Les élections professionnelles consacrent l’élan de l’USFP

La bérézina du PJD serait-elle annonciatrice d’ un septembre noir pour le parti islamiste ?


Libé
Dimanche 8 Août 2021

Malgré les pratiques trop peu louables affectionnées par certains candidats voire par certaines formations, les élections professionnelles viennent de consacrer l’élan pris depuis quelque temps par l’USFP. Au-delà du nombre plus qu’honorable des sièges obtenus (146), il faut bien relever, entre autres, deux points essentiels qui donnent à ce score toute sa valeur. Dans leur quasi-totalité, les élus du Parti de la Rose sont des Ittihadis purs et durs, de longue date donc, voire de père en fils.
A cela, s’ajoute le fait que les sièges obtenus par le Parti des forces populaires l’ont particulièrement été dans les grandes villes.

Au terme de ces élections professionnelles, le RNI arrive en tête avec 638 sièges, soit 28% des 2.230 sièges, suivi du PAM (363 sièges) et du Parti de l’Istiqlal (360 sièges). En quatrième place, il y a le Mouvement Populaire avec 160 sièges, suivi de l’USFP (146 sièges), de l’UC (90 sièges) et du PPS (82 sièges). Le PJD, quant à lui, a nettement reculé au 8ème rang avec seulement 49 sièges, soit à peine 2,2% de l’ensemble des sièges en jeu lors de ces élections.
Quelle lecture peut-on faire de ce scrutin ? « Le résultat de ces élections professionnelles présente des aspects de continuité et des aspects révélateurs d'un changement », nous a indiqué  Hicham Berjaoui, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de Marrakech. Et d’expliquer : « En termes de continuité, on constate que les partis politiques, qui fidélisent  traditionnellement la majeure partie des entrepreneurs,  occupent les trois premières positions du classement. C'est le cas du RNI, du PAM et du PI. En ce qui concerne l'aspect de changement, qui peut être fugace ou déterminant en fonction du résultat des élections législatives et locales prochaines, il s'illustre dans le résultat morose du PJD, lequel  efface la percée que ce parti avait réalisée en 2015. Avec un score de 49 sièges, soit 147 sièges de moins par rapport au scrutin de 2015, l'hypothèse d'un vote-sanction se pose de manière considérable. Mais, il faut attendre le scrutin de septembre pour savoir si les chiffres des échéances professionnelles constituent un fait passager ou, au contraire, une mutation influente dans le béhaviorisme de l'électorat ». A noter que le RNI s’est positionné en tête des partis en course pour ces élections en misant sur 1.938 candidats, soit 15,6% du total des candidatures exprimées, devant le parti de l’Istiqlal qui a présenté 1.648 candidats, soit 13,3% du total, et le PAM avec 1.487 candidats (12% du total des candidatures).

Ces élections ont été marquées également par la participation de 882.736 électeurs et électrices, soit 47,24% du corps électoral professionnel, contre 43% en 2015, a déclaré vendredi Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur dans une déclaration à la presse, en présence du ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Noureddine Boutayeb. Le ministre a précisé que les élections des Chambres des pêches maritimes se sont distinguées au niveau du taux de participation avec 61,65% et révélé que l’opération de révision exceptionnelle des listes électorales professionnelles a donné lieu à un corps électoral professionnel de 1.866.790 électeurs et électrices, en hausse de 6,34% comparativement au scrutin de 2015.

Les résultats du scrutin du 6 août augurent-ils de ceux des prochaines échéances électorales? «En principe, le résultat des élections professionnelles n'est pas, ne serait-ce que mécaniquement, un signe avant-coureur de celui des élections législatives et locales. Les intérêts mis en jeu, le corps électoral et l'étendue de participation au pouvoir ne sont pas les mêmes. Les chambres professionnelles ont une mission fondamentalement consultative et sont considérées par les entrepreneurs comme un tremplin pour atteindre des responsabilités publiques plus importantes », nous a affirmé notre interlocuteur. Et de préciser : « C'est, donc, une logique de carrière qui les domine contrairement aux élections législatives et territoriales qui reflètent un enjeu névralgique de l'exercice et de la répartition du pouvoir politique. Cependant, il ne faut pas omettre que le corps électoral des échéances professionnelles, en l'occurrence les entrepreneurs, dispose d'une capacité de mobilisation qui peut influencer les élections législatives et territoriales ».

