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"Nos yeux demeurent rivés sur le pays tout au long de ce mois. On multiplie les appels téléphoniques pour s'enquérir de la famille au Maroc et avoir écho de l'inégalable atmosphère ramadanesque au pays”, lance Mohamed, installé depuis plus de deux ans aux USA.
De l'acquisition des incontournables mets marocains pour garnir la table du ftour, aux visites d'amis et proches et à l'accomplissement des prières dans les rares mosquées que compte le pays d'accueil, la communauté marocaine ne lésine pas sur les moyens et n'a cure des grandes distances pour vivre un moment de réflexion spirituelle, de retrouvailles et de retour aux sources.
Pour s'approvisionner en produits typiquement marocains, la majorité des membres de la communauté installée dans la grande région de Washington converge vers une petite rue marchande du quartier sky line (Etat de Virginie) réputée pour ses magasins arabes.
“Le déplacement en vaut la chandelle. On trouve tout ici : chebakia, sellou, gâteaux marocains, briouates”, se réjouit Leila, une Marocaine qui vit depuis plus de 10 ans dans l'Etat du Maryland. Mais, renchérit-elle sur un ton nostalgique, “rien ne peut égaler les parfums de sucreries et de cuisine marocaines que vous sentez partout dans les rues et foyers au Maroc”.
Dans ces magasins arabes, les délicieux mets marocains, comme chebakia ou briouates ne sont pas disposés en pyramides gourmandes, mais rangés à dose homéopathique dans des petites boîtes qui affichent un prix exorbitant, ne s'empêche de comparer Fatima. "Parfois, la qualité laisse à désirer", ajoute-t-elle d'un air dépité.
Pour Driss, père de famille installé depuis plusieurs années en Floride, il s'agit d'être "créatif". Depuis son installation aux USA il y a plusieurs années, il s'ingénie à trouver les moyens pour que ses enfants partagent la même expérience qu'il avait vécue durant le mois de Ramadan au Maroc.
Plongeant dans ses souvenirs d'enfance, il évoque le son du tambour avant le "Shor" et les senteurs délicieuses dans le quartier avant l'iftar.
"J'essaye de recréer cette ambiance ramadanesque pour que ce mois soit spécial pour mes enfants", confie-t-il, jugeant important qu'ils comprennent sa signification.
A la faveur de ces efforts, les enfants de Driss sont d'emblée conscients que le Ramadan, au-delà du rituel qu'il implique, est aussi un mois de compassion, de générosité et de patience ainsi qu'un moment de “célébration et de socialisation“.
Dans un pays où seulement 2% de la population est de confession musulmane, jeûner n'est pas une sinécure, s'accordent à souligner d'autres compatriotes.
Yamina, mère de deux enfants âgés de 17 et 19 ans, évoque comme difficulté l'horaire qui n'est pas adapté à ce mois.
Ce problème impacte, selon elle, la performance de ses enfants à l'école, notamment dans les cours de sport. Son mari, enseignant dans une prestigieuse université de Washington, rate souvent les repas d'iftar, en raison d'un horaire de travail contraignant.
Déplorant l'absence d'une ambiance ramadanesque durant les premiers jours de la semaine, Yamina se rattrape durant le week-end, en préparant une table de ftour marocaine bien garnie qui réunira sa petite famille, ainsi que ses proches habitant la même région qu'elle.
L'absence d'une “ambiance spirituelle” est également relevée. L'on évoque dans ce sens un contexte qui “ n'est pas dédié au jeûne“. “Le fait d'avoir à longueur de journée des gens autour de soi en train de bouffer ne rend pas les choses faciles“, affirme sans ambages Meryem. Elle note également dans ce sens que les mosquées aux USA présentent en général des prêches en langue anglaise, dont elle n'a pas l'habitude.
Pour les Marocains installés en Amérique depuis plus de 20 ans, les conditions du Ramadan auraient beaucoup changé depuis les temps où ils ont mis les pieds dans le pays de l'Oncle Sam.
Hassan, qui passera son 25ème Ramadan aux USA, se rappelle qu'à son arrivée dans ce pays, il ressentait, à l'avènement du mois sacré, "une grande nostalgie et un certain dépit".
Au cours des dernières années, il y a eu un changement dans la Grande région de Washington, estime-t-il. "On peut maintenant faire des programmes ramadanesques: aller aux mosquées avant et après Al Iftar, organiser des réunions entre amis et proches, regarder des programmes des télévisions marocaines adaptées à nos horaires", énumère Hassan en guise d'exemples.
Mais l'ambiance ramadanesque est "spéciale et sans pareille" dans le pays d'origine, tranche-t-il.
Pour Moatassim et Mohamed, deux jeunes installés depuis plusieurs années aux USA, "la foi est mise à l'épreuve" dans un pays étranger. "On devient de plus en plus fort quand on résiste à tous ces défis et tentations: travailler les mêmes heures qu'en temps normal ou être entourés de personnes qui ne jeûnent pas".
Dans ce contexte difficile, "on collectera plus de hassanat (bonnes œuvres) que nos compatriotes au Maroc", intervient pour sa part Najib, se consolant ainsi "d'une ambiance ramadanesque unique et incomparable, celle du pays d'origine".