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Pouvez-vous parler à nos lecteurs de votre style de chanson ? Comment peut-on le considérer ?
La nature de mes textes se situe entre la littérature, la poésie et le récit populaire. Chacune de ces composantes reflète ce que je suis. Le récit populaire pour son caractère social et les histoires de vie des personnes que j’ai connues. La littérature et la poésie pour ce que les livres et la philosophie ont fait de moi. Mes textes sont un ensemble de tableaux picturaux qui racontent, alarment, conseillent et dénoncent. Ils portent en eux un engagement social, créatif et humain.
Votre style de chanson abolit les frontières culturelles et crée des passerelles entre des styles musicaux qui peuvent paraître éloignés (musiques arabe, africaine et occidentale). Comment vivez-vous cela ?
Le style de mes chansons est à l’image de mes textes. Les sujets que j’aborde sont universels. Parler de personnes dont les droits ont été bafoués, de femmes qui vivent dans la soumission, ou subir l’exil n’est pas propre à une population, à un pays ou à un continent. La misère sociale n’a pas de frontière. Naturellement, le style de notre musique raconte aussi cette universalité. C’est un style qui est «non format» de par sa nature multicolore. Le non conformisme dans la musique que je fais avec mon groupe représente pour moi la liberté, l’ouverture et le partage. Quand les spectateurs entendent notre musique, ils nous disent merci de nous avoir fait voyager. Cela me fait penser que notre musique contient en elle une forme de mysticisme qui s’adresse en premier lieu à l’âme et à l’humain que nous sommes.
Quel est l’impact de votre expression musicale ?
Dans notre musique, on entend des rythmes et des mélodies qui prennent racine dans mes origines, des chants traditionnels du désert, des montagnes du Moyen Atlas où j’ai vécu mon adolescence en plus de la musique populaire marocaine (Nass El Ghiwane, El Mchaheb, Najat Atabou, Hajja Hamdaouia, Hamid Zahir...). Sans omettre la musique de l’Orient qui a bercé mon enfance (Oum Kalthoum, Smahan, Fairouz, Marcel Khalifé…). S’ajoutent à cela ces vibrations des musique africaine qui est pour moi l’ancrage de toutes les musiques notamment la musique Gnawa.
Puis, arrive la rencontre avec le Jazz, le Blues, le Rock qui se situe dans les années 2000, C’est aussi et d’abord la rencontre avec le guitariste Emmanuel Simula, l’homme avec qui je partage ma vie et dont les compositions sont l’origine de ces belles mélodies. Vient colorer les chansons un beau tapis du trompettiste Pierre Isenmann et du contrebassiste Jean Noël Rohé. Souvent, les personnes qui entendent notre musique pour la première fois nous disent qu’ils ont entendu ça quelque part. C’est ce mélange de style qui fait l’originalité de notre musique et la rend familière à l’oreille comme si c’était un standard. Pour nous, c’est un grand honneur.
Vous écrivez vous-même vos chansons ? Pourquoi toujours en arabe ?
Oui, j’écris moi-même mes chansons. J’ai toujours écrit des histoires de vie depuis mon enfance. Cette écriture a évolué pour devenir de la poésie puis ça a donné des chansons. Mes textes sont un mélange de l’arabe littéraire et celui dialectal marocain. J’aime faire rencontrer ces deux sphères qui sont pour moi rien qu’un prolongement linguistique qui témoigne d’une évolution de la langue arabe. Et si je m’exprime en arabe, c’est pour moi une évidence. L’arabe pour moi est la langue de mon cœur. Parfois, les gens me disent c’est tellement doux et me demandent en quelle langue je chante ! Cette question révèle bien le caractère poétique, la sonorité mélodique et surtout la douceur des mots que beaucoup de personnes ignorent de cette belle langue.
Croyez-vous toujours à la chanson engagée ?
Pour quand votre prochain album ? Chacune de mes chansons contient en elle un message qui appelle l’humain à son rôle de résistant. Un artiste ou un penseur qui se dit neutre me pose question. Je ne parle pas de l’engagement politique bien évidemment. Mais, je parle des causes humaines. Un artiste, quelle que soit son origine, ne peut pas rester indifférent à ce qui le révolte. 2020 est pour nous une année décisive, car nous travaillons actuellement pour la sortie de notre album qui sera disponible l’automne prochain.
