Colères et ruptures, ratages et impostures fracassées au son d’une voix rauque, et rock, qui parfois épouse des langueurs sensuelles : les mondes de Mademoiselle K tiennent autant de la gifle bien donnée, que de la caresse du bout des lèvres. 25 ans au compteur, 12 titres sur la galette, pas mal de scènes dans les jambes et look de rockeuse qui n'est pas sans rappeler Chrissie Hynde (Pretenders) – mèche noire, regard cash, perfecto, jean et santiags. Bref, voilà une Parisienne de naissance au caractère de meneuse qui gomme ses doutes à coup de larsen et de textes bien sentis. « Le jour où l’on comprend qu’on peut vivre en tant que musicienne, on fonce on n’a plus peur de l’avenir, ni de la précarité », dit-elle, attablée à une terrasse des Halles. On l’imaginerait clope au bec et mousse à la main. Faux : Mademoiselle K ne fume pas, boit de la verveine, et enquille sur un chocolat. « Ce n’est pas rock'n'roll » et elle s'en fout « grave ». Petite, elle voulait être chef d’orchestre, ou, pourquoi pas, cavalière. A quatre ans, un guitariste aperçu au bois de Boulogne lui met le pied à l’étrier – musical. Premier pas dans la musique à 5 ans, quand sa mère l'inscrit en éveil musical. Elle veut alors faire du piano comme la plupart des gamins mais « ça coûtait trop cher et on n’avait pas la place alors j'ai fait de la flûte à bec! ». 3 ans après, première guitare puis première scène en carton lors de vacances d'été chez ses grands-parents en Pologne: « Un spectacle monté avec mes cousins et du papier crépon, dans une maison avec un toit en paille, et Goldorak au répertoire ». Puis parcours classique, conservatoire, solfège, gammes et tutti quanti, mais surtout, la rencontre dans son lycée du XIIIème arrondissement avec une prof de musique qui sera son mentor: Annick Chartreux. « Avec elle, j'ai découvert qu'il n'y avait pas des musiques mais LA musique ; pas de cloisons entre les genres, ce qui m'a permis de garder l'esprit toujours grand ouvert ; à cette même période, je me suis fait ma culture G en bouffant du CD. Du jazz, du baroque, du médiéval, du classique, … tout. J'ai fait aussi de la scène, ce qui me démangeait depuis pas mal de temps, mais je ne chantais pas encore : j'étais avant tout guitariste. J'écrivais des textes, mais je n'imaginais pas les mettre en musique ». Elle passe un prix de guitare classique, blinde ses références (Nina Simone, BB King Janis Joplin, Mahler, Ravel, Radiohead), traîne côté Pigalle dans les boutiques d’instruments et découvre la guitare électrique, via « une copine qui en avait gagné une à un concours Ouï FM ». Bac en poche, Mademoiselle K s’inscrit en musicologie, commence à mettre son premier texte en musique et donc, se met à chanter. Puis elle se voit devenir prof, chante, toujours, et rate son Capes. Le déclic ! « C’est là que j’ai écrit Ca sent l’été, et que je me suis coupé les cheveux!». Ni volte face, ni réaction post-traumatique, mais poursuite assurée d’un chemin déjà bien entamé : rencontres avec des musiciens, lâchages et nouveaux horizons, scènes à 50 euros la soirée « mais le plus souvent à rien du tout », cours de chant et achat de sa 1ère guitare électrique : une Fender Telecaster. Les maquettes se succèdent et les textes s’empilent. Rock, toujours : « J’ai besoin de cette énergie là, qui secoue; et de travailler à plusieurs ». Son petit doute sur la faisabilité en V.F. est levé par un live de -M- entendu à la fête de la musique : « En tant qu'ado c'est le 1er artiste francophone avec qui je me suis dit que ça pouvait le faire en français ».
Son gang musical monté, le studio installé, l’enregistrement a réservé sur 13 jours son lot de jolies surprises, entre impros révélatrices et sonorités inattendues. A découvrir fin août, un album qui colle au corps et touche au ventre, à l’image de Mademoiselle K : énergies déchaînées, féminité boostée aux riffs de guitare, en mouvement, toujours.