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Devant la Conférence pour la sécurité à Munich, le président français a annoncé une "conférence sur la défense aérienne de l'Europe" à Paris réunissant notamment l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne.
Elle "permettra d'aborder ce sujet sous l'angle industriel, avec la participation de tous les industriels européens qui ont des solutions à offrir, mais aussi sous l'angle stratégique (...) en incluant la question de la dissuasion" nucléaire, a-t-il précisé.
Peu avant, le chancelier allemand avait réévoqué un sujet controversé : Berlin va se doter d'un bouclier anti-missile et anti-aérien, assemblage de systèmes européen (Iris-T), américain (Patriot) et potentiellement américano-israélien (système de défense antimissile balistique Arrow-3).
"Nous progressons (...) dans le développement commun de capacités européennes. L'initiative +European Sky Shield+, lancée par l'Allemagne pour renforcer la défense aérienne de l'Europe dans le cadre de l'OTAN, en est la preuve", a ajouté le chancelier allemand.
La question de la défense aérienne est revenue sur le devant de la scène de façon criante avec la guerre en Ukraine.
Car l'aviation russe n'a jamais pu prendre le contrôle du ciel ukrainien depuis le début du conflit. "La capacité de l'armée ukrainienne à contenir et empêcher la supériorité aérienne russe constitue un élément clef des premiers mois de la guerre, ayant conditionné la suite des affrontements", rappelle un rapport parlementaire français publié mercredi.
Pour autant, Moscou est parvenue à l'automne à renverser la dynamique de la guerre en frappant, par des missiles et des drones iraniens, les infrastructures essentielles ennemies. Et Kiev n'a eu de cesse de demander aux Occidentaux des armes de défense sol-air.
Le phénomène n'a pas échappé aux experts militaires du continent. Mais si le caractère stratégique du dossier est accepté par tout le monde, les moyens d'y répondre le sont nettement moins.
Le futur "Bouclier du ciel européen" allemand a séduit 14 pays de l'Otan, dont le Royaume-Uni, les pays baltes ou encore la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande et la Norvège.
Mais il n'a pas convaincu la Pologne et il n'enchante guère l'Elysée, où un conseiller s'alarme d'une éventuelle "relance de la course aux armements en Europe". Et Paris préfère continuer de miser sur son propre système de défense sol-air de moyenne portée MAMBA.
La question de la dissuasion nucléaire est un autre point d'achoppement. L'Elysée a rappelé vendredi la nécessité de prendre en compte non seulement "la défense anti-missile mais aussi la frappe dans la profondeur et la dissuasion nucléaire".
"Dans un moment où tous les Européens réarment, il est important de montrer que c'est la souveraineté européenne qui est consolidée", ajoute-t-on de même source.
En janvier à Paris, MM. Macron et Scholz n'avaient pas caché leurs divergences sur le projet allemand.
Le chancelier avait réaffirmé vouloir "absolument tenir compte de l'existant", quand le président français voulait travailler avec Berlin et Varsovie pour "aller vers le maximum de souveraineté technologique et industrielle" sur cette question.
Avec cette annonce, Emmanuel Macron, qui avait présenté sa stratégie dès février 2020 dans un discours remarqué à l'Ecole militaire de Paris, "vise certainement à regagner l'initiative sur le sujet, suite à sa mise à l'écart" dans le projet d'Olaf Scholz, explique à l'AFP Johanna Möhring, chercheure associée à l'Université de Bonn.
"Il se remet dans le jeu et opère un recadrage de cette thématique en l'intégrant dans un contexte politique, celui de l'autonomie stratégique européenne", ajoute-t-elle, rappelant par ailleurs que "le projet sous l'égide allemande pourrait encore évoluer".
"On ne cherche pas à être en concurrence avec l'Allemagne", relevait vendredi une source gouvernementale française à l'AFP. "Il faut une solution qui réunisse l'ensemble des pays européens".
En attendant, les autres projets franco-allemands sont à la peine. Le Système de combat aérien futur (Scaf) a été longtemps ralenti par des rivalités entre industriels. Et le futur char de combat MGCS, lancé lui aussi en 2017, est coincé dans une ornière depuis de nombreux mois.