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Rama n’arrive toujours pas à digérer sa défaite de juin dernier. Son Parti socialiste n’a obtenu qu’un siège de moins que le Parti démocratique du premier ministre sortant, Berisha. Et celui-ci n’est parvenu à constituer une majorité que grâce au soutien de quatre députés du Mouvement socialiste de l’intégration d’Ilir Meta, un ancien partenaire de Rama, qui se dit toujours de gauche mais s’est rallié, comme ministre des Affaires étrangères, au pouvoir de droite. «Rama a voulu battre et Berisha et Meta : il a échoué», constate un diplomate européen en poste à Tirana.
Aujourd’hui, le maire de Tirana adopte une ligne politique curieuse. «Je ne conteste pas le résultat des élections, dit-il dans un français parfait, mais je veux que l’on recompte des bulletins, car il y a toujours eu des problèmes de corruption électorale en Albanie.» Tout en se déclarant «ouvert à une coopération avec l’opposition», Berisha s’oppose à la réouverture des urnes. Il nie avec d’autant plus de force avoir triché que l’OSCE et les observateurs européens ont validé les législatives de juin.
De passage à Tirana, jeudi et vendredi derniers - la première visite officielle d’un ministre français depuis plus de dix ans -, Pierre Lellouche, en charge des Affaires européennes, a appelé au «dialogue» et au retour «aux principes de base de la démocratie». Plaidant pour la fin du «boycott le plus vite possible», il a souligné avec force que l’Union européenne ne pourrait accueillir en son sein que des «systèmes dé mocratiques qui fonctionnent» et qui «ne sont pas pris en otage par les calculs politiques de tel ou tel».
Carl Bildt, ministre suédois des Affaires étrangères, dont le pays préside l’Union européenne jusqu’à la fin de l’année, avait précédemment affirmé son «espoir que les hommes politiques albanais trouvent un accord s’ils veulent bien diriger leur pays vers l’Union européenne». L’avertissement a eu peu d’effet, et Pierre Lellouche a cru bon d’enfoncer le clou.