Plaidoyer pour une alternative crédible à Mr Benkirane et au PJD


Vendredi 11 Mars 2016

La dernière sortie publique du chef du gouvernement A. Benkirane à Oujda illustre bien le malaise profond et  la rupture qui s’instaure progressivement entre ce dernier et la jeunesse de notre pays. Sa réaction en dit également long sur l’état d’impuissance dans lequel il se trouve et son incapacité à répondre aux doléances et aux attentes –fortes– des jeunes Marocains qui semblent avoir compris qu’il n’avait plus rien à attendre de ce chef du gouvernement. Qu’elles semblent loin les promesses de 2011 ! On nous disait à l’époque que les priorités étaient la lutte contre la corruption et la gabegie publique ; la lutte contre le chômage, celui des jeunes en particulier ; la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la précarité; la lutte pour l’édification d’un Maroc démocratique où l’on rendrait sa dignité au citoyen marocain. Or que s’est-il passé depuis? Rien ou à peu près tout son contraire ! En effet, passé l’état de grâce qui aura duré moins d’une année, le gouvernement  Benkirane, visiblement non préparé à la gestion de la chose publique, s’est retrouvé bien démuni, sans ressources et surtout sans vision pour gérer les dossiers chauds qui l’attendaient : la réforme de la compensation –la seule réforme que nous pouvons à la rigueur mettre à l’actif du gouvernement —, la réforme des retraites, la gestion de la dette publique, la réforme de l’école, de la justice, etc. Hormis le fait qu’il n’y a pratiquement aucune réforme à mettre à son actif, celle de l’éducation ayant été faite dans son dos et pilotée directement par le Conseil supérieur de l’enseignement et le ministère de l’Education nationale, ce gouvernement a depuis son avènement donné l’impression de naviguer à vue, sans repère, sans cap, sans vision et sans boussole. Sa gestion de ses relations avec les corps intermédiaires  et les corps sociaux (syndicats, enseignants, magistrats, personnel médical, etc.) en dit long sur l’état de fébrilité qui le caractérise. De l’avis de tous les observateurs, jamais le dialogue social, si cher à notre culture politique depuis quelques années déjà, n’a autant été mis en péril. Ce gouvernement a montré durant son mandat son mépris total pour les organisations syndicales, patronales et autres. Nous ne parlons même pas des constantes atteintes aux libertés individuelles et collectives avec les séquences odieuses de répression sauvage dans les campus universitaires notamment.  Aussi, s’il fallait caractériser l’idéologie qui sous tend l’action de ce gouvernement, ce serait l’ultralibéralisme le plus brutal sur le plan économique et le conservatisme le plus rétrograde et le plus archaïque sur le plan des mœurs. La caution du PPS, jadis parti de gauche, n’y a rien changé si ce n’est la compromission définitive d’un parti qui fut jadis la fierté de toute une génération de militants d’extrême gauche, réduit aujourd’hui à sa portion congrue et maintenu sous perfusion par le parti au pouvoir qui prépare bien évidemment ses alliances futures. Les héritiers  de feu A. Yata ont ainsi sacrifié leur parti sur l’autel de l’opportunisme politique et électoral le plus primaire et le plus vil.
Aussi, il est temps de s’arrêter sur le véritable bilan de A. Benkirane qui en portera seul la responsabilité devant les citoyens marocains. La situation du Maroc de 2016 est l'une des pires que nous ayons connues depuis près de 25 ans à tous points de vue. Les chiffres sont têtus. La croissance pour 2016 est de 1,2% selon les projections de l’ensemble des organismes de conjoncture nationaux (CMC, HCP) ou internationaux (FMI). La croissance moyenne durant ces 5 dernières années n’a pas dépassé les 3,5%, tellement loin des 5,5% de croissance promis par Benkirane  lors de son investiture en 2011. La plupart des experts considèrent que pour que le Maroc s’engage réellement et durablement sur le chemin de l’émergence, il lui faut un taux de croissance de 6/7% sur dix ans au moins ! Le chômage a atteint des sommets vertigineux, surtout celui des jeunes en milieu urbain qui dépasse les 40% ! La dette extérieure publique avoisine les 300 milliards de dirhams ; ce qui pose le problème de sa soutenabilité. La situation en termes de pauvreté, d’augmentation des inégalités, de paupérisation des classes moyennes et d’exclusion des catégories les plus vulnérables n’a cessé de se dégrader en comparaison avec la période 1998-2007. Sans parler de l’attractivité du Maroc en termes de flux d’investissement –étrangers notamment -- qui s’est également dégradée ; elle-même liée aux sérieux problèmes de compétitivité auxquels fait face notre économie. On mesure donc mieux l’ampleur de l’échec de l’équipe Benkirane au regard de ce sombre bilan économique et social qui a quelque peu été atténué par l’entrée au gouvernement de ministres issus du RNI qui avaient justement comme feuille de route de rééquilibrer autant que possible l’amateurisme, l’aventurisme et surtout l’incompétence de la majorité des ministres issus du PJD.
