-
Un homme suspecté d'avoir volé l'équivalent de 210 millions d'euros de cryptomonnaies incarcéré à Paris
-
L'aspartame dans le collimateur de Foodwatch et de la Ligue contre le cancer
-
Le patron d'OpenAI noue un partenariat avec le géant sud-coréen Kakao après le séisme DeepSeek
-
Plus d'un cancer du poumon des non-fumeurs sur deux serait lié à la pollution
-
Le bitcoin plonge de 6%, l'ether dévisse de 26%, plombés par la guerre commerciale
![Le tatouage à la reconquête des archipels du Pacifique sud Le tatouage à la reconquête des archipels du Pacifique sud](https://www.libe.ma/photo/art/default/4751142-7102046.jpg?v=1348481594)
Cet art pratiqué sur le corps était courant dans les îles du Pacifique sud, tels que les Cook, le Tonga, Tahiti ou les Samoa, avant l’arrivée des missionnaires occidentaux au 19e siècle. Le terme tatouage vient d’ailleurs du tahitien “tatau”, qui signifie marquer ou dessiner.
Réalisés à l’aide d’un ciseau en os ou coquillage, les tatouages étaient un rite de passage pour les hommes de Polynésie, et les gravures datant des premiers contacts entre populations des îles et Européens montrent des guerriers au corps presqu’entièrement recouverts de ces dessins.
“Si vous étiez dans un waka (un bateau) ou un canoë et que vous croisiez une autre embarcation, vous pouviez dire d’où ces gars venaient, en regardant leurs tatouages”, explique Luther Berg, qui possède un studio de tatouages dans la capitale des Cook, Avarua.
“Vous pouviez savoir s’ils venaient des Tonga ou d’ailleurs. Et plus précisément l’île exacte où ils habitaient, et même la famille à laquelle ils appartenaient”, raconte-t-il à l’AFP.
Mais les missionnaires ont pris au pied de la lettre les textes de la Bible qui interdisent de marquer le corps et ont interdit formellement le tatouage, indique Thérèse Mangos, auteur du livre “Les motifs du passé”, sur le tatouage aux îles Cook.
Dans ces îles, quiconque se prêtant au tatouage était puni d’une amende ou de travaux forcés selon un règlement décidé par l’Eglise.
“C’était vu comme quelque chose de honteux et de contraire à la religion chrétienne”, déclare l’historienne. “Les archives montrent que les dessins étaient parfois effacés de la peau à l’aide d’un racloir en corail”.
Ces îles, à l’exception des Samoa et de la Nouvelle-Zélande, ont ainsi plongé dans une amnésie culturelle pendant des décennies, avec la quasi-disparition des tatouages traditionnels.
Des motifs autrefois vénérés ont été perdus à jamais et la technique traditionnelle d’appliquer l’encre avec un ciseau en os et une sorte de spatule en bois s’est éteinte.
Mais dans les années 90, des habitants des îles Cook ont voulu renouer avec leur héritage culturel, dont les tatouages.
Beaucoup de motifs ont disparu mais d’autres ont été conservés via des gravures ou des dessins sur des textiles, souligne Croc Coulter, un des tatoueurs de l’archipel qui pratique cet art à l’ancienne.
Les tatouages sont un langage en Polynésie et les tatoueurs doivent suivre un long apprentissage avant de pouvoir exercer, dit-il.
La mode des tatouages polynésiens chez les Occidentaux le laisse dubitatif: ces motifs reproduits à partir d’Internet, à l’autre bout du monde, sont purement esthétiques pour les Occidentaux qui n’ont aucune idée de leur signification culturelle, selon lui.
“Lorsqu’une personne vous confie sa peau, c’est une relation, inhabituelle, de confiance”, déclare-t-il. “Ça doit refléter la tradition de leur lignage, ou de leur île. C’est beaucoup de responsabilités”. Le tatouage comme rite de passage a toujours été pratiqué aux Samoa et chez les Maoris de Nouvelle-Zélande.