«Mama» Merkel et les réfugiés


Par Hamid Lechhab
Mercredi 16 Septembre 2015

Des larmes publiques, versées à cause des réfugiés, ont suffi pour faire croire à «la bonté» et à «la bonne volonté» de la Kanzlerin, concernant le problème des réfugiés. En un clin d’œil, les frontières allemandes se sont ouvertes devant des vagues humaines, des âmes innocentes, fuyant la terreur, la peur de la mort certaine et le désespoir. Des milliers d’hommes, de femmes, jeunes et enfants ont trouvé le chemin de l’exil, jouant le tout pour le tout, supportant la faim, la soif, les maladies, les humiliations en  tout genre, portant un brin d’espoir pour sauver leur dignité humaine. Rassemblés comme des troupeaux de bétail devant des barbelés, nouveaux murs de la honte, dans quelques pays du bloc communiste d’hier, touchés par les larmes de Merkel, croyant que l’Allemagne est leur pays «sauveur», des voix se sont levées pour demander que le prix Nobel de la paix honore Merkel.
Les émissions télévisées allemandes se sont multipliées, évoquant l’aubaine que l’arrivée des réfugiés représente pour l’économie du pays, surtout si l’on considère le développement démographique du pays en vieillissement continu et la participation potentielle de ces futurs travailleurs dans la caisse de retraite allemande.
En moins d’une semaine, la donne se renverse complètement et les frontières allemandes, en particulier avec l’Autriche, se referment de nouveau au nez des réfugiés. Bloqués entre la gare de Vienne, gravée dans la mémoire collective arabe grâce à Smahan, et la gare de Salzbourg, pays de Mozart, ces réfugiés font le plein de l’espoir à la recherche de la frontière de la Bavière, ancrée dans l’inconscient arabe via son club de foot et son Arena, considéré comme l’un des monuments architecturaux uniques au monde.
En fermant hermétiquement ses portes, l’Allemagne, leader de l’économie européenne, efface les larmes de Merkel, qui, à travers ce geste humainement négatif, peuvent être traduites par la peur et non par l’humanisme. En pleurnichant lors de la noyade de ce petit Syrien, Merkel pleurait son destin et non celui des réfugiés. Le réfugié n’est certainement pas un joker politique, mais plutôt une carte inutile et dangereuse dans toute partie de poker idéologique.
Pour ne pas tomber dans l’amalgame, la majorité écrasante du peuple allemand a incontestablement une tendance humaniste. Des milliers de citoyens s’engagent pour les réfugiés, que ce soit par conviction religieuse ou philosophique. Il y a même des familles allemandes qui hébergent volontairement des familles de réfugiés. Mais l’Allemagne reste aussi, c’est son côté sombre, le pays où les attaques et les agressions contre les réfugiés sont d’une ampleur inquiétante. De 1991 à nos jours, on enregistre tous les deux jours une agression contre les abris des réfugiés un peu partout en Allemagne. Les manifestations publiques des néo-nazis et de l’extrême droite contre la présence des étrangers en général et des réfugiés en particulier, sont à l’ordre du jour.
Par son geste surprenant et inquiétant envers le problème des déracinés, qui ont choisi l’exode, fuyant le génocide, l’Allemagne dévoile le visage hypocrite de la politique de l’Union européenne, concernant les réfugiés. Les masques sont tombés et le dossier de ces derniers est devenu comme «eine heisse Kartoffel = une patate chaude», dont ne veut aucun politicien européen. Chacun la jette à l’autre et personne n’a l’audace de s’en occuper. En enflammant la région arabe, l’Occident a cru bien faire. Se délectant de la destruction de l’Arabe par l’Arabe, créant des conflits régionaux où il n’est pas directement impliqué, l’Occident s’est trompé dans ses calculs. En semant le vent, il est en train de récolter la tempête. Ainsi, la politique occidentale se déshabille entièrement et se libère de sa composante humaniste. Le changement radical de cap de l’Allemagne ne peut être traduit que par la volonté, consciente ou inconsciente, d’abandouner les réfugiés à leur sort, se noyant dans un destin qu’ils n’ont pas choisi, victimes de la bêtise humaine. Ce ne sont que quelques millions d’Arabes en moins. Qu’ils meurent sous les bombes ou au large de la Méditerranée, cela arrange parfaitement la politique occidentale.
En exportant massivement son matériel militaire au Moyen-Orient et en fermant ses frontières, l’Allemagne donne toutes les raisons de croire que sa volonté originelle est d’en finir avec les Arabes. C’est un nouveau antisémitisme, pratiqué contre les descendants d’Ismaël cette fois-ci, avec l’unique différence qu’il se déroule sur la terre arabe et non en Europe. Que tous les Arabes crèvent n’a aucune importance aux yeux des Européens, on les aide même à creuser leurs tombes et on les motive à exercer leur harakiri, l’essentiel c’est que le génocide de la race humaine continue. C’est l’unique trophée auquel croit le politicien occidental. Ainsi se pratiquent donc les droits de l’Homme et la dignité de la personne sur le terrain selon les politiques occidentaux. Reste l’espoir concret dans quelques pays européens, comme l’Autriche, qui ne baisse pas les bras et continue à recevoir des réfugiés. Mais tôt ou tard, ce petit pays au cœur de l’Europe atteindra ses limites et sera la première victime de la «solidarité» théorique de l’Union européenne.


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