Les puissances derrière Al-Assad


Par Cherif Chebihi Hassani
Mercredi 16 Septembre 2015

Depuis le déclenchement de la révolution, presque toute la population a été exterminée. Certains journaux ont décrit cela comme un massacre de sunnites.
A leurs yeux, il s’agissait d’un exemple de génocide du régime syrien alaouite contre les sunnites. Est-ce vraiment le cas? Pendant longtemps, personne n’était en mesure de dire ce qui se passait réellement en Syrie. Le conflit entre sunnites et chiites était très répandu dans les pays musulmans. C’était un conflit interne et d’aucun intérêt particulier pour le monde occidental. Par ailleurs, une Syrie divisée intérieurement était dans l’intérêt de l’Occident. Diviser et gouverner n’était pas seulement une politique dirigée contre les pays suite à l’effondrement de l’empire ottoman. Les opportunistes d’aujourd’hui ont besoin des communautés divisées et affaiblies pour maintenir l’instabilité.  Donc personne n’a posé le doigt sur la Syrie. L’OTAN, l’ONU, et même l’International socialiste se sont contentés de condamnations verbales. Tout le monde condamne Bachar Al-Assad d’une seule voix.  Tenir un seul dictateur à blâmer était une excellente stratégie pour ceux qui savaient ce qui se passait réellement dans les coulisses.
Ainsi, ces forces occultes ne seraient pas lésées et pourraient continuer leurs affaires comme d’habitude, et c’est exactement ce qui s’est passé.  Bien sûr, il y a des pays qui ont soutenu Assad en l’occurence, la Russie, la Chine, le Venezuela, la Bolivie et la Corée du Nord. Qu’ont-ils en commun? Simple réponse : le communisme.  Le conflit en Syrie n’est pas essentiellement entre chiites et sunnites. Cela tire la laine sur les yeux des peuples. Il n’y a pas de division entre les chiites et sunnites quand le communisme existe- seulement entre les croyants et les athées. Il y a maintenant une insurrection contre le communisme dans le pays et le régime tente de réprimer cette insurrection par une politique de sauvagerie : violence, terreur, meurtre, enfants abattus, hommes, femmes rassemblés et brûlés vivants. Les troupes syriennes qui commettent ces atrocités les décrivent avec une fierté impassible. C’est presque une description classique du communisme. Hafez Al-Assad était un marxiste. Pendant tout son règne, il a commis des crimes impitoyables.
Ce qui se cachait derrière Staline, Mao et les meurtres de PotPol se cachait aussi derrière Hafez Al-Assad. Alors quel genre de parti était «Baath» représenté en Syrie? «Baath» veut dire «retour à la vie», mais son histoire est constituée de coups d’Etat, d’exécutions et de carnages. Le parti a été fondé par trois personnes de différentes confessions et ethnies : Michel Aflak, Salah Bitar et Zaki Arsuzi. L’élément commun qui unissait ces personnes était le communisme.  La raison pour laquelle Michel Aflak a fondé le parti Baath était d’amener le communisme au Moyen-Orient. Aflak était un membre influent du parti communiste français jusqu’à un conflit d’idées avec Staline.
Il a pensé que le moyen le plus efficace d’amener le communisme au pouvoir au Moyen-Orient, était de le construire sur une base nationaliste. Ceci a donné naissance au concept de panarabisme et les systèmes socialistes sont appliqués dans les pays arabes sous l’influence du « Baasiste ». Sous un concept de socialisme modéré s’étend un marxisme violent. En effet, Bitar l’un des fondateurs de ce parti, a déclaré: «Il était impossible de construire une révolution nationale socialiste sans principes marxistes dans la planification économique.  Une révolution nationale socialiste : «les révolutions» sont une partie indispensable du communisme et la première condition préalable pour la révolution communiste est l’inclusion des principes marxistes dans l’économie».
Quand l’économie est basée sur les principes marxistes, quand la rareté, la famine, les taxes et l’exploitation entrent dans l’équation, quand le peuple est appauvri et quand toutes ces choses surviennent sous une dictature qui cherche le carnage, la terreur et la violence, alors le communisme règne dans ce pays.  Les pays arabes peuvent ne pas avoir subi un modèle communiste chinois, mais ils ont néanmoins éprouvé entièrement la dictature, la sauvagerie, la terreur, la cruauté, l’exploitation du communisme.  
Certains continuent à l’éprouver.  Un pays marxiste exige un dictateur en scène et un Etat secret communiste derrière : la Syrie est à toute fin utile, un pays marxiste gouverné par un régime baassiste marxiste. Il y a un Etat communiste derrière la dictature et les pays communistes qui les soutiennent. En ces temps, il n’est pas du tout surprenant que la Bolivie communiste devrait dire : « Nos alliés les plus proches depuis la révolution sont Cuba, le Venezuela et la Syrie. Nous devons admettre la possibilité que Bachar Al-Assad est sous le commandement de l’Etat en question ».  L’affaire n’est pas avec un seul individu, mais avec un puissant système communiste. La principale préoccupation est la survie d’Al Assad. C’est très important pour le président Poutine. Ce dernier veut être rassuré qu’Al Assad ne sera pas assassiné comme Kadhafi en Libye, ou ne sera pas condamné à mort par les tribunaux syriens : un désir compréhensible. En effet, si Al Assad est au pouvoir sur les instructions de forces secrètes et si ses mains sont liées, alors bien sûr ces assurances doivent être données.  La situation de l’opposition est la deuxième cause du malaise. Le danger ici est le radicalisme.
Les différents groupes radicaux soutenant l’opposition sont considérés à juste titre comme une menace par la Russie, Israël et l’Occident. Pourtant, ces mêmes pouvoirs sont réticents à voir que le régime Al Assad est ouvertement soutenu par le Hezbollah, un mandataire iranien.  Il est important d’établir une force qui peut unir les pays de la région contre le radicalisme. C’est essentiel. Nous avons le devoir en tant que musulmans de le provoquer. La seule solution du radicalisme est l’éducation. Nous devons être forts pour être entendus par les radicaux. Une puissance se composant de la Turquie, l’Egypte et la Jordanie doit particulièrement émerger. Une union vigoureuse prenant des décisions en concert – mais aussi énonçant son opposition à la sauvagerie marxiste et à la mentalité radicale sera une garantie par la Russie. Cette dernière soutiendra inévitablement une telle union.  L’idée principale est de comprendre la vraie nature de la guerre civile en Syrie. La Syrie combat deux grands fléaux historiques : le marxisme et le radicalisme. Les deux sont des mentalités profondément ancrées et seule une toute nouvelle mentalité peut les neutraliser. Il est impossible de bannir ces idées sans éducation. Ce que les autres pays doivent faire, c’est de lier le problème à la mentalité et la solution réside dans l’éducation et le progrès technique et scientifique.


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