Le fait de vivre en France a un impact sur votre écriture et vos chansons ?
Ça fait maintenant plus de 20 ans que je vis en France. Bien sûr que cela a influencé ma vie et ma manière d’écrire. Le fait d’écouter des artistes tels que Léo Ferré, Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Barbara, Edith Piaf… puis de lire des poètes français comme Jacques Prévert, Louis Aragon, Robert Desnos, entre autres, m’a permis de renforcer ma pensée et surtout d’affirmer la notion des droits humains dans mes chansons. Cette influence commence à apparaître peu à peu, car, depuis maintenant trois ans, j’écris des poésies en langue française.
Quel lien gardez-vous avec votre pays d’origine ?
Dans ma chanson «Yataïr» qui évoque le sujet de l’exil, je parle de cet oiseau qui quitte son pays et qui garde en lui cette nostalgie florissante d’y retourner un jour. Je n’ai jamais coupé les liens avec le Maroc. Toute ma famille y vit et j’y retourne au moins trois fois par an. J’ai encore des liens d’amitié forts et je continue à m’informer de ce qui se passe sur le plan social, éducatif et politique. Sur le plan musical, j’ai donné un concert à l’Institut français de Fès en 2019 et j’aimerais bien organiser une tournée dans mon cher pays bientôt.
Comment voyez-vous la France avec la montée de l’intolérance et des extrémistes politiques?
Je dis toujours que l’ignorance mène à la peur et la peur mène à la violence. Cette violence s’exprime bien dans les urnes. C’est la violence des idées qui se traduit par la haine et le rejet de l’Autre. Je reste toujours positive et je garde espoir en l’humain. L’humanité a bien su se battre contre le totalitarisme et le nazisme. Il reste beaucoup de choses à faire et beaucoup d’hommes et de femmes de la société civile et du monde associatif œuvrent pour une société plus égalitaire et partageuse. Il faut se réjouir de cette résistance mais aussi rester sans cesse vigilant. Une liberté n’est jamais acquise, mais toujours à défendre.
Entretien réalisé à Paris par Youssef Lahlali
La nature de mes textes se situe entre la littérature, la poésie et le récit populaire. Chacune de ces composantes reflète ce que je suis. Le récit populaire pour son caractère social et les histoires de vie des personnes que j’ai connues. La littérature et la poésie pour ce que les livres et la philosophie ont fait de moi. Mes textes sont un ensemble de tableaux picturaux qui racontent, alarment, conseillent et dénoncent. Ils portent en eux un engagement social, créatif et humain.
Votre style de chanson abolit les frontières culturelles et crée des passerelles entre des styles musicaux qui peuvent paraître éloignés (musiques arabe, africaine et occidentale). Comment vivez-vous cela ?
Le style de mes chansons est à l’image de mes textes. Les sujets que j’aborde sont universels. Parler de personnes dont les droits ont été bafoués, de femmes qui vivent dans la soumission, ou subir l’exil n’est pas propre à une population, à un pays ou à un continent. La misère sociale n’a pas de frontière. Naturellement, le style de notre musique raconte aussi cette universalité. C’est un style qui est «non format» de par sa nature multicolore. Le non conformisme dans la musique que je fais avec mon groupe représente pour moi la liberté, l’ouverture et le partage. Quand les spectateurs entendent notre musique, ils nous disent merci de nous avoir fait voyager. Cela me fait penser que notre musique contient en elle une forme de mysticisme qui s’adresse en premier lieu à l’âme et à l’humain que nous sommes.
Quel est l’impact de votre expression musicale ?
Dans notre musique, on entend des rythmes et des mélodies qui prennent racine dans mes origines, des chants traditionnels du désert, des montagnes du Moyen Atlas où j’ai vécu mon adolescence en plus de la musique populaire marocaine (Nass El Ghiwane, El Mchaheb, Najat Atabou, Hajja Hamdaouia, Hamid Zahir...). Sans omettre la musique de l’Orient qui a bercé mon enfance (Oum Kalthoum, Smahan, Fairouz, Marcel Khalifé…). S’ajoutent à cela ces vibrations des musique africaine qui est pour moi l’ancrage de toutes les musiques notamment la musique Gnawa.
