USFP, a souligné, dans son allocution d’ouverture des travaux du « parlement » de l’USFP, que le prochain Congrès national doit être « une étape importante dans le parcours du parti et son évolution ». Et de préciser : « Plus que jamais, nous sommes appelés à rénover notre discours et nos méthodes de travail pour construire un parti fort qui contribue efficacement à la vie publique et redonne confiance aux citoyens dans la capacité de l'action politique à édifier une société développée économiquement, socialement et institutionnellement ; un parti capable de faire face aux défis du présent et de l’avenir, ce qui nécessite une grande mobilisation et une culture d'initiative, de créativité, d'ouverture, de communication et d’invention de nouvelles méthodes qui correspondent au développement et à la transformation profonde que connaît la société, et également aux changements internationaux que nous vivons».

Le président du Conseil national de l’USFP a souligné que l'ambition du parti d’adhérer à la modernité politique passe par une ouverture sur les technologies de communication modernes en plaçant l’USFP au centre de la révolution numérique et médiatique, soulignant que «notre parti ne manque pas de bons textes et de référentiels avancés, mais il a besoin d’une feuille de route et d’une action quotidienne» pour opérer cette révolution.

« Sans aucun doute vous ressentez l’importance de l’étape que traverse notre pays sur les plans politique et social et des défis national, régional et international dans lesquels se tient le Conseil national du parti »,

Pour cette raison, Habib El Malki a appelé les membres du Conseil national à prendre en considération les derniers développements survenus dans notre environnement aussi bien régional qu’international, qui auront, de toute évidence, un impact notable sur la région dans laquelle nous vivons, soulignant que « notre parti devrait suivre ces développements avec grand intérêt et prendre à propos d’eux un certain nombre d'initiatives et de positions afin de renforcer les liens de partenariat et de compréhension entre les pays et les peuples de la région ».

Parmi ces initiatives figure celle se rapportant à « la question de notre intégrité territoriale en tant que priorité dans notre action envers les partis alliés et amis et conformément aux messages forts, fermes et clairs du dernier discours Royal à l'occasion de l’anniversaire de la glorieuse Marche Verte, ce qui nécessite de jeter les bases d'une nouvelle approche de la coopération extérieure pour rendre la diplomatie de notre parti plus efficace, efficiente et qualifiée pour faire face aux changements et défis futurs ».

Les interventions des membres du Conseil national ont enrichi les débats sur toutes les questions politiques et organisationnelles évoquées dans les discours aussi bien du Premier secrétaire que du président du Conseil national. Ils ont également tenu à saluer les efforts consentis par la direction du parti pour que ce dernier puisse atteindre les premières positions dans le champ politique marocain.


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