Seulement, si le ralentissement de la consommation se poursuit, il y a fort à parier que l’hypothèse optimiste de croissance de 5% annoncée par le ministre de l’Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, ne profitera pas aux classes moyennes. La croissance pourrait même atteindre 5,7 % sous l’effet positif de la pluviométrie qui a donné lieu à une année céréalière exceptionnelle.
Le rôle des classes moyennes est fondamental dans cette croissance. Les prévisions tournent autour d’une hausse sensible de la demande de consommation intérieure, ce qui ne manquera pas d’améliorer le produit intérieur brut.
Toutefois, force est d’admettre que dans le contexte mondial d’aujourd’hui, la demande adressée au Maroc ne semble nullement prendre du relief.
A noter qu’avec l’envolée des prix de l’alimentaire et des consommations contraignantes (comme le logement, de l’eau et de l’électricité et autres équipements ménagers), le pouvoir d’achat est depuis la rentrée la préoccupation première.
On ose espérer que cette hausse inégalée des prix soit transitoire, mais elle n’a que trop duré d’autant plus que les spéculateurs ne craigent plus rien, surtout au niveau de l’immobilier.
Si au niveau international, les prix du pétrole ont cessé d’augmenter, donc si la tendance baissière se confirme, l’inflation devrait s’assagir. Curieusement, on a l’impression que les indicateurs de l’économie marocaine évoluent selon leur propre logique.
On a beau vanter les vertus des accords de libre-échange, mais les études même du ministère de l’Economie et des Finances démontrent que les entreprises marocaines peinent à tirer leur épingle de jeu.
Que se passera-t-il alors demain, si les prix s’emballent à nouveau, dans le sillage de la prévision d’une nouvelle vague de hausse des matières premières ? On n’en sait rien. Ce dont on peut être sûr, c’est que 2009 ne sera pas semblable à 2007. Le gouvernement, lui, donne l’impression de jouer les «Pères Noël», faisant croire que tout va pour le mieux…
Mais les classes moyennes, fortement accablées, ne peuvent continuer à le rester. L’heure de vérité approche et il faudra beaucoup de courage et suffisamment d’intelligence pour affronter les dures réalités économiques et sociales.
Car le vrai problème de l’économie marocaine réside dans la distribution inégale des richesses (il y a des régions entières qui vivent dans la pauvreté extrême) et dans le fait aussi que les revenus d’une grande majorité des marocains (les classes moyennes) augmentent insuffisamment par rapport au coût de la vie. La révision à la baisse de l’impôt sur le revenu (IR) demeure timide sinon trompeuse.
Le gouvernement, via son projet de loi de Finances 2009 et les nouvelles dispositions fiscales, préfère enrichir les riches. La baisse de l’IS (Impôt sur les sociétés) passe avant la baisse de l’IR (Impôt sur le revenu).
Les mesures fiscales préconisées ne constituent en fait qu’un transfert de richesse qui, aux yeux d’analystes aguerris, n’aura pas d’impact global sur la croissance et certainement aucun effet positif sur les classes moyennes.
La baisse des taux de l’IR, qui représente, en principe, une opportunité d’amélioration des salaires n’est qu’un mirage. Or pour joindre les deux bouts, nombreux sont les citoyens appartenant aux classes moyennes recourent massivement au crédit à la consommation pour payer les factures de la rentrée scolaire des enfants. Pour ce qui est des congés, nombreux sont ceux qui sont obligés de rester chez eux à défaut d’un produit touristique répondant au mieux à leur pouvoir d’achat.
Une chose est donc certaine: les classes sociales (hétérogènes d’ailleurs) voient leur panier se rétrécir comme une peau de chagrin sous l’effet des politiques publiques(Constat vérifiable à travers les secteurs de la Santé, l’Immobilier, l’Education et le marché de l’emploi).
Force, par conséquent, est de se demander jusqu’où s’arrêtera cette spirale infernale? Que compte faire le gouvernement pour arrêter la saignée du pouvoir d’achat et s’assurer la paix sociale ?
Devant l’ampleur de cette tendance qui écrase les classes moyennes, la situation est devenue franchement explosive. Les pouvoirs publics sont interpellés (la Direction des prix, le Conseil de la concurrence, la Direction des Impôts, et les ministères) pour contrôler, vérifier, réaménager et proposer des scénarios de sortie de cette situation dangereuse.