Le bégaiement, un mal-être au quotidien

Plus la prise en charge se fait tôt mieux c’est


Sara Ifraden (stagiaire)
Vendredi 8 Novembre 2013

Le bégaiement, un mal-être au quotidien
Répétitions et prolongations involontaires de sons, syllabes, mots ou phrases, pauses silencieuses involontaires, c’est le bégaiement. Que de fois n’a-t-on pas assisté, gênés, au calvaire d’une personne qui face à un auditoire a tout le mal du monde à s’exprimer. Entre clignements des yeux, bafouillage et mouvements involontaires, son discours en devient incompréhensible. L’Association parole bégaiement parle de handicap.  «Le bégaiement peut mettre plus ou moins gravement une personne en situation de handicap. Ce trouble de la communication, affectant la faculté essentiellement humaine qu’est la parole, est une entrave aux choix de vie pour le sujet qui en souffre. La souffrance, provoquée par ce handicap, n’est pas proportionnelle aux difficultés de la parole elle-même. Le vécu des personnes qui bégaient et leur ressenti, en situation de communication, aggravent cette souffrance ».
Aussi commun que mystérieux, le bégaiement est un handicap qui se rappelle sans cesse à ceux qui en souffrent. Il apparait généralement entre 2 et 6 ans, c’est-à-dire au moment de l’acquisition de la parole et du langage et concerne environ 5% des enfants. La plupart n’en souffriront plus à l’âge adulte, car ces troubles, on parle de diffluences, peuvent être liés à l’apprentissage de la parole et donc s’avérer transitoires. C’est un peu comme l’enfant qui apprend à marcher, et qui pendant quelques mois va régulièrement trébucher et tomber. Mais à partir de quel moment faut-il s’inquiéter ? Comme le souligne Bennani Hanane, orthophoniste à Casablanca. «Quand on remarque que son enfant bégaie, il faut attendre 3 mois avant de consulter un orthophoniste si la situation continue à persister ». Mais encore faut-il qu’il y ait un professionnel à proximité. Comme pour bon nombre de métiers, les orthophonistes exercent surtout dans les grandes villes, du coup face aux frais de déplacements occasionnés par les diverses séances, des parents sont acculés à interrompre le traitement, comme nous l’a assuré ce père de famille.
Tel une malédiction pour les personnes qui en souffrent, le bégaiement sévère demeure, il est vrai, un trouble assez rare chez le petit enfant. Or, lorsque c’est le cas pour un adulte, il est profondément handicapant et constitue une  source d’une très grande souffrance psychique et physique, comme nous le confie Anass, 24 ans: «Le bégaiement constitue un vrai obstacle dans ma vie professionnelle et personnelle. Je manque énormément de confiance en moi préférant me cantonner dans une discrétion excessive». Et d’ajouter: «Le regard des autres pèse lourdement sur moi,  particulièrement le sexe opposé. Jusqu’à présent, je n’ai pas encore osé aborder une fille, d’où un réel problème sentimental». Le hic c’est que selon H. Bennani, ils seraient trois fois plus de garçons que de filles à souffrir de bégaiement.
Les spécialistes recommandent donc d’intervenir de manière précoce. Car si la famille réagit à temps, l’enfant ne va pas s’enfermer dans le tabou et dans une lutte permanente avec son corps pour ne pas bégayer ainsi,  on lui évitera d’adopter ce que l’on appelle “les attitudes réactionnelles handicapantes et nocives” qui peuvent conduire à un bégaiement bien au-delà de l’enfance. Bien évidemment, chaque enfant qui bégaie est un cas particulier et se comporte différemment, la fréquence et la sévérité du bégaiement diffèrent d’un enfant à un autre. Mais, malheureusement et au Maroc spécifiquement, les parents interviennent assez tard. Ignorance, indifférence, manque de moyens et de sensibilisations, ils mettent plus de pressions sur les épaules du souffrant, aggravant davantage son calvaire.


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