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Légende du vélo et du sport français, Raymond Poulidor, décédé mercredi à l'âge de 83 ans, a traversé les époques, des années 60 au XXIe siècle, en gardant une popularité intacte sans avoir jamais porté le maillot jaune du Tour de France.
Le Français a incarné le champion accessible et laborieux, aussi méritant que malchanceux, au fil d'une carrière entamée en 1960 et terminée à 40 ans passés. Un demi-siècle plus tard, toujours présent dans le village-départ des étapes du Tour, il continuait à signer des autographes à des admirateurs de tous âges: "J'ai la hantise de ne pas être reconnu dans la rue", avouait-il.
Né le 15 avril 1936 à Masbarraud-Mérignat, petit village rural du centre de la France, Poulidor était devenu à l'âge adulte "Poupou". Ce surnom affectueux lui fut très vite donné par le public qui appréciait plus encore la sportivité et la simplicité du champion, que ses performances.
Parce qu'il savait perdre aussi bien que gagner, parce qu'il courait sans perdre le sourire après un insaisissable maillot jaune au long de quatorze participations dans le Tour ("le maillot jaune, souriait-il, c'est un regret pour mes supporters mais moi, je ne serais ni plus riche ni plus heureux"), parce qu'il s'était imposé comme le rival de Jacques Anquetil, son opposé à maints égards, Poulidor, le fils de métayers au visage buriné, était devenu une légende pour plusieurs générations de Français.
"Cette popularité, disait-il, je ne me la suis jamais vraiment expliquée. Elle ne m'a pas toujours rendu service. Elle modérait mes ambitions. Premier ou deuxième, on me réservait toujours le même accueil. Je me souviens des journalistes, les soirs de grande défaite. Ils osaient à peine pousser ma porte, tant ils me pensaient abattu, et ils me trouvaient réjoui. La seule fois où j'ai été sifflé, à l'arrivée du Tour de France 1963, j'ai été piqué au vif. Je me suis entraîné comme un damné et, quelques semaines plus tard, j'ai gagné le Grand Prix des Nations".
Rien n'était plus injuste que le mythe de "l'éternel second". Car le palmarès du coureur était des plus enviables, quand bien même il y manqua toujours le Tour de France. Il le termina à huit reprises sur le podium, la première fois en 1962 (troisième), la dernière fois en 1976 (troisième également).
Vainqueur de Milan-San Remo (1961), dès sa deuxième saison chez les "pros", il remporta aussi le Championnat de France sur route (1961), la Flèche Wallonne et le Grand Prix des Nations (1963), le Tour d'Espagne (1964), le Dauphiné (1966 et 1969), Paris-Nice (1972 et 1973). Et tant d'autres...
En 1964, il enleva aussi le Super-Prestige Pernod, désignant le meilleur coureur de la saison. La même année, dans le Tour de France, il livra un duel homérique avec Jacques Anquetil sur les pentes du Puy-de-Dôme. Il parvint à distancer son grand rival, mais insuffisamment pour endosser le maillot jaune. A Paris, il s'inclina finalement de 55 secondes.
Ce solide grimpeur, capable aussi de gagner des contre-la-montre, fut aussi un phénomène de longévité et de fidélité à une équipe (Mercier), la seule durant toute sa carrière. Avant de quitter le peloton, le 2 octobre 1977 à Cannes, il fut le plus rude adversaire d'Eddy Merckx dans le Tour de France 1974 (deuxième). A 38 ans ! Cette année-là, il monta sur le podium du Championnat du monde à Montréal (deuxième), toujours derrière le Belge.
Marié à une postière, Gisèle, père de deux enfants, Isabelle et Corinne, laquelle a pour fils le prodige néerlandais Mathieu Van der Poel, Poulidor, qui était doté d'un proverbial sens de l'économie, cultivait encore son incroyable popularité par des activités de consultant et, jusqu'à ces dernières années, des visites à travers la France pour s'occuper des vélos portant son nom.
"Je suis content de ma vie", confia-t-il un jour. "Déjà, quand je courais, les autres me le reprochaient: "Alors toi, tu ne protestes jamais ?" Mais, contre quoi aurais-je protesté ? On nettoyait mon vélo, on me massait tous les soirs, j'étais logé, je mangeais bien, c'était la vie rêvée".
Pendant le Tour de France, qu'il a suivi jusqu'à l'été dernier en tant qu'ambassadeur pour une banque, il continuait à bénéficier de ce que le journaliste Antoine Blondin appela en son temps la "vox populidor". Cet engouement se traduisait par d'innombrables "Allez Poupou !", le cri de ralliement de ses supporters de tous âges puisque le phénomène perdurait à travers les générations.
"C'est bizarre", s'étonnait ce symbole d'une France rurale que les sociologues affirment en voie de disparition, "on dirait que ma réputation traverse les âges !"
Le Français a incarné le champion accessible et laborieux, aussi méritant que malchanceux, au fil d'une carrière entamée en 1960 et terminée à 40 ans passés. Un demi-siècle plus tard, toujours présent dans le village-départ des étapes du Tour, il continuait à signer des autographes à des admirateurs de tous âges: "J'ai la hantise de ne pas être reconnu dans la rue", avouait-il.
