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Abdellah Rami: Alger craint que les compétitions sportives«La décision de rétablir le visa entre Rabat et Alger n'a rien de surprenant. Elle était même attendue. En effet, cette idée d'instaurer un visa a été largement débattue sur les réseaux sociaux il y a près de trois ans. Ce débat a été alimenté par des journalistes proches des cercles du pouvoir algérien, ainsi que par certains activistes marocains ». C’est ainsi qu’Abdellah Rami, chercheur au Centre marocain des sciences sociales, Université Hassan II (Casablanca), a commenté la dernière décision algérienne.
bientôt organisées au Maroc n'offrent l'opportunité de
constater de près les progrès réalisés par le Royaume
Faillite
Selon lui, les réseaux sociaux sont devenus un terrain de confrontation entre Rabat et Alger et jouent désormais un rôle crucial dans la gestion des tensions entre les deux pays. Pour l'Algérie, ils représentent un outil clé de gestion du conflit avec le Maroc, se substituant de plus en plus aux médias officiels pour la diffusion de propagande, de renseignements et d'informations. « Aujourd'hui, les réseaux sociaux en Algérie sont le théâtre d'appels explicites à la mobilisation contre les Marocains vivant sur le territoire algérien, souvent accusés injustement d'espionnage au profit d'Israël. Ces appels sont relayés par des journalistes proches des sphères politiques et sécuritaires, qui attisent l'opinion publique en alimentant cette narrative de méfiance à l'égard des Marocains ».
Pour notre interlocuteur, cette volonté de durcissement des conditions de séjour pour les Marocains intervient peu après la réélection du président Abdelmadjid Tebboune et le remaniement à la tête des services de renseignement algériens et dévoile clairement l’incapacité et l’échec des offensives du régime algérien envers le Maroc (coupure de gaz, interdiction de l’espace aérien pour les avions marocains, expulsion des Marocains de certains douars frontaliers, arrestation de Marocains accusés d’espionnage…). « Cet acte démontre la faillite de ce régime et la confusion dans laquelle il s’est perdu. En d’autres termes, il s’agit de la dance du coq égorgé », nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Il semble également que ladite décision est un signal clair envoyé au Maroc, dans un contexte où ce dernier se prépare à accueillir deux événements sportifs majeurs : la Coupe d'Afrique des nations (CAN) en 2025 et la Coupe du monde en 2030. Alger craint que ces compétitions n'offrent aux Algériens, venus soutenir leur équipe, l'opportunité de constater de près les progrès réalisés par le Maroc en matière d'infrastructures et d'amélioration du pouvoir d'achat, renforçant ainsi un sentiment d'inquiétude latent ».
Doute
Concernant le sort des Marocains installés en Algérie, notre source nous a indiqué qu’en termes de chiffres, ce pays compte aujourd'hui entre 500.000 et un million de Marocains résidant sur son territoire selon des estimations non officielles, et environ 250.000 selon des statistiques officielles. « Beaucoup d'entre eux vivent et travaillent en Algérie sans visa, et leur avenir reste incertain. Seront-ils régularisés ou expulsés? Seront-ils contraints de quitter le pays dans un contexte de durcissement des relations diplomatiques? Personne ne le sait», s’est-il interrogé tout en écartant tout scénario d’expulsion massive. « Toutefois, il est peu probable que l'on assiste à une expulsion massive similaire à celle de 1975, lorsque des milliers de Marocains avaient été expulsés d'Algérie dans un contexte politique très différent. Aujourd'hui, le climat géopolitique n'est plus le même, mais il est probable que les autorités algériennes exercent une pression accrue sur les Marocains résidant sur leur territoire, avec éventuellement des expulsions ciblées de quelques dizaines d'individus, sans pour autant atteindre l'ampleur d'une opération de grande envergure ».
Fermeture
A rappeler que depuis 2005, les citoyens marocains et algériens ont pu voyager entre leurs pays respectifs sans visa. Cette exemption de visa a été le fruit d’un accord conclu entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, à un moment où les deux dirigeants cherchaient à apaiser les relations bilatérales. Cette décision a mis fin à une obligation de visa imposée en 1994 à la suite d'une grave crise diplomatique entre les deux États, déclenchée par l’attentat contre l’hôtel Atlas Asni à Marrakech, que le Maroc avait attribué à des éléments liés aux services de renseignement algériens. En réponse, le Maroc avait alors instauré un visa pour les Algériens, et l’Algérie avait répliqué en fermant ses frontières terrestres avec son voisin de l’Ouest.
Cependant, malgré cet accord de libre circulation aérienne sans visa, les frontières terrestres entre les deux pays sont restées fermées depuis 1994. Ce maintien de la fermeture constitue l’un des symboles les plus forts de la division persistante entre les deux pays, malgré les liens historiques, culturels et sociaux étroits qui unissent leurs populations. La fermeture des frontières a eu de lourdes conséquences, tant sur le plan économique que sur les relations humaines, entravant non seulement les échanges commerciaux et culturels mais aussi les déplacements familiaux entre les habitants des deux côtés de la frontière.
Aujourd’hui, malgré les efforts de médiation internationale et les tentatives d’amélioration des relations bilatérales formulées lors des précédents discours de Sa Majesté le Roi, la fermeture des frontières terrestres reste un obstacle majeur à la coopération régionale. Les perspectives de réouverture semblent compromises par les récentes crises et les tensions croissantes, accentuées par la compétition géopolitique et économique entre les deux pays.
Hassan Bentaleb