Il faut également, et c’est peut-être cela le plus grave pour la suite, évoquer le bilan en termes d'atteintes aux libertés individuelles et collectives. Jamais notre pays n’aura connu en 2015 notamment, autant de grèves et de conflits sociaux qui démontrent le malaise et la crispation sociale qui ne cessent de s’exacerber. Cette situation de tension permanente, savamment entretenue par un gouvernement qui joue au pompier-pyromane, est à mettre en parallèle avec le climat de haine entretenu lui par des prêcheurs et des prédicateurs fanatiques qui sèment la discorde dans notre société. C’est un peu comme si les islamistes du PJD soulevaient volontairement le couvercle de l’extrémisme le plus immonde et le plus radical pour mieux se présenter devant l’opinion publique nationale (et internationale  surtout) avec le visage angélique de la modération et de l’acceptabilité. «Votez pour nous car nous sommes les seuls à pouvoir maîtriser ces excités incontrôlables» semble être leur slogan. Mais que l’on ne s’y trompe pas, tout ce beau monde est nourri du même lait de la haine et partage les mêmes objectifs politiques à long terme, à savoir l’instauration d’une théocratie et d’une dictature islamo-fasciste où les libertés individuelles seraient sacrifiées sur l’autel de la vertu et de la morale religieuse.  Sur le plan politique enfin, il est désormais clair que Benkirane et ses acolytes n’aiment pas la démocratie et les démocrates. Leur absence de volonté  à mettre en place les lois organiques prévues par la Constitution de 2011, ou bien leur peu d’empressement à condamner de manière claire et ferme  les menaces sécuritaires pesant sur certaines personnalités publiques marocaines, de gauche notamment, ou encore les différents attentats terroristes qui ont frappé de nombreux pays ces derniers temps, montrent l’ambiguïté, si ce n’est la duplicité des responsables du PJD.
Aussi, il est temps que les Marocains se rendent compte que derrière la personnalité a priori affable et conviviale du chef du gouvernement se cache en réalité un homme politique opportuniste, calculateur et surtout dangereux dans la mesure où il dispose , à mon sens, d’un véritable agenda politique caché. Et c’est cela le véritable danger qui nous guette. Nous avons là un homme qui érige, dans l’indifférence générale,  l’imposture, la manipulation, la menace, l’intimidation, le mensonge et le chantage comme règles de gouvernance politique. Un homme qui est prêt à tout sacrifier, toutes les valeurs qui ont caractérisé le Maroc depuis des lustres, pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir quel qu’en soit le prix. Un homme dont l’exercice du pouvoir n’a fait que creuser la défiance de tous à l’égard de tout. Un homme qui n’a fait qu’exacerber les tensions sociales en dressant certaines composantes sociétales contre d’autres. Le «phénomène» Benkirane, n’en déplaise aux cercles médiatico-intellectuels qui voient en lui un animal politique exceptionnel,  n’est en fait que la triste réminiscence d’un autoritarisme populiste et religieux d’un type nouveau qui trouve son origine dans la rupture politique consommée entre les élites et le peuple, dans la crise identitaire post chute du communisme, dans la crise économique et sociale terrible à laquelle font face de pans entiers de notre société, et dans l’absence de perspective de notre jeunesse. Un peu sur le modèle de la vieille gauche française qui a besoin des chômeurs afin de faire fructifier son fonds de commerce, Benkirane a besoin des pauvres et des «paumés» de tous bords afin de justifier et de légitimer son existence politique.   
On ne gouverne pas un pays ainsi, en flattant les plus bas et vils instincts de certains pour faire de la petite épicerie électoraliste ; en attisant les haines  et en allumant des brasiers dont les plaies ne se refermeront pas ou difficilement, en moquant l’intelligence de catégories déjà suffisamment marginalisées dans notre pays. On gouverne un pays avec raison, dignité, grandeur, dépassement, transcendance même en jetant des ponts entre le présent et l’avenir et non pas en dressant des barrières entre chacun.
Aussi, je considère que l’Histoire est impitoyable avec ceux qui la font. A ce titre, l’Histoire ne gardera probablement rien de Benkirane . un peu à l’image de Savonarole , prince de Venise, qui finit brûlé sur le bûcher pour avoir voulu justement enfermer les Vénitiens dans une épouvantable dictature religieuse. Aussi, il est temps que nous, citoyens marocains, disions assez  à Mr Benkirane et à son idéologie sectaire, rétrograde et passéiste avec les outils démocratiques dont nous disposons.
