Omar Sharif : Légende du cinéma et “éternel masculin”


Mardi 14 Juillet 2015

Charmeur au regard langoureux et nomade flambeur vivant entre hôtels de luxe et casinos, Omar Sharif, décédé vendredi dernier au Caire à l'âge de 83 ans, était devenu une légende du cinéma grâce à "Lawrence d'Arabie" et au "Docteur Jivago". Omar Sharif est mort d'une crise cardiaque dans un hôpital spécialisé pour  les patients atteints d'Alzheimer, selon son agent londonien. La maladie l'avait contraint à s'éloigner des plateaux en 2012, après une dernière apparition dans "Rock The Casbah", de Laïla Marrakchi, clôturant une carrière riche de plus de 70 films. Michel Chalhoub est né le 10 avril 1932 à Alexandrie, dans le nord de l'Egypte, dans une famille de négociants en bois précieux d'origine syro-libanaise. A 11 ans, sa mère le trouvant trop gros, l'envoie dans une école anglaise, le Victoria college d'Alexandrie, dans l'espoir qu'il y sera moins tenté par la nourriture. L'objectif est atteint et, en plus, il y découvre le théâtre et l'anglais, que ce polyglotte parlera couramment comme le français, l'italien ou encore le grec. Après des études de mathématiques et de physique à l'Université du Caire, il accepte de travailler cinq ans avec son père, alors qu'il rêve de jouer. Sa rencontre avec Youssef Chahine fait basculer sa vie. Le réalisateur le fait tourner en 1954 dans "Ciel d'enfer". Ce film marque sa rencontre avec la star égyptienne Faten Hamama, qu'il épouse un an plus tard. Pour elle, Omar Sharif, élevé dans le rite grec-catholique melkite, se convertit à l'islam. Il confiera plus tard se sentir "agnostique".
Fréquemment partenaire de sa femme à l'écran, c'est à ses côtés qu'il joue son premier rôle occidental dans "La châtelaine du Liban" de Richard Pottier en 1956.
Eclectisme

Six ans plus tard, "Lawrence d'Arabie" de David Lean, où il joue au côté de Peter O'Toole, fait de lui une star internationale. Il remporte le Golden Globe du meilleur second rôle en 1963 et signe avec la Columbia.
A Hollywood, Omar Sharif décide de se séparer de son épouse car "entouré de belles femmes, j'étais persuadé que j'allais tomber amoureux d'une starlette et je ne voulais pas l'humilier, ni l'empêcher de refaire sa vie".
Incarnation d'un certain "éternel masculin" (titre de son autobiographie parue en 1976), l'acteur à l'élégante moustache et à la voix rauque assurera pourtant n'être plus jamais tombé amoureux et démentira la plupart des  conquêtes qui lui seront prêtées.
En 1965, il retrouve David Lean qui le dirige dans "Le docteur Jivago" pour lequel il reçoit le Golden Globe du Meilleur acteur pour son interprétation du médecin russe. Très éclectique, il incarne par la suite Gengis Khan, le tsar Nicolas II, le Capitaine Nemo et joue notamment dans "Funny girl" de William Wyler (1968) avec Barbra Streisand, "Mayerling" (1968) de Terence Young, Che! (1969) de Richard Fleischer.

Flambeur

Rarement satisfait de ses prestations  "je suis content de dix secondes dans un film et de dix secondes dans un autre", disait-il --, l'acteur confiera avoir tourné "beaucoup de mauvais films" par nécessité. Car loin des plateaux de tournage, Omar Sharif est un flambeur. Joueur de bridge professionnel il a écrit un livre sur le sujet et des jeux vidéos portent son nom , amateur de courses hippiques, il fréquente assidûment les casinos pour tromper sa "solitude", disait-il. "Tout l'argent que je gagne, je le perds. Quand j'ai de l'argent, je suis  obligé de le dépenser, mais ça ne me gêne pas de ne pas en avoir", assurait-il.
Pour payer ses dettes de jeux, il devra même vendre en urgence le seul appartement qu'il ait jamais possédé, à Paris. Omar Sharif, dont l'humour était aussi fin que le caractère ombrageux, préférait d'ailleurs mener une vie de "nomade".
"Je suis le seul acteur au monde à être étranger partout. J'avais ma valise, j'allais dans les hôtels" de luxe, comme "invité", racontait-il. Couronné en 2003 par un Lion d'or au Festival du film de Venise pour l'ensemble de sa carrière, il avait reçu, en 2004, le César du meilleur acteur pour "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" de François Dupeyron.


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