Parti se faire opérer, il en rentre sur fauteil roulant

Les choses se sont compliquées pour Youssef après une seconde intervention chirurgicale


Tahi Driss
Vendredi 13 Novembre 2015

A cause d'une erreur médicale, la vie de toute une famille bascula dans le drame.
Une malformation vasculaire obligea Youssef 42 ans, Marocain, père de 3 enfants en 2012 à  se déplacer à Bruxelles, à l'hôpital UZ Brussel à JETT pour y subir une opération chirurgicale.
Il partit avec sa femme et sa fille âgée alors de huit mois laissant ses deux fils au Maroc : Amine et Adam, 15 et 5 ans.
Il était plein d'espoir, encouragé par les membres de sa famille, rassuré et convaincu ainsi que tous ses proches de la compétence des médecins européens qui jouissent sans aucun doute d'une réputation exemplaire en matière de traitement des patients, et confiant quant à la qualité des services offerts et aux équipements performants dont disposent les hôpitaux à Bruxelles.
Le voyage, l'accueil, l'admission à l'hôpital à Bruxelles, tout se déroula dans les meilleures conditions.
L'équipe chirurgicale procéda sans tarder à l'opération après les préparatifs nécessaires (diagnostic, analyses), une intervention réussie d'après les médecins.
Ensuite, ce fut une deuxième opération jugée à ce moment-là indispensable par les chirurgiens, et qui se déroula elle aussi d'une manière normale. Mais Youssef ne se réveilla pas, il tomba dans un coma qui dura dix jours. Lorsqu'il se réveilla enfin, il ne put bouger ses membres inférieurs et perdit aussi l'usage de sa main droite.
Aucune explication convaincante de la part de la direction de l'hôpital sur les causes de cet échec ne fut donnée au patient ni à sa femme. Pire encore, les médecins rejetèrent toute responsabilité dans l'affaire et invoquèrent le fait que leur établissement "fut le seul ayant accepté de prendre en charge le patient et que ce dernier était conscient des risques encourus" ; un argument qui représente une enfreinte au Code d'éthique médicale. Alors, Youssef mis devant le fait accompli et n'ayant plus aucun choix, consulta un avocat qui décida d'intenter une action en justice contre l'hôpital pour erreur médicale.
Du coup, les choses se précipitèrent et se compliquèrent pour Youssef, lui qui vint chercher la guérison d'une maladie en Belgique, se retrouva à la suite d'une opération chirurgicale qui tourna mal, paralysé, cloué dans un fauteuil roulant à des milliers de kilomètres de chez lui, sans espoir de pouvoir remarcher un jour.
Les autorités refusèrent de lui délivrer un permis de séjour, ce qui le mit par conséquent aux yeux de la loi en situation irrégulière, et devint de ce fait menacé d'expulsion à tout moment malgré son recours en justice, sachant que sa présence à Bruxelles était indispensable pour assister au procès, et se mettre à la disposition des experts médicaux en cas de besoin.
Youssef et sa famille se retrouvèrent sans revenus, leurs économies totalement épuisées. Son entreprise d'installations électriques dont il fut l'unique dirigeant ferma ses portes à cause de son absence.
Sa femme retourna alors au Maroc en compagnie de sa fille sans aucun espoir de pouvoir revenir auprès de son mari, du moins dans l'avenir proche, puisque pour ce faire le visa ne lui sera pas délivré facilement, étant donné que son séjour en Belgique avait dépassé la durée légale.
Elle retrouva tout de même ses deux enfants pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Après deux ans d'absence, le petit Adam touché par cette séparation brutale montra depuis, un comportement agressif, d'après la direction de l'école, son manque d'appétit devint inquiétant, en plus des cauchemars qui le réveillèrent presque chaque nuit en pleurs. Aussi, la présence de sa mère à ses côtés s'imposa plus que jamais.
Youssef fut livré désormais à lui-même, plongé dans le désespoir dans une prison sans geôlier et sans clés, dépendant des autres dans ses moindres mouvements, loin des siens, ne comptant que sur l'aide de quelques généreux bienfaiteurs, et des bénévoles d'associations humanitaires pour l'assistance et les soins médicaux dont il a besoin tous les jours, ainsi que pour régler le loyer et même les honoraires des avocats.
Certes, l´expertise demandée par son avocat conclut à l'erreur médicale, ce qui procure aujourd'hui un certain réconfort moral et un soutien nécessaire à Youssef pour qu'il puisse tenir le coup en attendant l'audience prochaine du tribunal de Bruxelles dont la date est fixée au 28 janvier 2016. Quant à la défense, elle n'aura aucune difficulté à démontrer qu'il y a bel et bien préjudice corporel et son étendue est importante, ce qui nécessite incontestablement une indemnisation.
Aussi, Youssef lance un cri de détresse aux autorités marocaines et aux âmes charitables tant au Maroc qu'en Belgique pour lui venir en aide afin d'alléger sa souffrance morale et physique et pour intervenir auprès des parties concernées à Bruxelles dans l'espoir de la régularisation de sa situation, ce qui lui permettrait d'assister au procès et répondre à chaque fois qu'il est demandé par le tribunal. Dans le cas de son expulsion vers le Maroc, il lui serait quasiment impossible de revenir en Belgique à cause des difficultés qui se poseraient à obtenir un visa, en plus de la précarité de sa situation financière.
Dans l'attente du sort qui lui sera réservé, son avenir et celui de sa famille dépendent de l'issue du jugement qui sera rendu par le tribunal bruxellois.
Un drame qui fut somme toute inévitable pour Youssef et dont nul ne peut se vanter d'en être prémuni.
Ça n'arrive pas qu'aux autres.


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