En pareil jour, une série
d'attentats-suicide
s'est produite
au coeur de Casablanca.
Ces actes barbares ont ciblé des établissements hôteliers et des lieux de culte tuant 45 personnes. Ils ont été perpétrés par 14 membres d'un groupe terroriste intégriste.
Les kamikazes, âgés entre 20 et 25 ans, attaquèrent dans la nuit du 16 mai en portant des grenades et des explosifs. Certains étaient armés de couteaux, et poignardèrent un vigile du restaurant à la Casa de Espana, tenu par un Espagnol. Ils pénétrèrent dans l'établissement et se firent exploser, tuant 20 personnes dont des enfants, dînant ou jouant au bingo.
L'Hôtel Farah fut attaqué ensuite, provoquant une explosion qui tua un vigile et un portier. Un autre terroriste tua trois personnes, dans sa tentative de se faire exploser dans un cimetière juif. Ne parvenant pas à son objectif, il fit exploser sa bombe à 150 mètres, près d'une fontaine.
Deux kamikazes attaquèrent aussi, sans faire de victimes, un centre social juif, fermé ce
jour-là.
Un terroriste a attaqué une pizzéria et un autre s'est fait exploser près du Consulat de Belgique tuant deux policiers.
Suite à ces attentats, la police et les différents organes de sécurité ont procédé à des dizaines d'arrestations pour mettre les terroristes hors état de nuire et les déférer devant la justice. Pourtant, les conséquences étaient dramatiques au niveau psychologique.
Ces actes monstrueux, qui ont fait couler le sang des innocents, rendu orphelins et veuves enfants et femmes, engendrant, par là même, des dégâts matériels, suscitent de la part de tous, réprobation, répulsion et condamnation.
Il n’est pas sans importance de rappeler que le Maroc a toujours été une terre de paix et de tolérance, d'accueil et de coexistence. C'est du moins ce dont nous avons été toujours convaincus avant ces tristes évènements. Avant cette date, le discours religieux était systématiquement exploité par des groupes intégristes à d'autres fins dans le but de nuire à la marche du pays vers plus de démocratie, plus d'ouverture et plus de libertés publiques.
Or, depuis le 16 mai, au soir, la capitale économique est secouée par des attentats qui marqueront à jamais l’histoire du pays et de ses citoyens. Les auteurs de cet acte barbare visaient à ternir l’image du Maroc et ébranler sa stabilité, sur la scène internationale, mais la réaction du peuple marocain face à ce phénomène qui lui était jusque-là étranger, ne s’est pas fait attendre. Plus de deux millions de citoyens ont crié leur indignation lors d’une manifestation monstre dans les rues de Casablanca, scandant le désormais célèbre slogan "Matkich Bladi (touche pas à mon pays)".
Les évènements du 16 mai ont prouvé que les Marocains étaient imbus d’un civisme sans égal, mais ils ont aussi prouvé que le Maroc n’est pas si "intouchable" que nous le pensons. Ces attentats sont condamnables, il n’y a même pas lieu d’en discuter, mais quelles sont leurs causes, leurs raisons, leurs commanditaires? Ces questions-là sont à poser et à méditer…
Les Marocains ont souffert de la pauvreté, de la misère, du chômage, de l’ignorance et de l'analphabétisme; cela est incontestable, mais aucune raison ne justifie de tels actes abominables.