Lesdits résultats des chambres professionnelles avec la victoire des partis traditionnels traduisent la stabilité de la scène politique marocaine sachant que le nombre des candidats sans appartenance politique a été remarquable, avec 2.614 candidats indépendants qui ont remporté  214 sièges, ce qui représente plus de 12% du résultat total. «La victoire des partis politiques traditionnels peut être considérée comme un signe de stabilité de l'échiquier politique marocain», estime Hicham Berjaoui. Et de conclure : « Mais, il est loisible de noter que le résultat obtenu par le PJD peut, en cas de sa confirmation par le scrutin de septembre prochain, signifier que les électeurs marocains ont réellement changé de béhaviorisme et développé un éveil de masse faisant du temps électoral un examen fatidique pour les élites partisanes ».

Hassan Bentaleb

Il était une fois les élections professionnelles du 7 août 2015

 Le scrutin professionnel de 2015 a été marqué par l’élection de 2.179 candidats parmi les 11.682 briguant des sièges au sein des différentes chambres professionnelles du Royaume.
Ces élections se sont déroulées selon un mode de scrutin uninominal pour les chambres d'agriculture. Concernant les autres chambres, elles l’ont été selon un mode de scrutin par liste dans le cas de l'élection de deux membres ou plus au niveau d'une circonscription électorale donnée ou suivant un scrutin uninominal lorsqu'il est question d'élire un seul membre.

Les chambres concernées par ces élections, selon les régions, ont été  réparties en 12 chambres professionnelles touchant aux secteurs de l'agriculture, du commerce, de l'industrie, des services et de l'artisanat, en plus de 4 chambres de la pêche maritime.
Il ressort de la répartition selon les chambres que 622 sièges ont été réservés aux chambres de l'agriculture, 827 aux chambres de commerce, d'industrie et de services (CCIS), 558 aux chambres de l'artisanat et 127 aux chambres de la pêche maritime.

S'agissant de la répartition des candidatures sur les chambres, 2.156 candidats se sont présentés pour les chambres d'agriculture, soit un ratio de 3,5 candidats par siège, 5.275 dans les CCIS (plus de 6 candidatures pour un siège), 3.956 dans les chambres de l'artisanat (7 candidats par siège) et 295 dans les chambres de la pêche maritime (plus de 2 candidats pour chaque siège à pourvoir).

Concernant la répartition des sièges selon l'appartenance politique des candidats, le nombre des candidatures présentées par les candidats appartenant à des partis politiques a atteint un total de 9.570 candidats, soit un taux de 82%, contre 2.112 candidats sans appartenance politique. Ainsi le Parti de l'Istiqlal a présenté 1.551 candidats (13,28%), le Parti authenticité et modernité (1.492 candidats - 12,77%), le Parti de la justice et du développement (1.388 candidats - 11,88%), le Rassemblement national des indépendants (1.353 candidats - 11,58%), l'Union socialiste des forces populaires (960 candidats - 8,22%), le Mouvement populaire (898 candidats - 7,69%), le parti du progrès et du socialisme (640 candidats - 5,48%), l'Union constitutionnelle (612 candidats - 5,42%). Les autres 21 formations politiques ont présenté entre un seul et 151 candidats.

Ces élections ont eu une importance particulière car intervenant en prélude à l'élection des représentants des chambres professionnelles à la Chambre des conseillers composée, selon la Constitution, de 120 membres, dont 20 représentant les chambres professionnelles, 8 la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), 20 les syndicats et les représentants des salariés et 72 les membres des municipalités et conseils ruraux.

