-
Le bilan critiquable de la gestion de la migration irrégulière au Maroc : Les chiffres crus de l’Intérieur
-
Pratiques mystificatrices du gouvernement tendant à minimiser et dévaloriser le rôle des institutions, bien que clairement défini par la Constitution
-
L'exploitation de travailleurs viticoles marocains une nouvelle fois en procès en Gironde
-
Réunion du Collectif international de soutien aux familles d’origine marocaine expulsées d’Algérie
-
Réaction de la rédaction de Maroc Hebdo à la cyberattaque algérienne contre son site
L'exposition à la chaleur excessive sur le lieu de travail dans les Etats arabes a affecté 83,6% de la main-d'œuvre, selon l’OITLe stress thermique accable un nombre croissant de travailleurs dans le monde, constate l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un nouveau rapport mettant en garde contre l'augmentation du nombre d’employés exposés à la chaleur excessive.
«La chaleur est un tueur silencieux qui menace la santé et la vie de plus en plus de travailleurs dans toutes les régions du monde», affirme l’agence spécialisée des Nations Unies s’occupant des questions relatives au travail, à l'emploi et aux normes sociales dans le monde entier.
Selon le rapport intitulé «Heat at work: Implications for safety and health», (La chaleur au travail: Implications pour la sécurité et la santé), de nouvelles données montrent que les régions qui n'étaient pas habituées à des chaleurs extrêmes seront confrontées à des risques accrus, tandis que les travailleurs des climats déjà chauds seront confrontés à des conditions de plus en plus dangereuses.
La crise du stress thermique s'accélère
En effet, «le rapport indique que les travailleurs d'Afrique, des Etats arabes et d'Asie-Pacifique sont le plus souvent exposés à une chaleur excessive», comme le relève l’organisation internationale précisant que 92,9%, 83,6% et 74,7% de la main-d'œuvre respective sont concernés dans ces régions.
L’analyse des données les plus récentes disponibles (2020) suggère que ces chiffres sont supérieurs à la moyenne mondiale de 71%, poursuit l’agence onusienne.
D’après ledit document, les conditions de travail évoluent le plus rapidement en Europe et en Asie centrale où, entre 2000 et 2020, cette région a enregistré la plus forte augmentation de l'exposition à la chaleur excessive, la proportion de travailleurs concernés ayant augmenté de 17,3%. Ce qui correspond à près du double de la hausse moyenne mondiale.
Les Amériques, l'Europe et l'Asie centrale enregistrent, de leur côté, la plus forte hausse des accidents du travail dus au stress thermique depuis l'an 2000, avec des augmentations respectives de 33,3% et 16,4%.
Selon les explications de l’OIT, cela est peut-être dû à des températures plus élevées dans des régions où les travailleurs ne sont pas habitués à la chaleur.
Tueur invisible et silencieux, le stress thermique «peut rapidement provoquer une maladie, un coup de chaleur ou même la mort. Avec le temps, il peut également entraîner de graves problèmes cardiaques, pulmonaires et rénaux chez les travailleurs», prévient l’organisation internationale rapportant qu’environ 4 200 travailleurs dans le monde ont perdu la vie à cause des vagues de chaleur en 2020.
Au cours de cette même année, 231 millions de travailleurs ont été exposés aux vagues de chaleur, traduisant une augmentation de 66% par rapport à 2000.
A noter toutefois que «neuf travailleurs sur dix dans le monde ont été exposés à une chaleur excessive en dehors d'une vague de chaleur et que huit accidents du travail sur dix dus à une chaleur extrême se sont produits en dehors des vagues de chaleur», comme le souligne le document.
Quoi qu’il en soit, alors que le monde continue de lutter contre la hausse des températures, le directeur général de l’OIT, Gilbert F. Houngbo, estime que «nous devons protéger les travailleurs contre le stress thermique tout au long de l'année». Car, fait-il remarquer, « la chaleur excessive crée des défis sans précédent pour les travailleurs du monde entier tout au long de l'année, et pas seulement pendant les périodes de canicules intenses».
Il est important de savoir qu’en plus de prévenir les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail, l'amélioration des mesures de sécurité et de santé pourrait permettre d'économiser jusqu'à 361 milliards de dollars dans le monde – en perte de revenus et en frais de traitement médical.
D’ailleurs, les estimations de l'OIT montrent à ce propos que « les économies à faibles et moyens revenus, en particulier, sont les plus touchées, car les coûts des blessures dues à une chaleur excessive sur le lieu de travail peuvent atteindre environ 1,5% du PIB national », souligne le rapport.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le changement climatique a créé un «cocktail» de risques sanitaires graves pour environ 2,4 milliards de travailleurs exposés à une chaleur excessive, comme cela avait déjà été souligné dans un précédent rapport de l’OIT.
Publié en avril de cette année, ledit rapport indiquait en outre que la chaleur excessive était à elle seule à l'origine de 22,85 millions d'accidents du travail et de la perte de 18.970 vies chaque année, rappelle l’OIT.
Alain Bouithy
Comment la mesure du stress thermique diffère-t-elle d'une simple mesure de la température ?
Le stress thermique désigne l'incapacité du corps humain à maintenir une température normale en raison de conditions telles que la température et l'humidité. Certains emplois ou activités exigent que des personnes soient soumises à ces conditions, ce qui peut entraîner des risques de maladies liées à la chaleur et éventuellement, entraîner la mort. Les maladies liées à la chaleur comprennent les crampes de chaleur, l'épuisement par la chaleur et les coups de chaleur.
Généralement, les mesures de température nécessitent un abri météo pour empêcher le rayonnement solaire direct de fausser les mesures. En revanche, le rayonnement solaire direct est nécessaire pour mesurer le stress thermique environnemental.
(Source : https://www.campbellsci.fr/faqs?v=1854 )
Une chaleur excessive pendant le travail crée des risques pour la santé au travail; elle restreint les capacités et les fonctions physiques du travailleur, sa capacité de travail et sa productivité. La productivité du travail ralentit déjà à des températures supérieures à 24-26 °C. A 33-34 °C, et pour une intensité de travail modérée, la performance du travailleur chute de 50 pour cent.
L’exposition à des niveaux de chaleur excessifs peut entraîner des coups de chaleur, parfois mortels. Si les travailleurs de tous les secteurs sont touchés, certaines professions sont particulièrement à risque parce qu’elles exigent plus d’efforts physiques et/ou s’exercent à l’extérieur. Ces emplois se trouvent généralement dans les secteurs de l’agriculture, des biens et services environnementaux (gestion des ressources naturelles), de la construction, de la collecte des déchets, des travaux de réparation urgents, des transports, du tourisme et des sports. Les travailleurs de l’industrie opérant à l’intérieur sont également exposés si les niveaux de température à l’intérieur des usines et des ateliers ne sont pas régulés correctement.
A des niveaux de chaleur élevés, il devient difficile d’accomplir des tâches administratives, même les plus élémentaires, et des tâches de bureau, à mesure que la fatigue mentale s’installe.
(Source : https://www.ilo.org/sites/default/files/wcmsp5/groups/public/@dgreports/@dcomm/@publ/documents/publication/wcms_737037.pdf)