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Dans le cadre du débat consacré à la Constitution et les Marocains du monde, il faut souligner qu’une grande partie de la communauté marocaine vivant en Belgique est issue des régions amazighophones. On ne peut donc qu’apprécier la reconnaissance de la langue amazighe reconnue d'abord comme telle alors que très longtemps on la qualifiait de dialecte.
Un point positif à relever également, c’est la prise en compte de la citoyenneté au niveau féminin puisqu’on cite « les citoyennes et les citoyens ».
Sur la question de l’article 30 relatif au droit des étrangers, j’ai exprimé ma prudence quant à ce droit en évoquant les difficultés de sa mise en œuvre à l’étranger, des méthodes de communication appropriées durant les campagnes… Pour ma part, je rappelle que j’ai été une fervente militante en faveur du droit de vote pour les étrangers, dans leur pays d’accueil. Ce droit est acquis au niveau communal en Belgique depuis la loi qui est entrée en vigueur le 3 mai 2004 et qui donne le droit de vote aux élections municipales aux étrangers qui résident en Belgique de façon continue pendant 5 ans. Je plaide donc pour une citoyenneté du sol, « je vote là où je vis ». Par ailleurs, la double nationalité permet de toute façon à tout Marocain vivant à l’étranger de pouvoir voter dans son pays d’origine.
Sur la question de l’éligibilité, je suis nettement plus tranchée, dans la mesure où les pays d’accueil et je parle plus particulièrement de mon pays, la Belgique, ont opté pour l'intégration par la participation politique. En Belgique, on compte des ministres d’origine étrangère, des député/es, des sénateurs/trices, des adjoint/es aux maires, des conseiller/ères communaux/ales membres d’intercommunales… En matière d'éligibilité, la question principale qui se pose pour moi est celle des incompatibilités qui, à mon sens, coulent de source, dans les débats relatifs à la citoyenneté «ici et là-bas» et je m’interroge donc sur la question de la double allégeance.
Peut-on concevoir que des mandataires politiques siégeant dans deux institutions étatiques différentes sans porter un coup à tout le travail de promotion de la participation politique mené et obtenu (en Belgique du moins) par nombre d’acteurs associatifs et politiques ? Les détracteurs et les opposants à cette participation politique peuvent instrumentaliser ce principe d'éligibilité et par là même anéantir la confiance et la crédibilité envers ces mandataires politiques qui n’auraient pas assumé le choix des institutions qu’ils représentent. Par ailleurs, un/e élu/e est le représentant de son parti et en tout cas, sans contestation aucune, celui de ses élus.
Pour les Marocain/es sans mandat politique dans leur pays d’origine, mes interrogations demeurent aussi sur leur efficacité dans l’exercice de leur fonction. Comment mèneront-ils leurs campagnes électorales ? Quels seront leurs espaces de communication avec leurs électeur/trices ?
Il s’agit donc de réfléchir de manière sereine tant sur la forme que sur le fond…
Enfin, rappelons que la participation citoyenne ne passe pas uniquement par le vote et l’éligibilité. Pour les Marocains vivant à l’étranger, les passerelles à emprunter pour renforcer leurs relations avec leur pays d’origine sont variées et nombreuses. Elles s’expriment déjà dans de nombreux domaines (culture, coopération, économie, investissement, mouvement associatif…) et il faut les renforcer.
En guise de conclusion, j’émets le souhait de voir les dispositions constitutionnelles se doter d’instruments légaux qui les rendront opérationnelles et exprime le regret de ne voir qu’une femme au sein du gouvernement actuel.
A l’heure de l’ouverture de nombreux chantiers, il est dommage d’avoir exclu du champ décisionnel une grande partie de la population marocaine, à savoir sa frange féminine.
* Sénatrice belge et Echevine à Evere