Né le 15 avril 1936 à Masbarraud-Mérignat, petit village rural du centre de la France, Poulidor était devenu à l'âge adulte "Poupou". Ce surnom affectueux lui fut très vite donné par le public qui appréciait plus encore la sportivité et la simplicité du champion, que ses performances.
Parce qu'il savait perdre aussi bien que gagner, parce qu'il courait sans perdre le sourire après un insaisissable maillot jaune au long de quatorze participations dans le Tour ("le maillot jaune, souriait-il, c'est un regret pour mes supporters mais moi, je ne serais ni plus riche ni plus heureux"), parce qu'il s'était imposé comme le rival de Jacques Anquetil, son opposé à maints égards, Poulidor, le fils de métayers au visage buriné, était devenu une légende pour plusieurs générations de Français.
"Cette popularité, disait-il, je ne me la suis jamais vraiment expliquée. Elle ne m'a pas toujours rendu service. Elle modérait mes ambitions. Premier ou deuxième, on me réservait toujours le même accueil. Je me souviens des journalistes, les soirs de grande défaite. Ils osaient à peine pousser ma porte, tant ils me pensaient abattu, et ils me trouvaient réjoui. La seule fois où j'ai été sifflé, à l'arrivée du Tour de France 1963, j'ai été piqué au vif. Je me suis entraîné comme un damné et, quelques semaines plus tard, j'ai gagné le Grand Prix des Nations".
Rien n'était plus injuste que le mythe de "l'éternel second". Car le palmarès du coureur était des plus enviables, quand bien même il y manqua toujours le Tour de France. Il le termina à huit reprises sur le podium, la première fois en 1962 (troisième), la dernière fois en 1976 (troisième également).
Vainqueur de Milan-San Remo (1961), dès sa deuxième saison chez les "pros", il remporta aussi le Championnat de France sur route (1961), la Flèche Wallonne et le Grand Prix des Nations (1963), le Tour d'Espagne (1964), le Dauphiné (1966 et 1969), Paris-Nice (1972 et 1973). Et tant d'autres...
En 1964, il enleva aussi le Super-Prestige Pernod, désignant le meilleur coureur de la saison. La même année, dans le Tour de France, il livra un duel homérique avec Jacques Anquetil sur les pentes du Puy-de-Dôme. Il parvint à distancer son grand rival, mais insuffisamment pour endosser le maillot jaune. A Paris, il s'inclina finalement de 55 secondes.
Ce solide grimpeur, capable aussi de gagner des contre-la-montre, fut aussi un phénomène de longévité et de fidélité à une équipe (Mercier), la seule durant toute sa carrière. Avant de quitter le peloton, le 2 octobre 1977 à Cannes, il fut le plus rude adversaire d'Eddy Merckx dans le Tour de France 1974 (deuxième). A 38 ans ! Cette année-là, il monta sur le podium du Championnat du monde à Montréal (deuxième), toujours derrière le Belge.
Marié à une postière, Gisèle, père de deux enfants, Isabelle et Corinne, laquelle a pour fils le prodige néerlandais Mathieu Van der Poel, Poulidor, qui était doté d'un proverbial sens de l'économie, cultivait encore son incroyable popularité par des activités de consultant et, jusqu'à ces dernières années, des visites à travers la France pour s'occuper des vélos portant son nom.
"Je suis content de ma vie", confia-t-il un jour. "Déjà, quand je courais, les autres me le reprochaient: "Alors toi, tu ne protestes jamais ?" Mais, contre quoi aurais-je protesté ? On nettoyait mon vélo, on me massait tous les soirs, j'étais logé, je mangeais bien, c'était la vie rêvée".
Pendant le Tour de France, qu'il a suivi jusqu'à l'été dernier en tant qu'ambassadeur pour une banque, il continuait à bénéficier de ce que le journaliste Antoine Blondin appela en son temps la "vox populidor". Cet engouement se traduisait par d'innombrables "Allez Poupou !", le cri de ralliement de ses supporters de tous âges puisque le phénomène perdurait à travers les générations.
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Le dernier hommage à Raymond Poulidor
Amis, gloires du cyclisme et anonymes ont bravé le froid mardi matin dans le village limousin de Saint-Léonard-de-Noblat, pour un dernier hommage à Raymond Poulidor, mort mercredi à l'âge de 83 ans.
Pour pénétrer dans la collégiale, dont le portail roman était orné d'une grande photo de "Poupou" encore sur son vélo dans ses vieux jours, le cercueil a notamment été porté par les grands champions Bernard Hinault et Bernard Thévenet, deux des trois derniers vainqueurs du Tour présents avec Lucien Aimar. Au son de l'accordéon, joué à plusieurs reprises autour du cercueil.
Pour pénétrer dans la collégiale, dont le portail roman était orné d'une grande photo de "Poupou" encore sur son vélo dans ses vieux jours, le cercueil a notamment été porté par les grands champions Bernard Hinault et Bernard Thévenet, deux des trois derniers vainqueurs du Tour présents avec Lucien Aimar. Au son de l'accordéon, joué à plusieurs reprises autour du cercueil.