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Faux procès
Pour le climatologue Mohammed Saïd Karrouk, il s’agit d’un faux procès. Selon lui, l’épuisement des ressources en eau est de la responsabilité des autorités qui n’ont pas anticipé la crise alors que les indicateurs annonçant un stress hydrique se sont manifestés depuis des années. En effet, les alertes concernant la pénurie d’eau ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà en 2013, des chercheurs ont révélé que Casablanca perd 48 millions de m3 d’eau chaque année, soit 48 milliards de litres tout en indiquant que la ville risquerait une pénurie d’eau à partir de 2020 si elle ne prenait pas des mesures urgentes pour pallier ce grave déficit qui se creuse d’une année à l’autre. Le chercheur marocain Moulay Driss Hasnaoui a également souligné à la même date que le Royaume est menacé d’une pénurie d’eau à l’horizon 2025 comme en témoigne la baisse des disponibilités en eau de consommation par habitant qui ont chuté de 1.700 m3 dans les années 70 à 720 m3 en 2013.
Le professeur Mohammed Saïd Karrouk estime que la situation ne va pas trop changer et risque d’empirer davantage dans les années à venir. Notamment avec la croissance démographique et urbanistique rapide que connaît la capitale économique. D’après certaines prévisions, la ville connaîtra dans un avenir proche une expansion estimée à 20.000 ha, soit un élargissement de 300 hectares par an. Ce qui induit le prolongement des réseaux existants et la mise en place de nouvelles capacités de ravitaillement en ressources d’eau. Car, si les Casablancais ont consommé 394.000 m3 par jour en 2012, ils auront besoin de 600.000 m3 en 2030. Ceci d’autant plus que la ville ne dispose pas de ressources hydrauliques propres puisque 99% d’entre elles proviennent de l’oued Oum Errabiâ (53 millions de m3) et Bouregreg (14 millions de m3).
Précipitation et improvisation
Notre interlocuteur estime que les autorités affrontent la crise avec les moyens du bord et la gestion de la crise se fait dans la précipitation voire après coup. Parfois dans l’improvisation. Tel est le cas de la décision de vider des barrages, principalement les plus grands situés au centre et au sud du Maroc. Cependant, il trouve inacceptable et inconcevable que plus de 90% des ressources en eau au Maroc soient destinées à l’irrigation. D’autant plus qu’il s’agit en grande partie (filières agrumicoles, oléicoles, maraîchères et fruitières), de filières essentiellement dirigées vers l’export, excessivement intensives et gaspilleuses d’une ressource rare qui est l’eau et non à garantir la sécurité alimentaire du pays.
« Cet état des lieux risque de durer tant que les grands agriculteurs bénéficient largement de la situation que ce soit dans les temps de crise ou d’accalmie. En fait, ils bénéficient de la gratuité de l’eau dans les temps de prospérité et des subventions dans les temps de crise. A rappeler que près de 70% des 10 milliards de DH du programme de soutien aux agriculteurs leur sont destinés. C’est un choix de l’Etat qui a opté pour une économie de marché et une adhésion à la théorie de la croissance exogène, orientée vers l’exportation et permettant de s’intégrer à l’économie mondiale ». nous a-t-il expliqué.
L’agriculture pèse lourd
Un document du HCP intitulé «Modélisation de la consommation en eau intersectorielle dans l’économie marocaine», a effectivement révélé que l’agriculture pèse pour 87% dans la consommation directe annuelle d’eau. Elle est suivie des secteurs Administration publique/éducation/santé (5%), BTP (2%), commerce (1%), électricité & eau (1%) et hôtels & restaurants (1%). Les 3% restants sont partagés entre d’autres secteurs.
En outre, ledit document a revêté que «la consommation d’eau dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche/aquaculture est élevée par rapport à leurs productions respectives. «Par conséquent, ce sont des exemples typiques de secteurs stratégiques de l’économie marocaine ayant une faible efficacité d’utilisation de l’eau», souligne le document.
De leur côté, les secteurs des BTP et de l’Administration publique éducation-santé affichent une consommation en eau par unité produite qui n’est pas aussi élevée comme l’on pourrait le croire. C’est le cas par exemple de l’Administration publique, éducation-santé dont la consommation par unité produite n’atteint que 3,7%, en raison de sa production élevée.
Concernant la consommation annuelle d'eau par habitant, elle atteint actuellement 720 m3, contre 2500 m3 auparavant, d’après des données de l’ancien département de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement.
H.B