De par le rôle représentatif, consultatif et administratif des chambres professionnelles ainsi que leurs missions organisationnelles et d'encadrement, les instances professionnelles ont incité les professionnels à s'inscrire aux listes électorales et à participer en masse à ces rendez-vous électoraux, afin de contribuer à l'amélioration de la performance des différentes chambres et à la promotion de leur vocation représentative.

Ces mêmes instances ont également mis en avant l'importance de ces échéances et leur rôle décisif pour hisser les chambres professionnelles à la place qui leur échoit parmi les institutions économiques publiques du Royaume.

Sur un autre registre, les partis politiques misent sur ces élections, eu égard à leur rôle dans le quotidien du citoyen et leur place dans la composition de la chambre des conseillers. Ils y voient également un véritable indicateur pour mesurer leur popularité et leur influence, quatre années après les mutations qu'a connues le Maroc.

Une avancée notable des femmes

Le nombre des candidats femmes, élues lors des élections des chambres professionnelles, a atteint 171 candidates, soit un taux de 7,67%, a souligné le ministre de l’Intérieur. Une représentativité meilleure pour les femmes qui n’est pas due au hasard. En effet, plusieurs dispositions ont été adoptées dans ce sens. C’est le cas notamment pour le projet de loi n°11-21 complétant et modifiant la loi n°9-97 relative au code électoral et à l’organisation de la révision exceptionnelle des listes électorales des chambres professionnelles.

Adopté dernièrement par la Chambre des représentants à l’unanimité en séance plénière, le projet comprenait un amendement important lié à la garantie de la représentativité des femmes dans les chambres professionnelles, en adoptant un mécanisme législatif pour y parvenir. C’est ce qu’a été affirmé par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.

Concrètement, le projet avait proposé, pour les chambres d’agriculture, de réserver des sièges exclusivement aux femmes, dont le nombre est limité à deux sièges pour les chambres où le nombre des  membres ne dépasse pas les 30, avec une augmentation d’un siège pour 10 membres concernant les chambres dépassant 30 membres, sans exclure leur droit de se présenter aux autres sièges. En ce qui concerne les chambres de commerce, d’industrie et de services, les chambres de l’artisanat et les chambres de pêche maritime, le projet de loi, poursuit le ministre, avait préconisé que toute liste de candidature soumise ne peut comporter trois noms consécutifs de candidats du même sexe, en tenant compte des cas d’absence des candidats des deux sexes, où les listes de candidature peuvent être soumises sans être liées à la condition précitée, afin de ne pas avoir des sièges ou des circonscriptions électorales professionnelles vacants.

Ledit projet a prévu également de procéder à une révision exceptionnelle des listes électorales des chambres précitées et de déterminer les délais suffisants pour organiser ce processus dans ses différentes étapes, avec renvoi dans celui-ci à un décret fixant les dates et délais associés à ce processus.

M. Laftit a souligné que les deux projets de loi ont été élaborés en concertation avec les instances politiques et suite à un dialogue fructueux et un débat constructif, qui ont permis d’atteindre un compromis entre tous les acteurs politiques sur les mesures proposées, ajoutant que les deux projets de loi fixent les mesures juridiques nécessaires pour préparer les prochains scrutins, notamment les élections législatives, des membres des conseils territoriaux et des membres des chambres professionnelles.

Il a souligné que les deux lois sont principalement de nature procédurale et pratique, et qu’elles ne sont pas susceptibles d’introduire des changements fondamentaux dans le système électoral, représentatif ou local, soulignant que le but est principalement de permettre d’avoir les textes d’application nécessaires pour lancer le processus de révision des listes électorales générales et professionnelles dans les meilleures conditions, afin que le corps électoral national et professionnel soit prêt dès que possible, ce qui permettra de définir le calendrier et le moment appropriés pour fixer les dates des différents processus électoraux et de les mener dans les meilleures conditions.


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