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Simple effet de mode importé du nord de l'Europe ou véritable intention d'être plus performant ? La question reste en suspens, mais la prolifération dans la population sportive de ces petits sachets de poudre qui, placés directement sur la gencive, libèrent rapidement une forte dose de nicotine dans le sang, éveille depuis quelques temps les soupçons.
Plusieurs études ont incité l'AMA à se pencher sur ce phénomène pour évaluer si la nicotine absorbée sans fumer mérite à l'avenir d'être rajoutée, comme stimulant, sur la liste des produits interdits en compétition.
"L'objectif n'est pas de cibler les fumeurs, mais de surveiller les effets de la nicotine sur la performance lorsqu'elle est prise sous forme de produits du tabac comme le snus", insiste bien l'Agence.
Elle suit ainsi les recommandations du Laboratoire antidopage de Lausanne, qui dans une étude publiée en mai, avertissait que la "possibilité que du tabac sans fumer soit consommé à des fins d'amélioration des performances est une hypothèse très préoccupante".
En se basant sur l'analyse de quelque 2200 échantillons d'urine d'athlètes représentant 43 sports, les chercheurs suisses ont montré que si la proportion de consommateurs de tabac chez ces sportifs (15%) était inférieure à celui de la population générale (25%), un examen plus détaillé par sport "apportait des preuves alarmantes d'une consommation comparable ou supérieure".
"En effet, la prévalence en hockey sur glace, ski, biathlon, bobsleigh, patinage, football, basketball, volleyball, rugby, football américain, lutte et gymnastique se rangeait dans une échelle allant de 19% à 55,6%", soulignent-ils.
Une précédente étude des mêmes chercheurs à partir des contrôles antidopage urinaires lors des Championnats du monde de hockey sur glace en 2009 pointait déjà que la moitié de ces joueurs pouvaient être considérés comme des consommateurs de tabac.
"Au niveau pharmacologique, on sait bien que la nicotine a un effet stimulant extrêmement fort, allié à un effet relaxant. Dans un sport multisprint comme le hockey, l'effet pharmacologique, avec ce petit coup de boost, peut être très intéressant", explique Martial Saugy, directeur du Laboratoire de Lausanne. D'autant plus que le snus, contrairement à la cigarette, n'a pas d'effet négatif sur le système respiratoire.
Pour les chercheurs, l'étape suivante est d'en apporter les preuves.
"Pour l'instant, nous avons fait la différence surtout au niveau quantitatif, et maintenant, nous cherchons des indications, par des rapports de métabolites, pour dire qu'il s'agit plutôt d'une absorption de la substance pure que du tabac fumé", ajoute le scientifique. Sans lien avec la démarche de l'AMA, la Fédération française de ski (FFS) a lancé cette saison une campagne de prévention dans une optique purement médicale, inquiète de voir la consommation de snus augmenter notamment chez les jeunes adolescents. "Le snus étant consommé essentiellement en Scandinavie, pays de ski, il y a eu un phénomène progressif de mélange de culture, les autres voulant en quelque sorte imiter les Scandinaves", raconte Nicolas Doulmy, directeur du département sportif et scientifique de la FFS. "La pratique est relativement développée sur le circuit mondial. Il suffit de regarder les départs de course".
L'idée de la campagne, selon lui, n'est "pas de stigmatiser les athlètes" mais d'éclairer sur les risques d'addiction et d'irritation buccale, voire de cancer de la langue, que peut entraîner la consommation de cette poudre de tabac.