Il faut lui dire que son idée du Maroc qu’il veut nous  imposer n'est pas notre vision du Maroc, une terre d'accueil, de mélange, de tolérance, de convivialité, et cela depuis des centaines d’années.  Il faut que nous Marocains fassions en sorte que Mr Benkirane ne soit qu’un épiphénomène insignifiant de la construction politique de notre grand pays. Une sorte d’accident de parcours, une parenthèse malheureuse qu’il est temps de refermer. J’ose croire que les citoyens marocains ne sont pas dupes et ont vu clair dans son jeu.
Aussi il est de notre responsabilité à tous, femmes et hommes de progrès, de créer les conditions du changement en proposant un nouveau Pacte politique, économique, et social à nos concitoyens qui soit basé tout d’abord sur le renforcement  de la citoyenneté qui doit se baser sur des droits mais aussi sur des devoirs et des responsabilités. L’enjeu suprême est de façonner un nouveau citoyen qui soit véritablement affranchi de toute forme de TUTELLE quelle qu’elle soit. Il convient également de libérer et d’émanciper  le secteur privé de toute forme de tutelle économique en lui permettant de jouer son rôle de modernisation de l’économie à travers l’innovation notamment. Ceci ne pourra se faire qu’en luttant véritablement contre toute forme de situation de rente et d’abus de position dominante qui étouffent nombre de nos entrepreneurs. Il conviendra de lutter contre les intérêts établis de certains secteurs d’activité qui jouissent de privilèges exorbitants et qui n’ont aucune obligation en termes de performance et de résultat. Nos PME étouffent sous le carcan de la réglementation et ne se développent pas faute de systèmes de financement adéquats. Aussi, à cet effet,  il est urgent de créer une Banque publique d’investissement afin de mobiliser une partie de l’épargne nationale pour financer nos PME, seuls vecteurs de création des emplois de demain.
 Il conviendra de faire de l’équité à tous points de vue, qu’elle soit fiscale, judiciaire ou autre,  le cheval de bataille du prochain mandat gouvernemental. Il faudra restaurer un principe fiscal simple, à savoir la contribution à l’effort fiscal en fonction de sa richesse patrimoniale. Pour ce faire, la mise à plat de notre système fiscal s’impose plus que jamais avec une vraie réforme qui soit basée sur l’équité et la progressivité. S’agissant de la justice, l’abolition de ce Code pénal honteux et indigne qui ramène le Maroc des décennies en arrière doit être la priorité de la future équipe gouvernementale.  Il en va de même pour le Code de la presse. Jamais gouvernement n’aura été aussi liberticide en tentant de s’attaquer systématiquement aux libertés individuelles et collectives. La mise en œuvre de la Constitution de 2011 doit également être une priorité afin de consolider et pérenniser les acquis démocratiques du pays. Enfin, la réforme de l’éducation nationale doit être accélérée avec comme fil conducteur le renforcement des langues dans la formation des élèves, la refonte de l’éducation religieuse et la formation des formateurs. A ce titre, l’éducation nationale devra être considérée comme un département qui relève de la souveraineté nationale afin d’échapper à toute tentative de récupération politicienne.
Voici quelques réflexions liminaires sur ce que devra être le projet de société alternatif que la gauche social-démocrate en particulier devra proposer à nos concitoyens. Aussi, il est de la responsabilité de nos compatriotes d’être conscients des dangers qui guettent notre pays, et de se mobiliser le jour J afin de sanctionner un parti qui non seulement n’aura rien fait pour améliorer leur condition –mais au contraire leur aura menti de manière éhontée pendant 4 ans--, mais qui surtout vise à entraîner notre société vers les abîmes du fanatisme et de l’extrémisme religieux. La situation est grave car un second mandat pour Benkirane nous mettrait illico sur la voie de Mr Erogodan en Turquie qui, au fil des années, a pu instaurer une dictature islamo-fasciste en s’emparant progressivement de l’ensemble des leviers du pouvoir (armée comprise). Comparaison n’est pas raison mais l’Histoire est têtue et ne repasse pas les plats. L’occasion est là de chasser Benkirane et ses acolytes ; il n’y en aura pas une deuxième. Après il sera trop tard et on ne pourra pas se dire : «ON ne savait pas !». Nous serons tous responsables par notre silence, complaisance ou abstention en termes de vote du désastre dans lequel nous serons tous embourbés ! A bon entendeur…
Avis aux citoyens: Rendez-vous le 07 octobre prochain pour mettre définitivement un carton rouge à Benkirane et lui signifier une fois pour toutes la fin de la partie.


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