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C’était lors d’un colloque organisé jeudi dernier par l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf) en partenariat avec l'organisation féministe suisse pour la paix «CFD» sous le thème «Mères célibataires, entre l’ambition de l’Etat de droit et la réforme escomptée».
L’Association Insaf a expliqué que «la problématique des mères célibataires au Maroc concentre, à elle seule, un nombre considérable d’exactions. La Constitution de 2011 consacre une égalité totale entre les hommes et les femmes. Le Maroc a également adopté plusieurs conventions internationales pour la protection des droits de l’Homme, des femmes, des enfants… Néanmoins, la réalité n’embrasse pas, tout à fait, ces avancées consacrées par ces différents instruments juridiques. C’est pour cela que le Souverain n’a pas manqué d’évoquer, dans son dernier discours du Trône, les lacunes contenues dans le Code de la famille».
Rabiaa Amallal, avocate au barreau de Casablanca et activiste associative, a fait savoir que le phénomène des mères célibataires a pris de l’ampleur dans la société marocaine, affirmant que la société «met les mères célibataires dans le même panier, tout en sachant que la plupart d'entre elles sont victimes de viol, de mariage précoce, de mariage par Fatiha, de mariage de plaisir… ».
L’intervenante a souligné que la société stigmatise les mères célibataires et leurs enfants qui sont considérés comme des «enfants illégitimes», appelant à la mise en œuvre de la Convention sur l'abolition de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), en particulier son aspect lié à l'élimination de la discrimination dans les affaires fondées sur le genre.
Rabiaa Amallal a également mis en avant que le Maroc a dynamisé un important processus de réformes dans le domaine des droits de la femme et de l’enfant, notamment à travers la ratification des conventions internationales, le Code de la famille et la Constitution de 2011.
Pour sa part, Hanane Taklantin, psychologue clinicienne à Casablanca, a mis l’accent sur l’importance de l’accompagnement psychologique des mères célibataires, ajoutant que l’exclusion familiale et le regard de mépris de la société condamnent ces femmes à vivre dans une situation de vulnérabilité et de précarité.
Elle a précisé que la protection des mères célibataires n’est pas uniquement l’apanage des organisations de la société civile, mais elle est plutôt l’affaire de tous les acteurs : Etat, partis politiques et société. «La question des mères célibataires est une question sociétale», a-t-elle souligné.
La directrice des programmes AMIDEST au Maroc, Amal Souhaili, a, de son côté, mis l’accent sur le programme Apprentissage pour l’emploi qui favorise les femmes en situation de précarité et qui a profité à 600 d’entre elles via des Soft Skills et des Hard Skills.
Quant à Zaynab Maknoun, consultante et experte en droit, elle a affirmé qu’une étude commanditée en 2010 par Insaf a révélé que plus de 210.000 mères célibataires ont été répertoriées au niveau national durant la période allant de 2003 à 2009 et que 24 enfants étaient abandonnés chaque jour durant la même période.
L’intervenante a relevé également qu’une étude actualisée en 2015 a montré que la région de Casablanca a enregistré entre 2004 et 2014 à peu près 44.000 enfants issus de relations extraconjugales, soit 4.000 enfants par an. La même étude a révélé que 9.400 enfants ont été abandonnés dans la région de Casablanca, soit en moyenne 850 enfants abandonnés par an.
«Nous devons saluer les très grands progrès qui ont été effectués par le législateur marocain. Actuellement, il n’est pas possible de distinguer un enfant légitimement conçu d’un enfant né hors mariage. Les deux ont le même dossier avec un nom de père et de grand-père même s’il est fictif dans le cas d’un enfant d’une mère célibataire », a indiqué la présidente de l’Association Insaf, Meriem Othmani, dans une allocution lue en son nom.
Elle a aussi souligné qu’«il reste le problème du livret de famille qui n’est toujours pas remis à la mère célibataire», espérant que «cette question sera résolue prochainement».
Par ailleurs, Meriem Othmani a fait savoir qu’il reste encore beaucoup de progrès à réaliser, affirmant que «suite au dernier discours de S.M le Roi Mohammed VI (prononcé à l'occasion du 23ème anniversaire de la Fête du Trône), l’espoir renaît de voir disparaître les nombreuses injustices existantes encore».
«Si les textes sont là pour nous protéger, il existe un mal qui est loin d’être soigné, c’est le regard de mépris qu’une grande partie de la société civile porte sur la mère célibataire», mettant en exergue que la plupart des mères célibataires sont des victimes et, pourtant, elles sont traitées comme des coupables.
Il y a lieu de rappeler qu’Insaf, fondée en 1999, est une association à but non lucratif reconnue d’utilité publique en 2002. Elle œuvre pour une société garantissant à chaque femme et à chaque enfant le respect de leurs droits dans un environnement digne et responsable.
Mourad Tabet