Le monde va-t-il à l’anarchie ?


Par Brahim Mouradi
Samedi 3 Février 2018

Qu’est-ce que la notion d’Etat? Pourquoi l’Etat? Pourquoi la nation?  Pourquoi la notion du pays? Autant de questions qui taraudent tout chercheur désireux d’en élucider les tenants et aboutissants.

Au début, ni l’Etat, ni le pays, ni la nation n’existaient. Il n’y avait qu’une sorte d’anarchie où tout le monde appartient au monde entier. Les continents n’existaient pas. Il n’y avait que la notion de l’Homme mais un homme sauvage, un homme qui vivait en pleine nature et qui garantissait et assurait sa vie en s’appuyant sur sa force physique surtout.
Aujourd’hui, l’homme est assujetti par la loi, par les règles, et plus particulièrement dans des groupes humains s’appelant ‘’nations, Etats, pays…’’. Les philosophes des Lumières veulent domestiquer l’Homme par la création des lois et plus tard des Constitutions qui, affirme Montesquieu, peuvent rendre l’homme plus civilisé et, du coup, plus humain.
Un peu après, nous avons découvert la notion de l’Etat en tant que vocable digne de respect et de force. L’Etat veut dire une indépendance totale d’un peuple vivant dans un territoire et dirigé par un gouvernement. Ce dernier tire sa légitimité du peuple, la légitimité de gouvernance. Mais si on pose les questions : Pourquoi l’Etat ? Comment la réponse sera-t-elle traitée ?
Nous avons besoin de l’Etat, c’est sûr. L’Etat garantit la paix, la prospérité, le confort, la liberté et l’indépendance de son peuple. Mais, par contre, l’Etat peut devenir un enfer lorsqu’il maltraite son peuple, lorsqu’il  considère ses citoyens comme des animaux assiégés par des frontières sinon des proies en butte à tout instant à être dévorées.  Le peuple est enfermé dans son pays, il est protégé contre les menaces extérieures mais parfois, sinon souvent, menacé de l’intérieur. L’Etat, comme notion, se scinde en deux catégories : un Etat développé, civilisé, conscient de l’importance de son peuple et un Etat sauvage, non civilisé, arriéré, qui veut sucer le sang de son peuple. La civilisation ne se rattache pas seulement au peuple, mais aussi à l’Etat, pour dire un Etat civilisé et un autre sauvage. Et souvent, le peuple civilisé est gouverné par un Etat civilisé et réciproquement.
Mais, à notre temps, est-ce que l’homme a la nostalgie de son anarchie antérieure ? Il s’avère que oui. Les peuples, partout dans le monde, n’acceptent plus la gouvernance. Dans tous les pays, sans exception, l’homme veut se libérer des jougs de l’Etat. L’Orient est secoué par de grandes révolutions  (Syrie, Iran, Irak, Yémen, Egypte …). La Corée est divisée en deux Etats : Corée du Nord et Corée du Sud ; le Soudan à son tour a subi  le même sort.  En Amérique, le peuple n’accepte plus le système politique en vigueur, les citoyens parfois s’opposent en se disputant la légitimité d’appartenance surtout les Noirs et les Blancs. L’Europe aussi connaît des demandes incessantes d’indépendance, en Espagne en l’occurrence.  Nous le disons en substance : le monde entier vit sous la menace d’effervescences sans pareilles.
Il me semble que l’Homme, comme substance et essence, veut vivre son anarchie première, l’anarchie de l’homme que l’on appelle : sauvage. L’Etat, avec ses règles et contraintes, ne peut plus assujettir et emprisonner l’homme. La liberté se perd mais l’anarchie fait perdre aussi à l’homme sa liberté par l’affrontement des forces physiques surtout. La guerre du tout contre tout existe encore. Soit en système étatique, soit en système anarchique, l’homme reste toujours une victime de l’homme. La valeur de l’homme ne prend jamais sa forme complète soit par ou sans règles.
La situation du monde aujourd’hui fait que l’homme est rebelle de nature. Les frontières doivent s’effondrer sous la pression et l’oppression du citoyen. L’homme veut être protégé non par les règles et les lois de son pays mais par sa propre conscience et sa propre volonté. Je pense, enfin, qu’un jour, on assistera à un monde sans Etat, sans frontières, sans notion de pays, et par conséquent, sans paix ni sécurité.    


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