Les superficies cultivées appelées à baisser de moitié : La céréaliculture, parent pauvre du Plan Maroc Vert


Libé
Vendredi 31 Décembre 2010

Nul n’y trouvera à redire : si le Maroc a été exportateur de céréales du 14° siècle à 1960, il en est, depuis lors, importateur et le déficit qu’il enregistre à ce niveau va en s’aggravant sous l’effet conjugué de la pression démographique et des années de sécheresse.
Nul non plus ne dira le contraire : la céréaliculture a été élevée au rang de priorité stratégique dès l’aube de l’Indépendance comme en témoigne la place qu’elle a occupée dans les différents plans de développement économique élaborés au temps où la planification rigide tenait le haut du pavé, et ce en considération de la place déterminante de cette culture dans la vie du pays en tant que «pourvoyeur de nourriture, employeur de main-d'œuvre et important secteur productif. Témoin de l’intérêt officiellement  accordé à la céréaliculture: "l'opération Touiza", a été lancée en 1957, c’est-à-dire à une époque où les pays choisissaient de fonder leur développement sur l'industrie à cause de ses effets multiplicateurs sur l'économie.
Plus d’un demi-siècle plus tard,  ce choix paraît pertinent au regard des résultats obtenus. Le développement du secteur a permis d’assurer au pays une relative indépendance alimentaire, à sous-tendre l'essor d’un pan important de l’industrie agro-alimentaire, de limiter autant que faire se peut l'exode rural et de réaliser une certaine stabilité sociale.
Les céréales continuent à dominer la superficie arable utile. Réalisée essentiellement sous des conditions de pluviométrie aléatoire, la production subit de grandes fluctuations interannuelles au gré du climat, variant de moins de 18 millions de quintaux (campagne 1994-1995) à plus de 100 millions (campagne 2008-2009). En outre, la production nationale assure à peine les deux tiers des besoins, le reste étant importé.
Parmi les problèmes en suspens, l’un des plus importants demeure, en effet, la mise à l’écart des céréales qui ont peu bénéficié de la politique de modernisation alors qu’elles sont vitales pour toutes les familles marocaines comme aliments de base, et source de revenu pour la très grande majorité des exploitations agricoles.
Pour pallier  cette situation, le gouvernement a mis en place une nouvelle stratégie axée sur la consolidation du développement humain, la correction des déséquilibres régionaux et la valorisation des potentiels. La politique de décentralisation, menée depuis les réformes administratives de 1992 et 1996, crée un environnement favorable à cette nouvelle politique de développement agricole et rural à laquelle l’actuel projet de régionalisation avancée ne manquera pas de donner un nouvel élan.
Dénommée « Maroc Vert », le plan ainsi mis en branle par le département de l’Agriculture et de la Pêche maritime nécessiterait d'importants efforts, notamment au niveau de l'utilisation des intrants et du développement de la mécanisation. C'est ainsi que les besoins en engrais seront augmentés de 78% pour atteindre 1,6 million de tonnes contre 900.000 consommées actuellement. A terme aussi, un disponible de 1,8 million de Qx/an de semences sélectionnées sera nécessaire pour faire face aux besoins de la céréaliculture. Car, même s'il est prévu de diminuer fortement les superficies réservées à cette spéculation, l'augmentation de la production passe par l'utilisation de semences à hauts rendements.
Par filière, les programmes arrêtés n'excluent aucun secteur. Mais ils opèrent des arbitrages en fonction du niveau de rentabilité. Mais de par son importance, en termes d'occupation des sols et des populations, la filière céréalière retient toutefois l’attention.
Le nombre de projets réservés à cette filière dans le cadre du Plan Maroc Vert a pour objectif premier de réaliser une production annuelle de 76 millions de Qx tout en réduisant les superficies réservées aux céréales.
Pour le moment, celles-ci occupent 44% de la superficie utile agricole alors qu'il s'agit de les ramener à 22%. Ce qui, de prime abord, paraît d’autant plus contradictoire que le ministre en charge du secteur avait fait récemment accroire aux élus de la Nation, préoccupés par le fait que ce Plan ait tourné le dos aux concepts d’autosuffisance et de sécurité alimentaire, que son plan laisse la  liberté aux agriculteurs d’emblaver leurs champs comme ils le voulaient et d’y planter ce qu’ils voudraient. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, car les démarches sous-tendant l’application de sa stratégie poursuivent étrangement les mêmes objectifs qui ont produit cette agriculture à deux vitesses que nous connaissons aujourd’hui tout en portant les mêmes germes que la planification dirigiste d’antan.


Lu 627 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe











L M M J V S D
      1 2 3 4
5 6 7 8 9 10 11
12 13 14 15 16 17 18
19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31  





Flux RSS
p