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Un "reel" menant à l'autre, on se laisse perdre volontiers et durant de longues heures dans le labyrinthe du scrolling en arguant, pour se donner bonne conscience, que "c'est le Ramadan, il n'y a rien à faire !".
Ce qui commence comme un simple passe-temps finit par devenir une habitude bien installée, voire un comportement obsessionnel, charriant dans son sillage un tas de problèmes : troubles de sommeil, anxiété, apathie, isolement social… qui sont caractéristiques d'un état d'addiction.
La psychologue clinicienne et neuropsychologue, Rim Akrache, explique que l’impulsion irrésistible à faire défiler sans cesse des contenus en ligne se caractérise par une accumulation massive d’informations, parfois anxiogènes, ce qui peut engendrer un stress important, de l’anxiété et des troubles du sommeil.
"Ce comportement répond aux critères classiques d’une addiction : compulsion, perte de contrôle et impact négatif sur la vie personnelle et professionnelle", précise-t-elle, dans une déclaration à la MAP.
"Durant des périodes particulières comme le Ramadan, ce comportement peut monopoliser l’esprit, tout en affectant négativement la concentration", indique Mme Akrache, ajoutant qu’"il devient particulièrement difficile de mettre en place des mécanismes spirituels opposés à ces effets".
Marouane Harmach, consultant en médias sociaux et intelligence artificielle, souligne que la responsabilité ne repose pas uniquement sur les utilisateurs, mais aussi sur les stratégies des plateformes.
"Les algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour maximiser l’engagement en analysant nos comportements et en proposant du contenu personnalisé", précise-t-il, dans une déclaration similaire, ajoutant que "pendant le Ramadan, ces plateformes adaptent leur stratégie en mettant en avant des sujets liés à la spiritualité, aux recettes culinaires, ou même aux défis caritatifs typiques de cette période, incitant ainsi les utilisateurs à rester connectés".
Et c’est en installant cette dépendance numérique que le scrolling prend le dessus sur la spiritualité, empêche de se focaliser sur l’essentiel durant le mois de Ramadan, censé être un moment propice pour se ressourcer, faire le plein d'énergie positive et prendre de bonnes résolutions.
Amina Naitsi, professeure-chercheure et membre du Conseil local des ouléma d’Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, rappelle que "le Ramadan est une période propice à la prière, la lecture du Saint Coran et la méditation, loin des distractions".
Citant un hadith du Prophète Sidna Mohammed (Paix et salut de Dieu soient sur lui) - "Il y a deux bienfaits dont beaucoup ne tirent pas profit : la santé et le temps libre" - elle insiste sur l’importance de bien gérer son temps libre pour éviter les dérives de l’hyperconnexion. "Passer de longues heures sur son téléphone pour des futilités peut éloigner le croyant de la spiritualité et mener à une forme d’addiction", prévient-elle.
Face à ce constat, quelles solutions adopter ?
La psychologue Rim Akrache encourage à investir dans sa spiritualité par le biais de pratiques telles que la pleine conscience et la méditation. "On peut remplacer le temps passé en ligne par des lectures inspirantes ou par des activités enrichissantes, favorisant les échanges sociaux, comme discuter, sortir ou partager avec d’autres", conseille-t-elle.
L’expert en digital, Marouane Harmach, de son côté, prône une utilisation plus consciente des réseaux : "Fixer des limites claires, désactiver les notifications non essentielles et établir des plages horaires dédiées aux médias sociaux permettent d’éviter le piège du scrolling passif".
Et d’un point de vue religieux, Amina Naitsi appelle à la discipline et à l’équilibre. "Chacun doit, selon ses capacités et ses circonstances, s’efforcer de limiter le temps passé sur les écrans et privilégier les moments de prière, de lecture et de réflexion qui nourrissent l’âme et renforcent la foi", conclut-elle.
Si finalement, tout était question de choix ? Celui de délaisser l’écran pour se recentrer sur l’essentiel : ces instants de prière et de méditation qui élèvent l’âme. Pendant ce temps, les prisonniers du scrolling restent happés par la spirale infinie des flux numériques. Réaliseront-ils seulement ce qu’ils perdent... avant que le prochain "reel" ne les emporte ailleurs?
Par Mohamed Aswab (MAP)