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Il faut "nous montrer plus durs à l'égard de ceux qui souhaitent imposer le statu quo à leur seul bénéfice", a averti le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU à New York.
De violents affrontements entre milices se sont déroulés depuis fin août à Tripoli, faisant au moins 115 morts.
"Les sanctions prises récemment par le Conseil de sécurité contre un certain nombre de trafiquants doivent être suivies d'autres sanctions, je pense en particulier aux miliciens qui menacent Tripoli", a ajouté M. Le Drian devant des médias.
Le ministre français a réuni dans la foulée ses homologues des pays voisins (Algérie, Tunisie, Egypte, Niger et Tchad), ainsi que des représentants de l'Italie et des membres permanents du Conseil de sécurité, afin d'obtenir un soutien en ce sens. Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj et l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye Ghassan Salamé y ont assisté par visioconférence depuis Tripoli.
Selon Paris, tous ont exprimé "l'unité de la communauté internationale" face aux milices qui tentent de jouer sur des "divisions réelles ou supposées" entre acteurs régionaux et européens pour empêcher le processus électoral d'avancer.
Prenant acte des difficultés sur le terrain, la France semble toutefois ne plus pousser à l'organisation d'élections en décembre en Libye, selon un calendrier adopté en mai à Paris, qui paraît de plus en plus intenable selon de nombreux observateurs.
"Le calendrier a été décidé par les Libyens eux-mêmes (...) Si Ghassan Salamé, si les quatre responsables libyens qui se sont engagés à Paris (sur ce calendrier) estiment qu'il faut reporter la date, pourquoi pas", indique-t-on désormais de source diplomatique française.
L'important est de maintenir une dynamique vers des élections, insiste Paris, assurant être sur la même longueur d'onde que Rome sur ce point et avoir une même "volonté de coopération" malgré les tensions de ces dernières semaines.
"Il y a eu des mots désagréables qui ont été échangés, mais on a un diagnostic partagé de la situation", souligne-t-on de source diplomatique française.
L'Italie, qui a des liens historiques avec la Libye, un pays riche en hydrocarbures, reproche à la France de vouloir faire cavalier seul dans la résolution de cette crise.
Dans une allusion sans fard à Paris, elle a dénoncé des "ingérences étrangères" en Libye et exprimé son "désaccord" sur la tenue d'élections le 10 décembre, jugeant les conditions sécuritaires non réunies.
Les Etats-Unis s'opposent aussi à un tel empressement électoral. "Imposer de mauvaises dates butoir va se retourner" contre les Libyens, a ainsi averti récemment Jonathan Cohen, représentant adjoint de Washington aux Nations unies, en prédisant une "aggravation des divisions" dans le pays.
"Ce n'est pas tellement une question de date, le plus tôt sera le mieux" mais un certain nombre de conditions doivent au préalable être réunies, y compris l'adoption d'un "cadre constitutionnel clair", a renchéri la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, à l'issue d'une deuxième réunion ministérielle sur la Libye tenue lundi.
Dans l'immédiat, "il faut envoyer un signal clair à ceux qui seraient tentés de perturber le processus politique et notamment aux milices", insiste désormais Paris.
Les Etats-Unis ont imposé le 12 septembre des sanctions financières contre le chef de milice libyen Ibrahim Jadhran, dont les forces ont attaqué en juin des terminaux pétroliers cruciaux de l'est de la Libye.
De la même manière, les chefs de milice qui tentent de faire obstruction au processus politique afin de préserver leur mainmise sur certaines ressources du pays doivent se voir opposer des gels d'avoirs à l'étranger et des interdictions de voyager, préconise Paris.