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Libé : Le Conseil du Forum social mondial s’est réuni à Harhoura du 6 au 9 mai 2009.Comment interprétez-vous la tenue de cette réunion dans un pays maghrébin ?
Pierre Beaudet : Cette réunion a été très importante à plusieurs égards. La qualité de l’organisation reflétait, je crois, le travail sérieux et méthodique qui a été réalisé au Maroc depuis plusieurs années. Cela a été très clair pour tout le monde, qu’il se passe quelque chose au Maroc, dans le Maghreb, en Afrique et au Moyen-Orient. Le FSM au départ très latino-européen change, s’élargit non seulement par le fait de tenir des sessions en Afrique ou ailleurs, mais par le fait qu’il y a de nouveaux acteurs qui prennent leur place dans le processus de décision.
Quels étaient les moments forts de cette réunion, et quelles sont les décisions et recommandations majeures qui ont résulté de ce Forum ?
La discussion sur les multiples dimensions des crises et des résistances dans le Maghreb-Machrek, aussi bien dans ce mini-colloque et dans les présentations faites au Conseil international a été le point fort. Cela a permis la diffusion dans toute la composante altermondialiste des points de vue et des perspectives nouvelles. Selon mon point de vue, la décision d’organiser dans la région plusieurs forums thématiques (syndical, paysan, sécurité alimentaire) est la plus importante.
Comme décidé lors de la dernière réunion du conseil du Forum social africain, la 10ème édition du FSM sera organisée au Sénégal en 2011. Pensez-vous que l’Afrique soit capable d’assurer les conditions favorables pour l’organisation d’un événement aussi important que le FSM ?
La décision a été prise à la suite de consultations assez vastes. Le succès du prochain FSM va dépendre des mouvements sociaux africains, de leurs capacités de se regrouper, de se détacher des influences trop fortes des ONG, d’élaborer des alternatives. Tout est possible, mais cela sera très difficile, compte tenu aussi de la pénurie des moyens qui va s’accélérer dans le sillon de la crise actuelle du capitalisme.
Avant la réunion du FSM, plusieurs rencontres et débats entre des représentants des mouvements sociaux et dynamiques de la région Maghreb-Machrek ont eu lieu à Harhoura entre le 3 et le 5 mai 2009. On commence déjà à parler d’un Forum social Maghreb-Machrek, pour ne pas dire arabe. Quelle lecture faites-vous du processus de la constitution de ce nouveau Forum social ?
Le Forum Maghreb-Machrek est très important comme projet, processus et utopie. Les mouvements ne sont pas encore organisés, mais ils y arrivent. Par ailleurs, le plus important est l’enracinement local, il n’y a pas de substitut.
Le Forum M-M doit venir par en bas, de forums au Maroc, Algérie, Égypte, etc. Par ailleurs, chacune de ces situations comporte des singularités, des spécificités nationales qui ne peuvent être mises de côté, des configurations politiques, sociales, culturelles et linguistiques. Le fait est que la langue/culture arabe exerce un rôle dominant, ce qui ne nie pas l’existence des autres peuples. Une perspective progressiste ne tombe ni dans la fragmentation/dispersion, ni dans l’homogénéisation/centralisation.
Vous êtes membre du Conseil international du Forum social mondial, et l’un des fondateurs d’Alternatives internationales. Comment voyez-vous l’avenir des forums sociaux ainsi que la culture des Alternatives dans le monde d’aujourd’hui ?
Les forums sociaux sont un outil, pas une recette magique. Ils reflètent la montée des mouvements sociaux, leurs capacités, ouvertures, espoirs, projets, qui sont eux-mêmes une traduction des luttes et des résistances sociales. Ils doivent agir sur le politique, et non devenir politiques au sens partisan, ils sont au cœur du processus de transformation. Depuis dix ans, d’énormes progrès ont été réalisés, mais beaucoup reste à faire. Le mouvement social est fort et faible en même temps. Il est devenu le protagoniste principal sur plusieurs champs, mais il est encore marginalisé politiquement.