Mouna Sepehri, personnage clé de Renault, dans les turbulences de l'affaire Ghosn

Sepehri était classée 14ème parmi les 50 Français les plus influents dans le monde en 2017 par le magazine Vanity Fair


Libé
Lundi 14 Janvier 2019

Franco-Iranienne, avocate et proche collaboratrice du PDG de Renault, Carlos Ghosn, Mouna Sepehri a connu une ascension fulgurante au sein d'un secteur "très masculin", avant de se retrouver mêlée aux turbulences entourant le dirigeant automobile emprisonné.
Des documents consultés par l'AFP montrent que Mme Sepehri a reçu près de 500.000 euros en quelques années en tant que membre du directoire de l'alliance Renault-Nissan. Elle était la seule dirigeante salariée par la société de droit néerlandais Renault-Nissan BV, selon une source proche du dossier.
Renault, engagé dans un rapport de force avec son partenaire Nissan sur l'avenir de l'Alliance depuis l'arrestation de M. Ghosn au Japon, a de son côté dénoncé une "campagne de déstabilisation délibérément orchestrée" et insisté sur "l'absence de fraude" mise en évidence par ses investigations internes.
Mme Sepehri, qui a travaillé pendant des années avec l'ancien patron de Renault, Louis Schweitzer, avant de devenir une proche de M. Ghosn, est "une des personnes à l'origine de l'Alliance, ce qui pourrait expliquer qu'elle soit dans la ligne de mire", selon une source proche du dossier.
"L'industrie automobile est réputée très masculine et c'est vrai, il y a beaucoup d'hommes ingénieurs. Mon parcours et mon profil étaient un peu atypiques, ça a pu être parfois plus difficile mais ça peut aussi être un atout", expliquait Mouna Sepehri dans une interview vidéo au magazine Challenges en 2012.
Femme dans un milieu de dirigeants automobiles composé d'hommes à une écrasante majorité, celle qui est directrice déléguée à la présidence de Renault est par ailleurs diplômée en droit et avocate de formation.
Selon le site du constructeur automobile, elle a commencé sa carrière en 1990 "comme avocate à Paris puis à New York, où elle se spécialise en fusions acquisitions et droit international des affaires". Avant d'entrer chez Renault en 1996, comme directeur juridique adjoint du groupe.
Si elle a fait ses études en France, Mme Sepehri est née à Babol (Iran), à 200 kilomètres au nord-est de la capitale Téhéran, près de la mer Caspienne, rapportait en septembre 2016 AutoNews dans le cadre d'une rare interview. Elle y confessait un fait surprenant, avoir été "une championne de skateboard" dans sa jeunesse.
Arrivée en France à l'âge de 12 ans, elle souligne régulièrement l'importance de la diversité au sein des entreprises: "Quand vous avez une équipe diverse, cela vous aide à éviter les angles morts", expliquait-elle en octobre. Une mentalité qui fait écho au parcours de Carlos Ghosn, lui-même libano-brésilo-français et qui revendiquait dans un livre en 2005 être "citoyen du monde".
Régulièrement présente au Women's Forum, elle est aussi attentive à la place des femmes au sein de son entreprise. Elle a notamment été à la tête du réseau "Women@Renault" mis en place "pour aider les femmes à discuter entre elles", via un système "de formation, de tutorat pour les aider à se développer au sein du groupe", expliquait-elle en 2012.
Mère de deux enfants, elle revendiquait aussi "avoir une vie très équilibrée": "Je me suis attelée à avoir une profession qui me passionne mais également un mari, des enfants qui me permettent de trouver mon équilibre".
Sa biographie sur le site de Renault précise qu'elle a fait son entrée au comité exécutif en 2011, dans le contexte de la fausse affaire d'espionnage au sein de Renault, qui avait accusé à tort trois de ses cadres d'espionner au bénéfice de la Chine. Cela avait coûté leur place à plusieurs cadres dirigeants, dont le directeur juridique, Christian Husson et la secrétaire générale, Laurence Dors, tous deux remplacés par Mouna Sepehri.
Son portefeuille est conséquent, notamment la direction juridique, la direction des affaires publiques, la direction de la communication, la direction des relations publiques et la direction de la responsabilité sociale de l'entreprise.
Membre permanent du directoire de l'Alliance depuis 2013, administrateur de la fondation Renault, elle était classée 14e parmi les 50 Français les plus influents dans le monde en 2017 par le magazine Vanity Fair. Si l'Alliance "est devenue, cette année, numéro 1 mondial de l'automobile devant Volkswagen et Toyota, elle n'y est pas pour rien", notait alors le magazine.


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