Puis, arrive la rencontre avec le Jazz, le Blues, le Rock qui se situe dans les années 2000, C’est aussi et d’abord la rencontre avec le guitariste Emmanuel Simula, l’homme avec qui je partage ma vie et dont les compositions sont l’origine de ces belles mélodies. Vient colorer les chansons un beau tapis du trompettiste Pierre Isenmann et du contrebassiste Jean Noël Rohé. Souvent, les personnes qui entendent notre musique pour la première fois nous disent qu’ils ont entendu ça quelque part. C’est ce mélange de style qui fait l’originalité de notre musique et la rend familière à l’oreille comme si c’était un standard. Pour nous, c’est un grand honneur.
Vous écrivez vous-même vos chansons ? Pourquoi toujours en arabe ?
Oui, j’écris moi-même mes chansons. J’ai toujours écrit des histoires de vie depuis mon enfance. Cette écriture a évolué pour devenir de la poésie puis ça a donné des chansons. Mes textes sont un mélange de l’arabe littéraire et celui dialectal marocain. J’aime faire rencontrer ces deux sphères qui sont pour moi rien qu’un prolongement linguistique qui témoigne d’une évolution de la langue arabe. Et si je m’exprime en arabe, c’est pour moi une évidence. L’arabe pour moi est la langue de mon cœur. Parfois, les gens me disent c’est tellement doux et me demandent en quelle langue je chante ! Cette question révèle bien le caractère poétique, la sonorité mélodique et surtout la douceur des mots que beaucoup de personnes ignorent de cette belle langue.
Croyez-vous toujours à la chanson engagée ?
Pour quand votre prochain album ? Chacune de mes chansons contient en elle un message qui appelle l’humain à son rôle de résistant. Un artiste ou un penseur qui se dit neutre me pose question. Je ne parle pas de l’engagement politique bien évidemment. Mais, je parle des causes humaines. Un artiste, quelle que soit son origine, ne peut pas rester indifférent à ce qui le révolte. 2020 est pour nous une année décisive, car nous travaillons actuellement pour la sortie de notre album qui sera disponible l’automne prochain.
Le fait de vivre en France a un impact sur votre écriture et vos chansons ?
Ça fait maintenant plus de 20 ans que je vis en France. Bien sûr que cela a influencé ma vie et ma manière d’écrire. Le fait d’écouter des artistes tels que Léo Ferré, Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Barbara, Edith Piaf… puis de lire des poètes français comme Jacques Prévert, Louis Aragon, Robert Desnos, entre autres, m’a permis de renforcer ma pensée et surtout d’affirmer la notion des droits humains dans mes chansons. Cette influence commence à apparaître peu à peu, car, depuis maintenant trois ans, j’écris des poésies en langue française.
Quel lien gardez-vous avec votre pays d’origine ?
Dans ma chanson «Yataïr» qui évoque le sujet de l’exil, je parle de cet oiseau qui quitte son pays et qui garde en lui cette nostalgie florissante d’y retourner un jour. Je n’ai jamais coupé les liens avec le Maroc. Toute ma famille y vit et j’y retourne au moins trois fois par an. J’ai encore des liens d’amitié forts et je continue à m’informer de ce qui se passe sur le plan social, éducatif et politique. Sur le plan musical, j’ai donné un concert à l’Institut français de Fès en 2019 et j’aimerais bien organiser une tournée dans mon cher pays bientôt.
Comment voyez-vous la France avec la montée de l’intolérance et des extrémistes politiques?
Je dis toujours que l’ignorance mène à la peur et la peur mène à la violence. Cette violence s’exprime bien dans les urnes. C’est la violence des idées qui se traduit par la haine et le rejet de l’Autre. Je reste toujours positive et je garde espoir en l’humain. L’humanité a bien su se battre contre le totalitarisme et le nazisme. Il reste beaucoup de choses à faire et beaucoup d’hommes et de femmes de la société civile et du monde associatif œuvrent pour une société plus égalitaire et partageuse. Il faut se réjouir de cette résistance mais aussi rester sans cesse vigilant. Une liberté n’est jamais acquise, mais toujours à défendre.
Entretien réalisé à Paris par Youssef Lahlali