Malgré les critiques, l'Afrique du Sud veut miser sur la chasse


AFP
Samedi 3 Novembre 2012

Malgré les critiques, l'Afrique du Sud veut miser sur la chasse
Prisée pour ses réserves animalières, l'Afrique du Sud est aussi une destination de choix pour les chasseurs. Autorités et professionnels veulent développer cette activité lucrative, à l'image négative mais qui apporte au pays devises et emplois.
"L'industrie de la chasse contribue de façon significative à l'économie du pays", a souligné la ministre de l'Environnement Edna Molewa, en ouvrant un colloque consacré à la question, lundi et mardi à Sun City (nord).
"Le gouvernement reconnaît que l'élevage d'animaux sauvages et la chasse apportent une contribution majeure à la protection de l'environnement, au développement du tourisme et à la création d'emplois, notamment dans les zones rurales" où la majorité de la population est au chômage, a-t-elle insisté.
Il y a en Afrique du Sud plus de 10.000 exploitations commerciales spécialisées dans l'élevage de bêtes sauvages, qui couvrent près de 17% de la superficie du pays. Fournissant de la viande et offrant des cibles pour les chasseurs, elles pèsent 8 milliards de rands (715 millions d'euros) de chiffre d'affaires par an, à peine moins que les fruits et légumes.
Avec un certain succès: "Le chiffre d'affaires de la branche a crû de 20,3% par an en moyenne ces quinze dernières années", souligne Gert Dry, président de l'association des éleveurs.
Selon Melville Saayman, chercheur à l'Université du Nord-Ouest, les chasseurs ont dépensé en 2010 --dernier chiffre connu-- quelque 6,2 milliards de rands (550 millions d'euros), donnant du travail à 140.000 personnes.
Le gros de la troupe sont des chasseurs locaux qui s'intéressent à la viande: surtout des hommes blancs qui viennent du Gauteng (la région de Johannesburg et Pretoria), parlent afrikaans et chassent dans le Limpopo (nord). Avec comme cibles favorites toutes sortes d'antilopes.
Les 5.673 étrangers venus tâter du fusil en Afrique du Sud en 2010 venaient en majorité des Etats-Unis, du Danemark, de Suède et de Norvège. Ils y ont abattu 31.556 bêtes, privilégiant les lions, avant les rhinocéros blancs, les koudous, les buffles et les oryx.
Il s'agit de passionnés, plutôt fortunés puisqu'il faut dépenser quelque 22.000 dollars rien que pour avoir le droit de tirer sur l'un des 500 lions tués tous les ans dans le pays.
Ces chasseurs étrangers qui ne connaissent pas la crise ont dépensé environ 600 millions de rands (53 millions d'euros) en 2010. Mais "ce chiffre est sous-estimé, le montant devrait être beaucoup plus élevé" car il ne prend pas en compte des dépenses telles que la taxidermie et autres frais annexes, estime M. Saayman.
On peut chasser en Afrique du Sud dans des domaines privés, mais aussi dans certains parcs publics du Nord-Ouest et dans des réserves qui jouxtent le célèbre parc national Kruger (nord-est) et en partagent les animaux depuis que les clôtures ont été abolies dans les années 1990.
"Je pense qu'il nous faut positionner notre pays comme destination pour la chasse, beaucoup plus que nous le faisons", avance l'universitaire Melville Saayman, lui-même chasseur régulier.
Mais les professionnels se heurtent à un problème d'image: il leur faut inlassablement convaincre qu'une chasse encadrée n'est pas une mauvaise chose pour la survie des espèces, d'autant que les exploitants privés, propriétaires des bêtes, n'ont aucun intérêt à perdre leur capital.
"Au Kenya, ils ont interdit la chasse en 1977, et ils ont perdu 80% de leurs animaux!", relève Gert Dry.
"En ce qui concerne l'image de la chasse, on peut faire beaucoup plus pour faire connaître la réalité", explique Stephen Palos, président de la Confédération des associations de chasseurs d'Afrique du Sud (Chasa).
Les défenseurs des droits des animaux qui font campagne contre la chasse ne sont pas nécessairement des défenseurs de l'environnement, selon lui. "Et malheureusement, les défenseurs des droits animaux jouent sur l'émotion. Ils volent littéralement des fonds qui devrait aller à la protection de l'environnement", accuse-t-il.
Reste que certaines pratiques font débat. Après avoir grandi en captivité, les lions ne sont souvent relâchés, affamés, que quatre jours avant le jour de la chasse, dans un espace inconnu où ils n'auront que peu de chance d'échapper à leurs poursuivants.


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